Concèze, Eric Guilleton – L’Ensemble DécOUVRIR (© Dominique Condou)
14 août 2016 – Concèze, Eric Guileton – L’Ensemble DécOUVRIR
avec Pénélope-Rose Lévêque /Rosy Stole - Eric Guilleton, guitare-voix - Margaux Guilleton – Mélodie Quercron , lecture – Pauline Drand, Guitare, voix – Guillaume Grand, guitare, voix – L’Ensemble DécOUVRIR, sous la direction d’Etienne Champollion , piano, accordéon, arrangements /Louis Théveniau ‚clarinette / Vincent Imbert , premier violon / Benjamin Cloutour, second violon / Florian Texier, alto / Astrid Bâty, violoncelle.
Salle du Foyer rural – Concèze (Corrèze)
Première soirée dans la salle du Foyer rural de Concèze où une heure avant s’achevait le repas, servi par les bénévoles. On le sait d’expérience, ces partages là ont toute leur importance dans la vie d’un festival qui privilégie les rencontres, les retrouvailles et trouvailles… La Chanson c’est une famille avec ce que ce mot suggère aussi de coups d’amour et de coups de griffes… On s’aime, on s’adore, on se déteste, on s’ignore, on se rabiboche heureusement…
Les éventails s’agitent presque autant que sous le chapiteau de Barjac quand Monsieur le Maire – un géant aux côtés de Matthias Vincenot – s’en vient dire son soutien pour le festival… Il fait chaud, très chaud quand la jeune Rosy Stole entonne une chanson, seule au piano et …en anglais. On avoue, on n’a pas eu le temps de savourer cette mise en bouche.
Et c’est au tour d’Eric Guilleton de s’installer avec sa guitare. Sur un ton bonhomme il commence « Et s’il était une fois… » C’est un chanteur à histoires, histoires qui vous réconcilient avec le temps qui file, avec la vie qui va. C’est avec l’Ensemble DécOUVRIR, autour d’Etienne Champollion, accordéon, piano, clarinette et cordes, qu’il célèbre ce sentiment de reconnaissance qui nous submerge parfois. Cette beauté de se sentir vivant quand le cœur et le corps exultent. Chapeau bas ! « Alors je chante, je fume et je rêve »… Avec ce généreux habillage instrumental, les chansons sont sublimées et l’on gardera en mémoire, attrapée au vol, l’image d’un rayon de soleil qui s’en vient jouer sur l’oreiller de l’amoureuse… Même si le temps court inéluctablement à sa perte, qu’importe ! On chante « Je déposerai mes larmes… / On est bien tous les deux… Regarde j’ai cassé ma montre… »… Et la chanson s’achève sur une déclaration d’amour sensiblement différente de celle de Barbara « Ma plus belle histoire d’amour, c’est vous »… Toute la nuance est dans ce « Vous »… On aimera beaucoup le tendre duo qui vient ensuite entre le père au banjo et sa fille, Margaux Guilleton qui s’amuse de celui qui voulait – dans des temps pas si lointains – refaire le monde. Mais c’est à l’unisson qu’ils terminent : « Demain dépend de nous ».
On ne saurait trop nous réjouir d’entendre un artiste aguerri comme Eric Guilleton continuer d’écrire et de chanter l’amour avec une telle douceur, communiquer sa joie de s’assoir un moment pour le partager avec nous. Un soir comme celui-ci … dans la douceur de l’air…
Dans un silence quasi religieux, le public écoutera ensuite une jeune poétesse, Mélodie Quercron lire ses poèmes. Instants fragiles où les mots se posent sur la portée du temps qui passe. Caresses des syllabes, à peines entendues, déjà disparues… Pour accueillir ensuite la voix profonde et grave de Pauline Drand dont on retient la mélancolie et une certaine monotonie. C’est en vain que l’on essaie de se saisir d’une image, d’une histoire… Bien sûr, on fermera les yeux de plaisir au moment où elle interprètera, accompagnée par Thibaut Defever à la guitare (encore lui !) « Ce soir, nous sommes en septembre… Tu ne m’aimes plus »… La machine à remonter le temps s’est mise en route… Délicieuse Romy Schneider…Michel Piccoli… La chanson d” Hélène dans Les choses de la vie, 1970…
Avec Guillaume Grand, sa voix éraillée, « minérale » – le mot choisi par le programme est très juste‑, avec sa franche simplicité aussi, on est transporté dans une autre chanson, moins exigeante certes où émergent parfois des tempêtes. L’ensemble revient pour clôturer avec lui la soirée, ce qui lui vaut une ovation.
Il faut le dire, cet ensemble orchestral est un cadeau offert à chaque artiste qu’il escorte, comme au public qui, reconnaissant, se lève pour le saluer.
Nous irons, pour finir cette soirée, acquérir le petit ouvrage de dessins d’Eric Guilleton, publié aux Editions Vox Scriba (les plus avertis d’entre vous reconnaîtront sous ce nom, Florence Cortès, bénévole, « nounou des artistes » au Pic d’or de Tarbes… et plein d’autres actions encore par amour de la Chanson) titré Mes dessins du Dimanche… Une jolie façon de sauver de l’éphémère ses dessins publiés sur le réseau FaceBook.
Nos chanteurs ont bien des talents !