Nicolas Fraissinet (© Athos99)
5 octobre 2015 – Concert de Nicolas Fraissinet
Avec Nicolas Fraissinet (piano, guitare, voix), Rosalie Hartog (violon, piano), Germain Umdenstock (basse, guitares)
Le Bijou (Toulouse)
Un an presque jour pour jour que nous nous laissions littéralement envoûter par Nicolas Fraissinet, pardon… Fraissinet tout court. Ce serait presque irritant, on le concède, de découvrir à nouveau une chronique qui lui distribue des bons points. Mais qu’attendez-vous que l’on écrive quand un artiste parvient à concilier l’exigence verbale et musicale ? Quand il peut sans complexe s’adresser à la fois au « grand public » (en Suisse, sa deuxième patrie, c’est largement acquis) et au microcosme pointilleux de la Chanson ? Quand il se remet constamment en cause, cherchant de nouveaux arrangements, de nouvelles mises en espace comme ce soir, parfois debout derrière le micro, libre de tout accompagnement instrumental ? Qu’attendez-vous que l’on écrive ?
Ce soir c’est un trio qui s’offre à nous. Ils entrent en scène tous les trois, Germain, Rosalie et Nicolas. D’un même élan, ils s’en emparent dans la joie et l’élégance. Oui, c’est le mot que nous retiendrons : l’élégance. Mot qui allie les notions d’harmonie, de beauté et de simplicité.
Nicolas au piano, c’est déjà en soi un spectacle raffiné. Ce sont des regards tendus vers nous, c’est une aisance dans le jeu, c’est une voix. Germain qui l’accompagne à la basse et à la guitare, à quelques enjambées de lui, est dans un partage total du corps et des regards complices. Et que dire de Rosalie, grimpée sur ses talons hauts, jambes fines, silhouette gracieuse, violoniste mais plus encore et souvent duettiste ? Moment de grâce où grimpée derrière le piano, elle accompagne Reviens dans un éclairage qui dessine leurs deux silhouettes. Au passage – et c’est justice – bravo à la fidèle et précieuse Laura, technicienne du Bijou ! Qui a entendu un jour Fraissinet se souvient de cette chanson-là. Une très, très grande chanson qui signe définitivement son talent d’auteur-compositeur !
Il y en aura d’autres chansons. Celles qui déroulent la carte du tendre d’un homme en mal d’aimer mieux et plus fort, celles d’un homme dont l’imaginaire est habité d’étranges créatures, signature de l’album Les Métamorphoses. Mais on découvre aussi de nouvelles chansons délicates comme La rivière, ou révoltée Petit con, ou l’appel à l’espérance de l’ultime chanson de rappel, « Regarde devant le soleil nous attend ».
Pour finir on retiendra un instant d’émotion toute personnelle. À mi-parcours, pour introduire Dis quand reviendras-tu, unique reprise de son concert, Nicolas (on voudra bien m’autoriser cette fois l’usage du prénom) brandit un livre de poche où se détachent le visage de Barbara et le titre Un piano noir. Il dédicace cette chanson à la personne qui lui a offert à l’occasion d’un festival en Ariège.
L’élégance, je vous le redis. L’élégance.