Cyprès – Sève
Album 10 titres, autoproduit – janvier 2014
Le 30e Pic d’Or de Tarbes s’est achevé avec sa moisson de prix, de joies et de désillusions. Le jeune Cyprès, fraîchement repéré sur la nouvelle scène Chanson (finaliste au Prix Georges Moustaki tout de même !), est rentré en Île de France avec le Prix d’interprétation. Raison suffisante pour s’intéresser de près à son album car le jeune homme ne passe pas inaperçu.
En scène en effet, il émane de lui je ne sais quelle profondeur qui transpire aussi dans les photographies qui circulent. Il est de ces êtres dont la seule présence capte l’attention. Il s’habille de velours, porte ses cheveux très bruns mi-longs et sa barbe à la « mousquetaire ». Belle allure, vraiment ! Sur la scène du théâtre des nouveautés de Tarbes, il avait ceint sa tête d’une couronne végétale qui lui donnait un visage christique. On s’interroge : est-ce réfléchi, recherché ?
Le retour à l’album nous rend incontournable l’émotion ressentie à la seule écoute de la voix qu’il a « lointaine, et calme, et grave » comme l’aurait écrit Verlaine, et ce, malgré son très jeune âge. 25 ans, c’est encore si près de l’adolescence ! Mais les textes nous entraîneraient plutôt vers des rives tristes et désolées. L’écriture en est parfois surannée comme dans La rosée et la fleur ou L’hiver bohème, dont l’inspiration nous rappelle une certaine « maison bleue »… Mais on ne peut la réduire à cette observation puisque le monde d’aujourd’hui, ses injustices, ses dérives taraudent aussi l’auteur : Le capitaliste, avide, dévorant tout, le Silence des frères et son évocation des exclus dans la jungle de nos villes.
Finalement un qualificatif nous vient : « romantique », au sens très littéraire du mot, poète qui se sent investi d’une mission, engagé dans son siècle, nourri de rêves et de mots pour les partager, fragile aussi, surtout quand il est amoureux. On avoue un penchant pour la chanson intitulée À jamais, une romance très réussie, en regrettant beaucoup de ne pas l’avoir entendue à Tarbes, avec l’accompagnement du violon.
Sur cet album, enregistré en quelques prises seulement au théâtre L’odéon scène Jean-Roger-Caussimon, on pressent ce que Cyprès pourra devenir avec un temps de recul et d’analyse de son écriture foisonnante. On apprécie la diversité des arrangements autour de la guitare et du violon.
Alors, tout est là, en germe pour que s’affirme sa passion pour la Chanson, à l’ombre de ces géants qui l’inspirent : Barbara, Brassens…