Atelier disque 09, Zoo à défendre (© Aurélie Ribeiro da Cruz)

Ate­lier disque 09, Zoo à défendre  (© Auré­lie Ribei­ro da Cruz)

2 juillet 2016 – Festival Foix’R de Rue – Concert de l’Atelier disque 09

avec Mathieu (com­po­si­tion, basse), Joan­na (texte, chant), Olyve (texte, chant, saxo­phone sopra­no), Matéo (texte, chant), Hugo (texte, chant), Mariam (texte, chant), Mil­hann (texte, com­po­si­tion, chant, gui­tare, pia­no, syn­thé) et Nao­mi (texte, chant), sans oublier les inter­ven­tions musi­cales de Paul Cou­vreur.
Enca­dre­ment : Cédric Rodri­guez (High‑C) por­teur de pro­jet, Fabien Mura­tet (Favo) ani­ma­teur, sous l’égide du Fajip (Foix adoles­cence jeunesse infor­ma­tion préven­tion) et d’Art’Cade.

Place Viollet-le-Duc – Foix (Ariège)

L’album fraî­che­ment sor­ti au terme de neuf mois de ges­ta­tion, créé de bout en bout par un groupe de huit jeunes, se nomme Zoo à défendre. Qu’ils soient minus­cule coc­ci­nelle, coli­bri, chien, pois­son en eaux troubles, hyène, loup soli­taire ou pares­seux pas déci­dé à des­cendre de sa branche, autruche la tête dans le sable, ou même lapin sor­ti du cha­peau d’un magi­cien, ils com­posent cette engeance. Cette tri­bu, ce zoo d’êtres dis­sem­blables et pour­tant réunis sur ce bout de Terre. Et c’est un même cri qu’ils poussent là, sur cette petite scène, au plein cœur de la vieille ville de Foix.

Ils sont venus témoi­gner en concert de leur incroyable réus­site – car c’en est une ! Née en sep­tembre seule­ment, avec pour cer­tains juste l’envie de vivre une aven­ture humaine, une expé­rience. Ni talent sin­gu­lier, ni for­ma­tion musi­cale, ni même quelques atouts pour se pré­sen­ter en scène. Se sai­sir d’une chance ! On peut en témoi­gner pour les avoir vus en février, lors d’une courte rési­dence d’écriture… Bien sûr, d’autres avaient ce qu’il fal­lait de connais­sances de leur ins­tru­ment, basse, gui­tare, pia­no et même saxo sopra­no, pour don­ner des idées à leurs ani­ma­teurs, eux-mêmes artistes aguer­ris. Il a fal­lu que ces deux-là, Fabien Mura­tet (Favo) et Cédric Rodri­guez (High‑C) com­mencent par s’effacer pour lais­ser émer­ger l’identité propre de ces huit lycéens. Fins péda­gogues par-des­sus le marché.

Ce qui se passe cet après-midi, au cœur de ce fes­ti­val éclec­tique por­té par la scène de musiques actuelles de l’Ariège (Art’cade) et le ser­vice jeu­nesse de Foix (FAJIP) a de quoi sur­prendre. Quand on ajoute l’écoute dudit album à cette pres­ta­tion qui allie rigueur, sens du tra­vail en équipe et goût artis­tique pour l’écriture et la com­po­si­tion – et en langue fran­çaise s’il vous plaît ! – on se prend à croire en demain. Le plai­sir est immense, vous pou­vez m’en croire.

Bien enten­du on décèle dans ce groupe des per­son­na­li­tés, des pré­sences, des écri­tures aus­si qui méri­te­raient d’être déve­lop­pées. On espère en revoir cer­tains, on vous l’avoue. Mais ce n’est pas le sujet du jour.

Là, il s’agit de se pas­ser le micro, de pré­sen­ter alter­na­ti­ve­ment les mor­ceaux, d’accompagner les autres quand on est musi­cien, de chan­ter en chœur pour sou­te­nir la chan­son d’un autre, sans jamais ten­ter de jouer de son ego. Cha­cun, cha­cune, on le voit, on le sent, donne le meilleur de soi-même, pour la qua­li­té de l’ensemble.

Quant aux textes, por­tés par l’accompagnement des ins­tru­ments en scène, sou­te­nus par les « machines » où brille Favo, ils s’écoutent aisé­ment. Tan­tôt hip-hop, tan­tôt slam, tan­tôt pop-rock… tout cela nous fait de la bonne Chan­son fran­çaise ! Le concert s’ouvre sur une his­toire en cinq actes, accom­pa­gnée au pia­no, La nuit va être longue, où le nar­ra­teur /​Mil­hann est aux prises avec la perte de son colo­ca­taire, pré­nom­mé Pedro : un cac­tus !… L’écriture n’est pas sans rap­pe­ler le tra­vail d’un cer­tain Claude Nou­ga­ro dans Plume d’Ange… Dans le mor­ceau qui suit, Mil­hann quitte son cha­peau et s’en va à la gui­tare accom­pa­gner le chant du Moi­neau. Les autres membres du groupe, dont le bas­siste, entrent en scène et font les chœurs. Les filles portent robes ou hauts fleu­ris… cer­tains gar­çons des petites barbes, des che­veux noués en cato­gan. Ces détails ajoutent à la fraî­cheur du groupe sin­cère et moti­vé, sou­cieux du regard du spectateur.

Leur mes­sage est à entendre abso­lu­ment. Ils disent évi­dem­ment ce qui les a meur­tris dans cette dou­lou­reuse année 2015. Mais ils le font avec tel­le­ment d’élégance dans leur chan­son Elle danse, dont on reprend volon­tiers le refrain : appel à la vie coûte que coûte ! Leur Bombe à retar­de­ment, celle qui tem­pête dans leur tête, vous serre le cœur quand ils la dédient à cette petite Flo­ra qui n’est pas reve­nue de son mal de vivre, cette année, dans leur lycée. Et puis il va sans dire qu’on les suit quand ils s’interrogent sur notre condi­tion, dans Sage et Fou, dans cette médi­ta­tion sur l’Art, L’Amour et la Mort qui nous incite à ne plus pleu­rer sur les morts, mais à rire avec les vivants ou bien encore dans la chan­son douce et fra­gile comme celle qui la chante, « petite ébauche, esquisse », sous le pin­ceau de quel peintre… Impos­sible de le savoir !

On les quitte avec beau­coup de ten­dresse au cœur. On vou­drait sur­tout les remer­cier pour cette espé­rance qu’ils nous offrent sans peut-être même s’en rendre compte. À la ren­trée d’autres s’inscriront à cet ate­lier disque 09, qui est venu prendre la suite d’un cer­tain Plum’Art, ate­lier du Festiv’Art de Lavelanet.