Les Vieilles Margottes (© Yann Labbe)

Les Vieilles Mar­gottes (© Yann Labbe)

9 mai 2015 – 15e fes­ti­val Ber­nard Dimey

Jour 4 – Spec­tacle Les Vieilles Margattes

Avec Jean-Charles Ber­the­lot (gui­tare, chant), Yann Morin (accor­déon, chant), Gaël Prigent (gui­tare élec­trique, basse, chant), Mor­gan Bazin (bat­te­rie) et Pierre Cam­ba­zard (régie)


Centre cultu­rel Robert Hen­ry – Nogent (Haute-Marne)

Avec un poulpe, une seiche, une « mar­gatte » pour effi­gie, avec du rouge et noir, avec de la rage reven­di­quée, ces trois gars, plus punks que chan­son, débarquent de Bre­tagne sur un fes­ti­val très éloi­gné de leur uni­vers. Qui plus est, on leur a confié la tâche d’être le tra­di­tion­nel « fil rouge » de l’événement. Expli­ca­tion : ils sont char­gés non seule­ment de l’animation de l’incontournable « troi­sième mi-temps » mais aus­si de por­ter leurs chan­sons hors enceinte du centre cultu­rel où se déroulent les concerts.

Alors, erreur de cas­ting ? Audace irrai­son­née de l’équipe du fes­ti­val qui tient à bous­cu­ler les barrières ?

Dans les rues, dans les cafés, sur le mar­ché du same­di, dans les mai­sons de retraite, ils col­por­te­ront en effet la bonne nou­velle : à Nogent, on se sou­vient de Ber­nard Dimey et pen­dant quatre jours on lui rend hom­mage en chan­tant. Il faut que tout Nogen­tais le sache, qu’on puisse s’y sen­tir asso­cié, même de loin, il faut par­ta­ger un bout de cette paren­thèse enchanteresse.

On ima­gine aisé­ment toutes les ques­tions qu’ont dû se poser avant d’arriver les trois jeunes gar­çons, même pas tren­te­naires. Ils ont eu le trac, croyez-moi ! Le défi était de taille et ma foi, l’expérience lais­se­ra sûre­ment ses empreintes dans leur parcours.

Ils réus­si­ront à res­ter eux-mêmes, chan­teurs por­teurs de leur révolte, avec leurs voix éraillées, par­fois à la limite de la déchi­rure, comme leur imposent leurs concerts dans les bars où il faut hur­ler pour se faire entendre. Ils gar­de­ront leur spon­ta­néi­té, leur humour face à un public, ô com­bien par­ta­geux qui écou­te­ra quatre soirs durant et même en après-midi du der­nier jour, leurs chan­sons poing levé, rage au ventre : l’histoire de Mar­cel, celle des putains du port, des petites les­biennes, celle de Mémé, celle du voi­sin, l’étranger qui vient de loin pour faire des « bou­lots qui en auraient tué plus d’un », celle des « repri­seurs de vie ».

On peut sans doute regret­ter de ne pas avoir eu vrai­ment la pos­si­bi­li­té de tout sai­sir de leurs textes (acous­tique néfaste de l’espace du bar, accor­déon sou­vent écra­sant, bavar­dages bruyants…) car ces jeunes-là lancent des cris, des S.O.S. qu’il serait bon d’entendre. Ce monde qu’on leur a fabri­qué pour­rait bien faire naître en eux l’envie d’en découdre et pas seule­ment en chansons.

Trois « enra­gés », Jean-Charles Ber­the­lot (gui­tare), Yann Morin (accor­déon) et Gaël Prigent (gui­tare, basse et auteur de la grande majo­ri­té des chan­sons), sans dieu ni maître. Il est juste de sou­li­gner leur per­for­mance sur ce fes­ti­val, qui déci­dé­ment n’a pas froid aux yeux.

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
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