Le Bijou, Ouverture de saison 2017 – 2018 (© Le Bijou)
7 septembre 2017 – Ouverture de saison 2017 – 2018 au Bijou
Avec Clara Sanchez, L’école du magret d’argent, DBK Project, Claude Fèvre & Clément Foisseau, Strange Enquête, Manu Galure
Le Bijou (Toulouse)
Les « grands moments » du Bijou…
« Oh là là ! Il y en a tant ! Forcément, le 17 avril 1989 : on inaugure avec De Nieuwe Snaars, un groupe belge flamand qui jouait de la musique traditionnelle un peu burlesque. C’était magnifique. On a fait 15 entrées. Je me souviens de la première fois que l’on m’a convoqué pour être jury à Bourges. On a mis dix minutes à délibérer, tant le petit groupe qu’on venait d’entendre nous semblait au-dessus du lot : il s’appelait Zebda… Mon plus gros choc artistique, c’est à Éric Lareine que je le dois : j’ai eu l’impression de monter dans une voiture de course, j’étais cloué à mon fauteuil. C’est lui qui m’a donné envie de devenir programmateur. » Philippe Pagès à Yves Gabay – DDM du 24/11/2012
Il y a presque 5 ans Philippe Pagès se confie à la Dépêche du Midi au moment de remettre les clefs du Bijou à Pascal et Emma Chauvet. Il raconte : « Au début, il y a une compagnie, La Mauvaise troupe, avec mon ami Michel Steiner. Comme le nom l’indiquait, on était mauvais, mais au moins, on jouait souvent et loin ! Un jour, on a fait une résidence d’artistes : ça m’a plu. L’idée a commencé à germer. J’avais à Toulouse des amis qui s’appelaient Jehan, Juliette et bien sûr Patrick Kohlpoth, le cofondateur du Bijou, et on cherchait à Toulouse un endroit assez grand pour répéter. On est tombé sur le Bijou, qui était un vrai café de quartier, haut lieu de rassemblement pendant la Résistance, café-ciné à un moment, dancing… Ah ! Il s’en est passé, des choses, ici ! En 1987, on a racheté le fonds de commerce. » C’était il y a 30 ans… Il fallut dix-huit mois encore, le temps des travaux d’aménagement, pour que naisse la première programmation du Bijou.
Alors vous aurez maintenant compris pourquoi le programme de l’automne 2017 est habillé d’une couverture en noir et blanc où apparaissent deux zozos farceurs – Philippe Pagès et Patrick Kohlpoth – grimpés sur leur scooter. Chapeau bas à ces deux-là ! Chapeau bas à Philippe Pagès qui fit de ce lieu, dans ce quartier Croix de Pierre, à l’écart du centre historique de Toulouse, un café-restaurant-salle de concert qui compte dans le paysage local, certes, mais bien au-delà encore… Une référence dans ce monde de la Chanson francophone. Une « institution » ! Les chiffres 2016 sont éloquents : 148 spectacles, quatre soirs par semaine pour 10 000 spectateurs…
Ce soir, 7 septembre 2017, c’est une salle comble, surchauffée, enthousiaste qui fait une ovation au « patron » lorsqu’il s‘apprête à lancer la nouvelle saison, les deux années d’anniversaire donc, avec ce ton léger, joyeux qui est la marque du lieu. Le jeune président des Zazous du Bijou, association qui gère la programmation, sur ce point, ne se démarque pas.
Bien entendu on salue les partenaires institutionnels, municipalité, département, Région, État, mais aussi CNV, SACEM, SPEDIDAM… L’équipe du Bijou, à la technique, au bar, au restaurant, à la gestion, à la communication. On rappelle l’implication du Bijou dans le réseau Chanson et la nécessité d’en appeler au soutien du public, à sa fidélité, à son mécénat.
Très vite on laisse la place aux acteurs, aux artistes… On projette les pages de la plaquette où défilent notamment les noms d’Alexis Hk, Camille Hardouin, Syrano, Batlik, David Sire, Volo, Chouf, Frédéric Bobin, Loïc Lantoine, Michèle Bernard & Monique Brun, Clarika… On annonce aussi la grande et belle surprise de février : Yves Jamait pour trois soirs. Cadeau !
Ceux qui sont là, illustrent, soulignent, s’il est encore besoin, l’éclectisme de la programmation avec son fil conducteur : l’amour des mots, du Verbe.
On entendra d’abord la toute jeune Clara Sanchez – pas née à la naissance du Bijou – découverte d’une soirée « Osons », et du Prix Claude Nougaro. Petit béret incliné sur la tête, accordéon sur le ventre, elle est à elle seule l’image d’une chanson qui s’en va son chemin sans oublier d’où elle vient. Viendront ensuite trois slams, trois textes différents dans leur scansion, leur rythme, leur poésie… De quoi donner envie de venir au tournoi du « Magret d’argent ». Le DBK project qui suit offre un aperçu de son univers sans frontières : une histoire qui se raconte en français, des chansons qui mêlent les langues, les langages, sons, images… de la musique pop-rock, électro… Ils seront six en scène en octobre, dont Clément Foisseau à la guitare électrique. Il a accepté aussi ce soir de poser son langage musical improvisé sur le texte de Brigitte Fontaine que l’on entendra en octobre avec Émilie Marsh. De troublantes confidences extraites de Portrait de l’artiste en déshabillé de soie. Ensuite, c’est le duo Strange Enquête, accompagné, soutenu depuis cinq ans par le Bijou, qui prolonge cette immersion dans le flot des mots avec son appel urgent aux rêves. Le temps nous est compté ! Une mise en abyme en quelque sorte du pouvoir de l’imaginaire autour du personnage d’Alain… On aurait envie d’y voir ce que précisément nous cherchons, recherchons dans le spectacle vivant. Notre quête : Vous, camarades artistes, nous vous en supplions, faites-nous rêver !
Et c’est précisément ce que nous offre à chaque fois Manu Galure, qui clôt cette soirée, celui dont parle Philippe Pagès en ces termes : « Il se cherchait un nom d’artiste. Je l’ai vu arriver avec un chapeau : cherche pas, je lui ai dit, tu t’appelles Manu Galure ! ». Et c’est le même Philippe Pagès qui aujourd’hui, devenu son employé, l’accompagne dans son « road movie » enchanté de deux ans qui commence bientôt, le 22 septembre… Mais c’est une autre histoire, bien singulière celle-là, dont on vous parlera très bientôt !
L‘heure est au verre pour trinquer à la longue histoire du Bijou, à son avenir, à son présent qui nous embarque dans ses soirées intimistes, chaleureuses, émaillées de surprises, de découvertes, de coups de cœur.