B. comme Fontaine, un quartet vertigineux (© Hervé Suhubiette)

Suzane Fran­co­fo­lies 2018 (© Antoine Mone­gier du Sorbier)

12 novembre 2019 – 10e Prix Georges Moustaki

Lan­ce­ment des can­di­da­tures. Prix orga­ni­sé avec l’association Poé­sie et Chan­son Sor­bonne - récom­pense un artiste indé­pen­dant et autoproduit.

Avec

Océane Colom /​Suzane pour  mar­raine


Voi­ci un phé­no­mène nom­mé Suzane … La sou­dai­ne­té de son suc­cès pour­rait bien mettre un grand coup de pied dans le « show­biz »… Ce monde où tout s’analyse, se cal­cule, se pré­mé­dite pour mener cer­tains élus à un suc­cès phé­no­mé­nal et… ramas­ser beau­coup d’argent !

Sous ce nom de scène, Suzane, se cache Océane Colom, une jeune femme ori­gi­naire d’Avignon, même pas tren­te­naire. Seule avec ses logi­ciels, elle se met à com­po­ser et écrire des chan­sons sur fond de musique élec­tro dont elle s’amourache… Sa vie ordi­naire se déroule alors dans un bar à bur­gers du 20ème arron­dis­se­ment où elle exerce la fonc­tion de ser­veuse En juillet 2018, même pas de disque, deux chan­sons seule­ment (L’insatisfait et La flemme) et la voi­là déjà aux Fran­co­fo­lies de La Rochelle où Fran­çois Alquier, fin limier de la chan­son, l’interviewe, pres­sen­tant que cette fille là pour­rait bien créer l’évènement… Un an plus tard, avec quatre titres sur un EP, elle est la coque­luche des fes­ti­vals. Une qua­ran­taine à son actif en un seul été… Ses clips, où explose lit­té­ra­le­ment son talent de dan­seuse et son goût de la cho­ré­gra­phie, sus­citent l’engouement des internautes.

Chez elle, la danse n’est pas une conces­sion à une mode même si l’on n’est pas sur­pris de lire le nom d’un dan­seur de Chris­tine and The Queen, Nico­las Huchard, à ses côtés, même si, par le choix de l’accompagnement, du rythme, on pense inévi­ta­ble­ment à Stro­mae. C’était même à cette pra­tique artis­tique qu’elle se des­ti­nait. Après treize ans de cette pas­sion – mais aus­si de cette rigueur et de cette exi­gence – elle perd la notion de plai­sir et quitte le Conser­va­toire qui était sa mai­son. Un temps d’errance et de matu­ra­tion s’en sui­vra… Et la voi­là qui se libère, réa­lise son rêve de ren­con­trer le public, de le faire se lever, dan­ser… Elle l’enthousiasme par sa pré­sence en scène, son corps – son pre­mier ins­tru­ment, au centre de tout – son éner­gie, sa capa­ci­té à tout gérer seule pen­dant le concert… Et ses textes qui empruntent à son his­toire, au monde qu’elle observe ! Car elle aime vrai­ment la Chan­son, se réfère aux plus grands noms, Brel, Piaf, Renaud dont elle s’est nour­rie enfant.

Pour ce ren­dez-vous avec le public, elle se crée un per­son­nage. Elle se choi­sit un nom, Suzane avec un seul N, emprun­tant le pré­nom d’une arrière grand-mère. Une façon de soli­de­ment s’enraciner pour ne pas perdre pied… Elle s’habille d’une com­bi­nai­son bleue, une tenue de com­bat qui la pro­tège, la met dans sa bulle pour affron­ter la scène, l’arène… Elle ne dédaigne pas les reprises, La bou­lette de Diam’s ou Laisse tom­ber les filles de France Gall. Et sur­tout elle chante ses textes qui vont faire mouche en abor­dant les ques­tions qui taraudent aujourd’hui et qui créent inévi­ta­ble­ment une conni­vence avec une bonne par­tie du public, les filles notamment…

Dans ses chan­sons se des­sinent des por­traits cise­lés, comme le sien, Suzane, celui de la ser­veuse qui veut deve­nir chan­teuse et fait face à tous les bri­seurs de rêves…, ou celle qui traîne La flemme… Gros suc­cès car « tout le monde la connaît » celle là ! Comme celui d’Anou­ch­ka qui passe sans regar­der les gar­çons, ou celui du pote ex-enfant roi, la bague aux doigts et la pas­sion amou­reuse envo­lée, qui traîne sa dégaine du type éter­nel Insa­tis­fait : « S’il peut tou­cher la lune, il la jet­te­ra quand il l’aura… » Bien sûr, on peut pré­sa­ger que le tout sai­sis­sant clip de SAV, tour­né sur la décharge de Dakar, Mbeu­beuss au Séné­gal, ne lais­se­ra pas indif­fé­rent. Aide­ra-t-il à entendre ce cri pour la pla­nète ? A l’heure où s’inscrit en lettres de sang, le nom d’une 130ème vic­time des vio­lences conju­gales, enten­dra-ton son mes­sage alar­mant contre le har­cè­le­ment ordi­naire dans sa chan­son SLT (abré­via­tion de « Salut » en début de mes­sage sur les réseaux sociaux), ces mots qui humi­lient, salissent, vio­lentent au quo­ti­dien les filles, les femmes ? Son leit­mo­tiv, « Bats-toi fillette », fera –t‑il son chemin ?

Les orga­ni­sa­teurs du Prix Georges Mous­ta­ki en sol­li­ci­tant Suzane pour être la mar­raine de leur 10ème édi­tion, affichent clai­re­ment leur sou­ci d’être à l’écoute des plus récentes ten­dances de la Chan­son, de tendre une pas­se­relle entre hier et demain.

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