Goguettes en trio mais à quatre – 2017 (©Marylène Eytier)
31 décembre 2017- Réveillon en Goguettes au Bijou
Concert de En trio mais à quatre
Avec
Clémence Monnier au piano, et trois auteurs –chanteurs : Stan, Aurélien Merle et Valentin Vander sur une mise en scène de Yéshé Henneguelle.
Le Bijou (Toulouse)
“Il y a longtemps que je n’avais vu et entendu des parodies aussi réussies” Laurent Ruquier – RTL
“Beaucoup de dérision, et une sacrée suite dans les idées” Télérama Sortir
“Jeunes, talentueux et engagés : on leur promet un bel avenir” L’Humanité
“Un petit bijou. Quatre chansonniers qui se délectent de croquer les politiques” Paris Première
On n’est pas loin de s’attendrir à l’idée de fêter ce réveillon au Bijou dans cette salle qui nous est chère avec ce concert de goguettes qui lui ferait prendre des airs de cabaret parisien…Théâtre des deux ânes, Caveau de la République ou Théâtre de Dix heures ? C’est que nous sommes irrésistiblement tirés vers l’enfance où nos parents se régalaient en écoutant à la radio les chansonniers pourfendre les zozos de la politique de l’époque, les mœurs aussi… Jean Amadou, Pierre Doris, Pierre Dac, Francis Blanche… Nos oreilles d’enfant ne comprenaient pas tout, loin de là, mais le rire de nos parents était un pur bonheur ! Nous aimions particulièrement déjà la voix perchée d’Anne-Marie Carrière, pourfendant, tout en alexandrins, les hommes… D’ailleurs on a pensé à elle, à ses alexandrins, lors duo théâtral et « tragique » en un acte de Stan et Valentin Vander, La Clause Molière. Bref, ce soir c’est cadeau.
Au fait, c’est quoi une goguette ? En scène les goguettiers eux-mêmes nous en rappellent le principe. « C’est simple : il suffit de prendre une chanson connue, d’enlever les paroles, de récrire ses propres paroles, et puis de la chanter. Voilà, c’est ça une goguette. » Voilà, c’est à la portée du premier venu ! Enfin, ces quatre là voudraient nous le faire croire dans leur trépidante envolée d’humour sur des airs familiers.
Le spectacle est mené à un train d’enfer, au rythme du piano de Clémence Monnier dont elle-même prétend, dans un solo, La complainte, qu’elle est la pièce rapportée, femme de surcroît, qui subit la loi des trois autres. Mais pièce maîtresse en fait ! D’ailleurs, elle aura sa revanche, son moment de gloire, en apparaissant pour finir en robe lamé rouge, dans le rôle de François Hollande ‑Si, si, suffit de faire un effort d’imagination assure-t-elle ! – pour entonner Je suis de droite… Sur l’air de Je suis malade ! Un grand moment !
Chaque chanson est un tableau différent. Les trois chanteurs-auteurs prennent à tour de rôle le « lead vocal », dans une mise en scène enlevée, soulignée par un subtil jeu de lumières qui vient ajouter sa note à l’effet comique. Parfois véritable tableau comme celui de la mort du PS, ou l’arrivée d’une banderole dans une chanson, Nazis, Nazis, on veut plus de vous ici…, pourfendant les excès de langage d’un certain J‑L M… Les trois chanteurs chapeautés de sombreros ridicules pour Penicaud, entraînant la salle dans la parodie de Luis Mariano.
De temps à autre, le Trio mais à quatre fait un pas de côté et s‘en prend aux petites manies, aux travers de notre époque, aux questions sociétales. C’est ainsi qu’avant Bygmalion, et les tours de magie des détenteurs de fortunes, il égratigne à coup sûr beaucoup parmi nous, défenseurs du tout bio, avec Scaroles sur l’air de Paroles, paroles (Dalida/Delon) et plus sûrement nos incohérences de Bobos. Il touche aussi à la brûlante actualité des combats féministes avec le duo Je suis mieux payé qu’elle.
Mais vous l’aurez compris leurs goguettes s’en prennent essentiellement à l’actualité politique, celle qui nous désespère souvent – de plus en plus ? – et dont on rit, là, sans vergogne. Rire enfin d’un président jupitérien et de ses troupes conquérantes, de son improbable interview à l’Elysée par Laurent Delahousse. Rire de la « solidarité familiale » d’un François Fillon – il faut le dire nos politiques rivalisent de talent ! – rire d’un Florent Pagny, exilé fiscal au… Portugal (Mon fisc ma bataille) ! Rire d’un premier ministre qui voudrait bien qu’on le voie enfin (J’existe) ou du curriculum vitae d’une ministre du travail qui mange à tous les râteliers ou bien encore des élus insoumis qui « débarquent jusqu’au bout de la nuit ». Ah l’effet garanti du tube du groupe Image ! Bien entendu Marine L P ne saurait être oubliée non plus, bien qu’elle ait mystérieusement disparu de nos écrans mais le message de T’as vu sa barbe pourrait bien s’adresser à bon nombre de nos concitoyens … « Les clichés ça marche aussi pour toi » ! Enfin, quel panache pour finir un concert qui se tient sur deux années… Entonner La Flûte finale, avec tout le public auquel on a pris soin de remettre les paroles, au moment même où l’équipe du Bijou distribue les flûtes de Champagne !
Ce concert pourrait bien donner envie d’aller écouter des goguettes, d’en écrire aussi. Des rendez-vous réguliers ont lieu à Toulouse au Barboteur où perdure Ta mère la Goguette, à Paris, chaque lundi, La goguette des Z’énervés au Bateau El Alamein, depuis la disparition du point de rendez-vous légendaire du Limonaire, où l’on retrouve nos quatre lascars (toutes leurs dates sont sur leur site http://www.goguettesentrio.fr/) à Montreuil, La goguette des V’nères, au bar La Station Service, chaque année au mois d’août à Anères dans les Hautes-Pyrénées, où le café du village célèbre la Fête Internationale des Goguettes. Alors, goguettiers, goguettières d’un jour ou de toujours, à vos agendas. V’là le joli vent de la goguette !