Festival Bernard DIMEY 2016, Flow chante contre la peur (© Domi Decker)

Flow (© Domi Decker)

4 mai 2016 - Flow

avec Flo­rence Vaillant (chant) et Etienne Abeillon (gui­tare)

Centre culturel Robert Henry à Nogent (Haute-Marne)

Pour une pre­mière soi­rée, soi­rée d’ouverture donc, le fes­ti­val Dimey fait fort, très fort ! Si vous pou­viez encore vous inter­ro­ger sur la per­ti­nence de ce ren­dez-vous, sur notre enthou­siasme affi­ché avant même qu’il ne com­mence, à l’issue de ce seul concert, vous seriez prêts à nous suivre jusqu’ici.

Sur une scène enva­hie par l’abondance de l’installation du deuxième pla­teau, arrive un duo, gui­tare chant. Du clas­sique donc, du dépouillé ? Pas vrai­ment. C’est Flo­rence Vaillant, dite Flow, accom­pa­gné d’Étienne Abeillon, un gui­ta­riste qui vous don­ne­rait l’illusion qu’il est une for­ma­tion orches­trale à lui seul. D’ailleurs, il ne cesse pas de jouer, il est comme la trame, la cou­leur de fond de ce que Flo­rence des­sine à traits puis­sants. Sa gui­tare accom­pagne ses mots rageurs, vibrants d’authenticité, dits ou chan­tés. Il chante aussi.

Flo­rence Vaillant arbore une sil­houette déli­bé­ré­ment « ano­nyme », asexuée, enten­dez par là qu’elle est vêtue d’un long sweat informe, d’un jean trop grand pour elle qu’elle remonte de temps en temps dans un geste presque enfan­tin, elle porte des grosses chaus­sures, une cas­quette. Elle arrive en scène comme elle est nous est appa­rue au repas, l’heure d’avant. Sa chan­son Pouf­fiasse nous ren­sei­gne­rait un peu sur cette tenue. Pas ques­tion de jouer avec ça, avec l’apparence. Elle est vraie, Flo­rence, sans fard. Aucune conces­sion aux bien­séances. Et tant pis, si elle se fait des enne­mis ! Et c’est avec cette car­casse, qui lui vaut d’être pris de temps à autre pour un p’tit gars, qu’elle est en scène. Au fil des chan­sons, son visage va s’éclaircir d’un sou­rire bon enfant. Mais quel choc, cette Flow ! On ne sort pas indemne de ces chan­sons-là qu’elle assène comme coups de poing. Coups de sang, coups de blues.

Et ce dont elle nous parle abon­dam­ment, de sa voix bri­sée, après sa pre­mière chan­son Les seaux – une méta­phore pour rap­pe­ler la quête de l’essentiel que l’on gas­pille – c’est de l’enfance. On ne peut pas ne pas la suivre sur ce che­min-là. « Les enfants qu’on abîme, ça fait des adulte super dan­ge­reux… Si tu veux faire mal à un enfant, c’est facile, tu l’oublies… » Elle nomme Allain Leprest. On entend Brel dans sa voix ou même Piaf par­fois. Elle ter­mine avec Sha­lom, une superbe chan­son qui dit l’aspiration à la paix… enfin ! Puis ce sera une invi­ta­tion urgente à dan­ser contre la peur, avec tout notre bata­clan… Les larmes viennent aux paupières.

La salle entière en fré­mit… l’émotion est palpable.

Applau­dis­se­ments.