Chantons sous les toits 2018 (© L’Oiseau Lyre compagnie)
25 novembre 2017 – Chantons sous les toits – Organisation l’Oiseau-lyre compagnie
Présentation des artistes de l’édition 2018
Avec, par ordre de passage
Julie /Julie Lagarrigue et le Vélo qui pleure, Gildas Thomas, Claude Fèvre & Dora Mars, Jofroi, Frasiak, Moon Lilies, Jean Duino, Tousis-Hollemaert-Gomez, Corentin Grellier, Lise Martin, Reno Bistan, Claire Gimatt, Paul Barbieri
Médiathèque – Albi (Tarn)
Ô le joli rendez-vous que celui-là ! Novembre frileux offre aux heureux passionnés de chansons, dans le département du Tarn, de quoi réchauffer corps et cœurs grâce à l’association L’oiseau – Lyre compagnie, sous la baguette de Frédéric Blanchard… Homme en éveil, s’il en est. Il « vigile », dirait Barbara… Il est homme de passion certes mais de rigueur aussi. Un rassembleur si l’on en juge par la belle assemblée réunie ce soir. A faire pâlir de jalousie quelques salles où se joue la chanson.
Donc c’est ce soir que vont aller les chansons, les mots et les musiques, vers le cœur de futurs « accueillants ». Ceux qui précisément vont ouvrir leur porte, pousser leurs meubles, convier les voisins, parents, amis pour qu’un, deux ou trois artistes viennent distiller sous leur toit de nouvelles émotions à partager. La Chanson livrée à domicile avec tout ce que cela nécessite : sonorisation, éclairage, billetterie, contrat… Bref, du concert chez soi avec ce supplément d’âme qu’offre la proximité avec l’artiste. Aucune salle ne peut vraiment rivaliser avec cette dimension là. Même la plus humble. Peut-être dira-t-on un jour, comme Barbara, parlant des chanteurs de rue : « Comme c’était bien ! »
Pour l’heure nous sommes à l’orée d’une nouvelle saison qui se déclinera en 2018 en deux temps forts : mars –avril et septembre-octobre. Autrement dit chansons de printemps et chansons d’automne. Chansons d’éclosion, de renaissance et chansons de fruits mûrs, de vin nouveau…
Où vont aller les goûts, les attentes ? Nous ne le saurons que dans quelques jours quand chaque « maison » aura exprimé son choix et qu’une harmonisation aura eu lieu. Pour les artistes le défi est de taille : convaincre en 12 minutes, soit trois chansons et quelques bavardages auxquels il est prudent, nous semble-t-il, de ne pas donner dans l’excès – au risque de faire figure de camelot.
Chaque accueillant dispose d’une fiche pour annoter le passage des candidats. Les artistes défilent – on ne perd guère de temps en réglages sur le praticable recouvert d’un élégant tapis rouge – mais l’on plaint déjà celui qui passera le dernier… La soirée débute à 19h et s’achève avant que ne retentisse l’alarme de la médiathèque. Une pause « buffet partagé » délie les langues, apaise la faim et la soif.
Voilà pour le cadre, le décor.
Côté chansons, la sélection est suffisamment diversifiée pour toucher le plus grand nombre. On note – certes, avec un certain étonnement – la présence de chanteurs « aguerris », au parcours nourri déjà de beaux rendez-vous. Alors on peut y voir, si l’on est pessimiste, une forme de déclin du spectacle vivant – plus assez de salles, d’évènements – ou tout au contraire, une nouvelle approche du lien avec le public, un refus aussi de participer à la marchandisation de la culture. Nous avouerons un penchant pour la deuxième proposition.
On aimerait que la Chanson, toute la chanson, dans sa profusion actuelle, s’approprie les vies de chacun comme elle le fait ce soir à la médiathèque d’Albi. Qu’elle trace sa route dans les mémoires comme elle l’a toujours fait. Qu’elle s’en aille courir les champs et les rues sans que l’on sache vraiment comment elle s’y prend. C’est une maline ! Elle nous l’a prouvé dans son histoire. Il n’est pas né celui qui l’en empêchera.
Alors on aimera peut-être reprendre les refrains joyeux, dansants, d’un trio aux penchants occitans – comme Tousis-Hollemaert-Gomez – ou bien rire de l’humour irrésistible de Reno Bistan, de la légèreté de Gildas Thomas… A moins que l’on ne préfère découvrir l’intimité de Barbara dévoilée dans la lecture musicale de ses Mémoires par Claude Fèvre et Dora Mars, ou s’engager à regarder notre monde droit dans les yeux avec Jofroi, Jean Duino, Paul Barbieri ou Frasiak. On ira aussi se glisser voluptueusement dans la poésie délicate et sensuelle – presque de la dentelle – du très jeune Corentin Grellier, ou dans la grâce toute féminine de Lise Martin, ou le monde étrange de Claire Gimatt. On aimera peut-être les sons venus d’ailleurs – pas si loin pourtant en méditerranée – qui escortent les chansons de Julie Lagarrigue, ou le mariage du violoncelle et du piano de Moon Lilies qui met curieusement à jour un joli tempérament de rockeuse… On a pensé à Norah Krief…
Vous le voyez bien, il serait vain de vouloir enfermer la chanson dans un tiroir ou sur une étagère. Bien malin qui peut dire ce que sera la 14ème édition de Chantons sous les toits !
La chanson est libre, insaisissable comme l’eau vive de la chanson de Guy Béart.
Courez, courez vite si vous le pouvez
Jamais, jamais vous ne la rattraperez