Baptiste Dupré, Chantons sous les Toits ! –2022 (©Claude Fèvre)
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11 septembre 2022, « Petites choses et vaste monde » de Baptiste Dupré dans le cadre de la nouvelle saison de Chantons sous les Toits ! Organisée par L’Oiseau lyre compagnie
Une main tendue vers l’espoir
Avec,
Baptiste Dupré (guitare, chant), Jonathan Mouton (basse)
Sous le toit d’Elise et Patrice (Toulouse)
Le 8 mai dernier à Lescure dans le Tarn, à l’issue des auditions devant les accueillants de Chantons sous les toits ! voici ce que nous disions de Baptiste Dupré : « On avoue une faiblesse pour ce duo folk et comme le dit sa première chanson on aurait eu envie de s’attarder dans leur répertoire et « demeurer un instant dans la beauté du temps… » Il est beaucoup question de temps qui passe, qui tout efface… Mais on aime aussi être soudainement arraché à la mélancolie par une touche d’humour véritable ! »
Cette fois, grâce à Chantons sous les toits !, grâce à leur infatigable volonté de réveiller le désir du spectacle vivant chez des spectateurs moins enclins à s’y rendre, depuis tout ce que vous savez déjà (Covid, télétravail, concurrence du digital…) cette fois, nous y sommes, réunis – nombreux ! – dans une maison toulousaine. Briques roses, murs de galets, vieilles poutres… Le charme du lieu n’est pas étranger à notre plaisir d’être là, auprès de spectateurs qui se montrent d’emblée joyeux, généreux, disponibles. C’est fou cette spontanéité dès que le chanteur invite à participer ! On aura même droit à une parodie des fauteuils retournés d’une certaine émission qui vous donne un « incroyable talent », soulignant notre « grain de voix », et notre « vrai potentiel »… Mais détrompez-vous, si nous nous prêtons au jeu sur le refrain, la chanson, elle, déroule l’histoire symbolique d’un papillon qui vole, virevolte…et se révolte !
Il est vrai que Baptiste Dupré et son bassiste, casquettes vissées sur la tête, n’en font pas des tonnes pour nous convaincre. Ils sont là, simplement, en amis qui bavardent… Une « régalade » écriront-ils plus tard… Il est souvent question de l’Ardèche, d’un village à 25 kms d’Aubenas, Burzet très exactement, de la vallée de la Bourges, la rivière qui donne l’envie de toute évidence d’écrire des chansons… Quoi de plus normal dans un tel paysage de sources, de cascades, de jeunes volcans, devant des vieilles pierres qui témoignent d’un passé brillant mais révolu que d’être porté à écrire sur le poids du temps, sur notre fragilité, notre impermanence, sur la nécessité de tenter de sauver les instants de beauté… ? On découvre ici ou là, des personnages auxquels on s’attache, le temps d’une chanson : la parisienne en vacances, Lola – « le long de la rive se soulèvent les mots dans le cœur de Lola » – les deux Jeanne, la grand –mère et sa petite-fille, et tout ce temps qui les sépare, « lorsque l’une sème, l’autre récolte », et cette silhouette aimée qui revient au fond du jardin… « Même les motifs font des bonds sur le papier du salon » c’est dire la force de cet amour là !
Baptiste Dupré chante la tendresse, « tout s’efface, tout, tout presque, reste la tendresse… », ce dilemme entre la soif d’évasion et la difficulté de s’arracher à son port d’attache… « Il fait beau chaque fois que je veux partir sans mentir… », l’envie de changer le monde, le danger de la suffisance, de l’outrecuidance, ‑vaut-il mieux être Titanic ou coquelicot ? – la force des rêves de vie et de vent quand on se sent étouffer, patauger, et surtout, surtout le prix des « petits instants de bonheur. »
Parlons-en de ces instants de bonheur… A l’occasion de ces chansons sous les toits, le bonheur se prolonge avec la traditionnelle « auberge espagnole », entre douceurs salées et sucrées, cidre doux et rosé frais. Nous sommes dimanche, nous avons le temps, la soirée est à peine entamée… Le soleil décline sur le clocher de St Joseph. Les trains continuent de loin en loin de briser la douceur de l’air sur la voie ferrée toute proche. Le chanteur et son musicien prolongent le partage… Nous apprenons qu’un nouveau projet de Baptiste Dupré est en voie de remplacer celui-ci. Il s’appelle Newton duo et invite David Millet et sa kora…
Ainsi va la Chanson, et les chanteurs jamais rassasiés d’emprunts, de découvertes, de sons mêlés. Une main tendue vers l’espoir…