Faby Perier – album La renverse 2018 (©Izabela Sawicka)
7 septembre 2018, sortie du nouvel album de Faby Périer
La renverse
Avec
Vincent- Marie Bouvot (réalisation, arrangements, claviers, basse & programmations) Thomas Cogny (arrangements, guitares, basse, claviers & programmations) Maxence Mattioli (batterie)
« Pour les marins, la renverse est le moment entre deux marées. Il y a les renverses hautes. Il y a les renverses basses. Une alternance continuelle comme celle qui rythme ma vie depuis toujours.
La Renverse, c’est aussi le début d’une histoire. Celle qui commence aujourd’hui. Pour moi. Pour elles.
Pour eux. Pour vous, peut-être. »
La photographie de la pochette est d’une force et d’une beauté renversante ! Ce noir et blanc, cette femme nue, superbe, sortant des eaux, ces vagues et ce ciel qui la nimbent de force et de lumière, malgré l’absence de cheveux qui dénonce le drame et la menace. Il fallait nécessairement que les chansons qu’elle renferme fussent à la hauteur de cette première émotion.
Le pari était d’autant plus osé que Faby Perier n’est pas tout à fait une chanteuse comme les autres. En se battant pour la publication de ce nouvel album elle pensait faire acte ultime. Elle pensait déposer en quelque sorte un testament. C’est sans doute pour cette raison que c’est un album si peaufiné, choyé jusque dans les plus petits détails : livret avec ses pages élégantes, couleur ivoire, ses textes que l’on relit comme autant de poèmes, le CD lui-même où sont imprimés les noms des artisans de chaque titre… On y trouve tout ce que peut rechercher un auditeur exigeant.
Testament ? Allons donc ! C’était sans compter avec son amour de la vie et son courage exemplaire. Cet album est celui d’une femme en lutte, certes. Pour elle bien sûr, mais aussi pour toutes les autres, atteintes du même mal.
Mais c’est aussi et surtout l’album d’une grande chanteuse. La voix y est d’une jeunesse incroyable. Les arrangements l’habillent d’une énergie singulière, celle d’une musique pop-rock sur laquelle on danse, balance… Une musique familière dès les premières secondes d’écoute. Cet impact immédiat, c’est la signature des plus grands.
La Chanson est un art qui réclame cette immédiateté. On ne le dira jamais assez.
Pour tout cela on voudrait déjà pouvoir remercier Faby Perier.
Mais on ajoutera le bonheur pris à l’écoute de textes profondément humains, souvent bouleversants d’authenticité. Car la vie de Faby a tout d’un roman à susciter la compassion. Elle ne prend pas la pause quand elle écrit. Il lui suffit de puiser à pleins seaux à la source de toutes ses émotions, de toutes ses souffrances. Petite fille abandonnée puis adoptée sans amour, adolescence où ses rêves de musicienne se brisent avec ce violoncelle qu’on lui fracasse, son refuge dans les livres, avant que ne vienne la délivrance : la découverte de la chanson !
Avec ce bagage, avec ce combat depuis dix ans contre le cancer – dont elle a fait une chanson étendard, Ce matin –là, qui lui vaut des milliers de témoignages – les mots qu’elle chante prennent une force singulière. On notera que contrairement à beaucoup de jeunes auteurs d’aujourd’hui, Faby Perier n’écrit pas refermée sur elle-même, sur son ego.
Elle est constamment en lien avec d’autres, avec cette grand-mère, la seule qui l’ait aimée enfant, à laquelle elle rend hommage dans Mademoiselle « Tes petits pas de deux se faisaient si pressés /Juste pour y porter ta main à mes cheveux bouclés /De p’tite fille rassurée /En découvrant tes yeux »… En lien avec L’Européen, forte chanson sur le sort de l’émigré « Il ne connaît qu’une seule terre /Le vague à l’âme et la misère. » En lien avec celui ou celle victime des tabous, « Les mots qui frappent ». En lien, bien sûr, avec le Chien perdu sans collier, avec Les sans voix qui ne parlent pas mais agissent… Faby Perier reste ouverte aux mots, aux musiques de ceux qui passent à portée de sa vie : « Je ne te connais pas /Et pourtant tu es là /Nos deux vies se rencontrent /Nos histoires se racontent »… Elle croit de toute son âme à ces échanges, à ces liens qui se tissent entre nous tous, proches ou lointains.
Elle chante cet amour là qui n’aura pas de fin.
Pour ses chansons nées de ses « renverses », ses chansons que l’on peut entonner, reprendre à l’envi et même danser, on veut lui dire merci !