La Chanson, faut voir comme on nous parle (© Claude Fèvre)

La chan­son, faut voir comme on nous parle (© Claude Fèvre)

28 décembre 2016 – La chanson, faut voir comme on nous parle… Réflexions sur le journalisme culturel en Chanson

avec

pour illus­tra­tion l’album d’Eric Fra­siak, Sous mon chapeau

Chro­niques et por­traits : Jean Pierre BEAL /​ le Chant’­Mo­rinChris­tian BROCHE /​La Perte du FouAlbert WEBER /​Pla­nète Fran­co­phoneFred DELFORGE / Zica​zic​.com - Richard VAILLANT / Vie Nou­velleMichel KEMPER & Cathe­rine LAUGIER / Nos Enchan­teurs Rockin JL /​Le Débloc­not”Oly /​Le Liber­taireClaude FEVRE / Chan­ter c’est lan­cer des balles -
Nico­las GALMICHE / L’Est Répu­bli­cainBen­ja­min­VA­LEN­TIE /​Fran­co­Fans
Sam PIERRE / Sweet songs never last too longRobin RIGAUT /​Revue Vinyl

Radios : Bou­ton Char­le­ville (08) Eva­sion Le Faou (29) R d’Autan Lavaur (81) France Bleu Ber­ry (86) RCN Nan­cy (54) Radio Liber­taire (Paris) IDFM Enghien les Bains (95) Bal­lade Espé­ra­za (11) RAM Gap (05)

Foule sen­ti­men­tale /​Il faut voir comme on nous parle /​Comme on nous parle

Bien sûr c’est à Sou­chon, la Souche, que l’on pense en choi­sis­sant ce titre de chro­nique… Mais pré­ci­sé­ment pour dire tout le contraire du titre bien connu. Car nous nous recon­nais­sons bien évi­dem­ment dans ces paroles « Foules sen­ti­men­tales /​Avec soif d’i­déal /​Attirées par les étoiles, les voiles /​Que des choses pas com­mer­ciales… Nous ? Amou­reux du beau texte accom­pa­gné de musique. Nous, amou­reux de la Chan­son sous toutes ses formes pour ce qui nous concerne. On s’en va en effet flâ­ner avec délec­ta­tion vers des rives plus urbaines, vers des sons numé­riques, vers des flots/​flows moins conven­tion­nels pour nos oreilles ber­cées par les plus nobles fleurons.

On nous en parle de cette chan­son là, beau­coup plus et mieux que l’on ne pour­rait l’imaginer. Et sur­tout beau­coup plus que cer­tains vou­draient nous le faire croire. On nous abreuve bien trop sou­vent d’incantations, de lita­nies qui dif­fusent l’idée que la Chan­son n’intéresse plus per­sonne. Dans les grands médias, c’est cer­tain. Auprès des déci­deurs cultu­rels au som­met de l’état, sans doute. C’est dans le der­nier numé­ro d’Hexa­gone (revue nou­vel­le­ment née qui parle plu­tôt bien de la Chan­son) que je trouve une parole, celle de Michèle Ber­nard, qui répond à David Des­reu­maux en ces termes : « Je fais éga­le­ment par­tie de ce peuple de chan­teurs qui n’accèdent pas – ou peu- aux grands médias. Je ne dis pas qu’ils n’en souffrent pas, mais ils dif­fusent la chan­son d’une autre manière… La chan­son se dif­fuse comme ça, d’une manière sou­ter­raine… La chan­son est aimée et elle cir­cule… » Quant à Bat­lik qui prône l’indépendance comme une autre manière de tra­vailler il affirme : « Il est pos­sible de faire ce métier-là de manière « confi­den­tielle ». C’est la même dif­fé­rence qui existe entre l’artisanat et la grande dis­tri­bu­tion. Il y a tou­jours moyen d’être arti­san. En revanche si tu veux péter la baraque et être côté en Bourse avec la cor­don­ne­rie, tu risques d’être un peu frustré… »

Arti­san, c’est bien évi­dem­ment ce qu’est Jéré­mie Bos­sone avec ses Mix­tapes « Pur plai­sir ludique d’écrire » auquel Hexa­gone consacre aus­si des pages.

Nous en venons enfin à Eric Fra­siak, arti­san de chan­sons, « fac­teur de chan­sons » dirait son com­plice Her­vé Lapa­lud. Nous lui avons deman­dé la liste des nom­breux médias qui ont chro­ni­qué, accueilli son nou­vel album. Avec sa géné­ro­si­té légen­daire, son sens du par­tage, il a immé­dia­te­ment répon­du. Ce qui nous offre l’occasion de prendre la mesure d’un phé­no­mène jour­na­lis­tique insuf­fi­sam­ment souligné.

Bien enten­du, on ne s’offusquera pas de ne pas trou­ver l’un ou l’autre blog, l’une ou l’autre radio FM. Il serait d’ailleurs assez inté­res­sant d’inviter tous les auteurs d’articles, d’émissions sur la Chan­son à se mani­fes­ter en com­men­taire du pré­sent article. Qu’ils sachent qu’ils seront les bienvenus !

Vous l’aurez com­pris c’est juste une petite paren­thèse dans cette période entre deux fêtes de fin d’année. Une pause pour consta­ter que si la chan­son d’aujourd’hui se dif­fuse de façon sou­ter­raine, il est juste d’ajouter,comme le fait Michèle Ber­nard, que c’est avec le sou­tien d’un incroyable réseau de mili­tants, de résis­tants, de pas­sion­nés qui col­portent par leur action, à leur gré, à leur rythme, leur goût pour elle. Par­mi eux, se trouvent les chro­ni­queurs que nous sommes.

Inter­net a per­mis la pro­li­fé­ra­tion de sites, de blogs, ce que la dif­fu­sion papier n’aurait jamais pu per­mettre. Trop dif­fi­cile, trop com­pli­qué, trop coû­teux, trop ris­qué… Il faut être aus­si fous que le sont les rédac­teurs d’Hexa­gone pour se lan­cer dans l’aventure. C’est une fois encore l’occasion de saluer leur audace. Car, il va sans dire que jamais inter­net ne pour­ra riva­li­ser avec la publi­ca­tion papier qui – quoi qu’on dise et fasse, et sans doute pour long­temps – sacra­lise l’écrit, lui donne sa crédibilité.

Com­ment ne pas regret­ter qu’une chro­nique publiée un jour soit au len­de­main déjà oubliée ? Com­ment ne pas s’attrister de sa vola­ti­li­té, son incon­sis­tance, son imper­ma­nence ? Sur­tout lorsque l’artiste dont il est ques­tion ne l’a peut-être pas lu. Plus la renom­mée de l’artiste est grande, moins pro­bable est la lec­ture de notre article. Sur­tout quand on découvre inci­dem­ment que celui auquel nous avions consa­cré une longue chro­nique – par­fois au prix d’une réelle fatigue quand on s’efforce de « cou­vrir » un fes­ti­val – pré­fère sur son site indi­quer le nom de médias plus « pres­ti­gieux » à ses yeux, parce que tout sim­ple­ment connus du plus grand nombre. Fai­sant fi du contenu.

Voi­là que la Chan­son nous mène­rait à la réflexion philosophique…Ne sommes-nous pas, nous-mêmes, confron­tés chaque jour à l’impermanence, l’éphémère ?