Léa et Pablo, Les Coloriés (© Michel Gallas /Hexagone)
11 septembre 2015 – Les Coloriés, Hâte toi… lentement
Apéro concert du Grand Rond
Avec Pablo Coustau et Léa Buijtenhuijs (guitare, chant)
Théâtre du Grand Rond (Toulouse)
Ils auraient l’air bien sages pour commencer… enfin, pas forcément dans le bon goût avec la robe de Léa aux motifs vaguement « panthère » ! Très vite elle devient Clarisse dans la bouche de Pablo, lui, chemise blanche et pantalon à plis… mais pieds nus ! Je crois bien qu’il s’appelle Jacky !
Immédiatement leur apparition nous pousse dans une histoire farfelue, décalée, onirique aussi, auprès du « lac sans fond »… On ira s’égarer dans leurs vies antérieures, dans une soirée d’été qui avait tout pour plaire sans compter avec les moustiques, dans une promenade en forêt, une maison abandonnée, où pleure un bébé, dans le duo d’escrocs, Graziella et Manuel, aux accents vaguement espagnols… Et chaque fois, on s’en va croissant vers la démesure et la folie !
Et si Pablo interpelle le public pour lui demander s’il y croit ou non, c’est pour mieux indiquer que tout l’enjeu est là. Se laisser guider, perdre la raison, emportés dans leur tourbillon, pendant les 55 minutes de leur duo qui pourtant ne manque pas d’égratigner ce que nous sommes en vrai.
Mais on rit, on s’esclaffe de leurs grimaces, de leurs disputes plus vraies que nature bien qu’en alexandrins (!), autour des corvées ménagères… Mais enfin « On n’a jamais vu Victor Hugo passer le plumeau… ou Stevie Wonder l’aspirateur ! » revendique un Jacky au comble de la bêtise. Clarisse répond avec cet argument féminin – féministe imparable : Au lit tu feras tintin…
Une histoire d’amour qui pourrait tourner mal souvent, comme beaucoup de nos histoires. Mais au final « C’est toute la vie qu’on s’aimera bien ».
Le spectacle est jeune certes. Sans doute Pablo et Léa feront-ils peu à peu des choix dans l’abondance de leur créativité et les choix de thèmes multiples. On ira même du côté de la question du chanteur d’aujourd’hui (Pablo ?) entre « Chanson » ringarde et nécessairement coincée et rock débridé, libérateur…
Mais la joie du public ne trompe pas. Ils savent faire pour le convaincre et plutôt bien. La jolie Léa et ses yeux clairs et profonds, connaît toutes les ficelles de la comédie. Quand elle devient une voisine bête à pleurer qui use de tous les poncifs racistes et s’esbaudit devant le discours facho de son député préféré, elle est au comble de son art !
Les Coloriés, c’est franchement désopilant et, bien entendu, dans nos réalités, notre actualité, les propos font mouche. Ah ! le pouvoir salvateur du rire et de la chanson !