[Extrait]
La Rouquiquinante, que nous avons récemment saluée dans son hommage à Nougaro, a décidément toutes les audaces que lui inspire son amour sans limites pour les noms mythiques de la Chanson. Et cet album de quinze titres, sobrement accompagnés pour la plupart par le piano de David Meignan, l’inscrit définitivement dans la lignée de celles qui ont tant chanté – et sublimé – Ferrat : Christine, Isabelle, Francesca… et Karin Wullschleger. Nous savons qu’il lui fallut bien de l’obstination et de la patience pour gagner ce droit-là. Mais oublions ce parcours autant d’initiation que de combat et simplement écoutons.
Si par bonheur cette chronique vous donne l’envie de goûter à ce florilège, installez-vous dans votre meilleur fauteuil, et dans un instant suspendu offrez-vous la plage numéro 5 : un texte écrit par Guillaume Apolinaire sous la mitraille, pour sa belle Lou, Si je mourais là-bas. La guitare égrène quelques notes légères, rejointes ensuite par le piano, pour offrir à la voix de Karine délicatesse et douceur d’un instant volé à la menace et à la peur. Voilà, tout est dans cette chanson-là : une voix qui fait patte de velours, une parole poétique, une musique aérienne, subtile.