11 décembre 2015, Dimoné, Dominique Terrieu & Jean-Christophe Sirven, Festival Comme ça nous chante, café Plum, Lautrec (Tarn)
On peut à priori se demander légitimement comment le duo Dominique et Jean-Christophe va résonner dans ce lieu, tout petit. Trop petit ? On peut redouter le volume du son mais aussi craindre que l’espace scénique ne restreigne l’amplitude des déplacements du guitariste.
C’est franchement une bonne surprise ! On ne peut qu’en rendre grâce au technicien, Stéphane, figure majeure du lieu, qui épaule les musiciens et leur offre un vrai confort.
On ne peut que souligner une fois encore l’art de la scène qui fait aussi l’image si caractéristique du duo. Côté cour, Jean-Christophe, sur son tabouret haut pianote sur ses claviers y compris celui de son ordinateur. Celui qui est posé sur ses genoux, presque en déséquilibre lui donne cette allure si singulière en scène. Ses pieds nus sont aussi en mouvement, percussions et pédales. Cet homme orchestre offre au répertoire de Dominique une orchestration incroyable, sans failles. C’est un univers de sons infinis sur lesquels la guitare électrique promène ses cris, ses langueurs, ses déchirures. Le tout vous donne un rock qui vous embarque. Irrésistiblement… Vous sentez bien que vous aimeriez sauter, danser, vous agiter. Crier aussi. Enfin, c’est là peut-être l’unique réserve sur le lieu et ses bancs de bois auxquels nous sommes rivés.
Notons qu’ils ont eu tous deux le souci de leur tenue. Impeccable de sobriété. Elle est noire, efficace… La chemise de Dominique, bien boutonnée, près du corps, lui dessine une silhouette parfaite. On l’a connu dans des tenues, disons, sensiblement plus déroutantes. Une heure d’une chorégraphie parfois très débridée ne viendra pas à bout de cette perfection. Et pourtant quel engagement physique, charnel ! Dominique empoigne ses textes, leurs fulgurances, où l’amour endosse ses creux et ses bosses, ses remous, ses tempêtes – plus souvent une guerre qu’une navigation tranquille portée par un doux zéphyr !
L’amour, c’est animal, oui, c’est sous la peau, dans la peau ! Il le chante pour essayer de l’apprivoiser – « je voudrais ne pas m’habituer »- le joue sur les cordes de sa guitare qui en sanglote parfois.
Il le danse aussi, et c’est ainsi que nous le recevons, nous, voyeurs assis dans l’ombre.
Nous nous laissons embarquer dans une dizaine de chansons, et le voyage dans les rêveries, les doutes et les espoirs, les sensations, transfigurés par les mots et les sons, nous paraît très court, trop court.
Quand tout s’arrête nous sommes sonnés, abasourdis, comme « suspendus au vent ».