Karin et David Meignan, La Rouquiquinante - Flamarens 2015 (© Claude Fèvre)

Karin et David Mei­gnan, La Rou­qui­qui­nante – Fla­ma­rens 2015 (© Claude Fèvre)

6 août 2015 – Les Musi­cales de Fla­ma­rens 2015

Hom­mage à Jean Fer­rat : La Rou­qui­qui­nante, C’est beau la vie


Châ­teau de Fla­ma­rens (Gers)

C’est vrai que le duo est encore auréo­lé de la magie d’un juillet pas comme les autres. Non content de leur faire vivre un jour à mar­quer d’une pierre blanche dans une vie de couple, il leur a offert, dans la fou­lée, un concert à Antraigues ! On n’a pas besoin d’en dire davan­tage pour expri­mer que La Rou­qui­qui­nante a vécu sa part de rêve éveillé !

Car cet hom­mage à Fer­rat ne date pas d’hier. Tel qu’il est construit ce concert ne s’est pas ins­pi­ré de la célé­bra­tion d’une dis­pa­ri­tion. Il n’a rien de « cir­cons­tance » et c’est tant mieux !

Nous avons déjà dit tout le bien que nous pen­sions de l’interprétation de Karin, enjouée et non moins sou­mise aux grands qu’elle sert de toute son âme. Et ce soir, en dépit de David au pia­no et au cajun qui s’évertuait à bla­guer, à diver­tir, comme pour se pro­té­ger lui-même d’un trop-plein d’émotion, c’est bien cette émo­tion-là qui a eu rai­son de nous. Devant ces vieilles et nobles pierres du châ­teau, tan­tôt rou­gies de l’énergie du com­bat, tan­tôt adou­cies du bleu de la ten­dresse, devant un public recueilli, prêt à chan­ter d’un même cœur/​chœur, Karin a don­né à ce fes­ti­val sans aucun doute l’un de ses plus grands moments. À quoi bon mas­quer son enthousiasme ?

Bien sûr, Karin et David font conces­sion à quelques incon­tour­nables, qui au pas­sage nous rap­pellent la dimen­sion excep­tion­nelle du chan­teur popu­laire que fut Fer­rat : Deux enfants au soleil, Ma France, On ne voit pas le temps pas­ser, C’est beau la vie, La mon­tagne… Plus que des suc­cès, des hymnes. Au fond ce serait facile de s’en tenir là !

Mais Karin et David ont aus­si pui­sé dans un réper­toire plus exi­geant, celui que Jean Fer­rat a bâti au gré de sa fré­quen­ta­tion de la poé­sie, celle d’Aragon bien sûr, celle d’Apollinaire, mais la sienne aus­si. Et c’est hymne encore… hymne à l’amour, à son « mira­cu­leux voyage » et à tout ce qu’il recèle d’espérance en l’autre, en soi, « Vois tout devient pos­sible » : Aimer à perdre la rai­son, Le tiers chant, Si je mou­rais là-bas, Tu es venu (chan­son offerte à Chris­tine Sèvres), L’embellie, Les yeux d’Elsa, Que serais-je sans toi, Heu­reux celui qui meurt d’aimer, Nous dor­mi­rons ensemble.

Mais là où Karin excelle assu­ré­ment c’est dans le réper­toire de la chan­son de com­bat : Les poètes, La com­mune, Maria, Com­plainte de Pablo Neru­da… Est-ce sa che­ve­lure rousse, ses res­pi­ra­tions, son souffle et sa voix qui pour­raient la dis­pen­ser de tout accom­pa­gne­ment ? Sans doute tout à la fois mais il est indé­niable que l’interprétation de Nuit et brouillard, seule­ment sou­te­nue par David au cajun à peine frô­lé, suf­fi­rait à elle seule pour rendre compte de la magie de ce concert au châ­teau de Flamarens.

Mais Antraigues aus­si et son public exi­geant et pas­sion­né s’en sou­vien­dront long­temps. Nous le savons déjà.

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
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