Lancement du « mook » Hexagone (©David Desreumaux)

Lan­ce­ment du « mook » Hexa­gone (© David Desreumaux)

18 septembre 2016 – Soirée de lancement du n° 1 du « mook » de Hexagone

avec Xavier Lacou­ture dans le rôle du maître de céré­mo­nie et par ordre de pas­sage en scène, Gau­vain Sers, Julien Bel­liard (Zo) , Jéré­mie Bos­sone, Garance, Valen­tin Van­der, Liz van Deuq, Clio, Her­vé Suhu­biette, Thi­baud Defe­ver (Presque Oui) et Anne Syl­vestre

Forum Léo Ferré (Ivry)

C’était au début des années 1970, à Libre­ville […] C’était… le temps d’avant l’arrivée de la gauche au pou­voir, d’avant la libé­ra­tion des ondes… Le temps où c’était « La volaille qui fai­sait l’opinion » (Poulaillers’song). Le temps où la chan­son vivante, pour s’exprimer en toute liber­té, devait se réfu­gier dans les MJC ou les fêtes poli­tiques du PSU et de Lutte Ouvrière où l’on accom­pa­gna Anne Syl­vestre (tiens, les mêmes ini­tiales que Sou­chon !) pour la pho­to de cou­ver­ture du n°1 de Paroles & Musique… en juin 1980.

C’était il y a un quart de siècle, déjà, et pour­tant c’est tout frais dans ma mémoire. Je nous y revois comme si c’était hier… Anne Syl­vestre, donc… Fred Hidalgo

Noces d’argent et Cho­rus de dia­mant (extrait Cho­rus n°52, été 2005) 

Anne Syl­vestre donc … Ce nou­vel épi­sode de l’Histoire de la Chan­son qui est en train de s’écrire pour­rait com­men­cer ain­si. Comme le montre la superbe pho­to­gra­phie de David Des­reu­maux volée à la sil­houette de cette chan­teuse emblé­ma­tique, veillant sur la nou­velle géné­ra­tion qui fait ses réglages pour le spec­tacle qui vient.

On ne sau­rait mieux faire, mieux dire en effet tant elle est plus qu’un talent d’écriture : une figure tuté­laire qui conti­nue, obs­ti­né­ment, géné­reu­se­ment, de se pen­cher sur la chan­son. Celle qui éclot aujourd’hui, tou­jours plus riche et pas­sion­nante. Alors oui, cette soi­rée est un peu la sienne aus­si … et en fili­grane la fête d’un couple absent, celui de Fred et Mau­ri­cette Hidal­go qui, avant David Des­reu­maux et Fla­vie Gir­bal, avaient don­né vie à leurs rêves …et pour long­temps ! Et c’était Anne Syl­vestre en pho­to de cou­ver­ture du pre­mier numé­ro. Comme aujourd’hui. C’est elle, émue, qui l’a rap­pe­lé ce soir et c’est un spec­ta­teur qui a nom­mé, bien trop dis­crè­te­ment, le nom de cette cou­ver­ture : Paroles et Musique ! Si l’on devait expri­mer un regret, au soir de cet émou­vant ren­dez-vous au Forum Léo Fer­ré à Ivry, ce serait celui-là. Ne pas avoir enten­du clai­re­ment énon­cés ces noms, pour nous, essen­tiels. Ne pas avoir vu dans la salle quelques visages de cette brillante rédac­tion ou de ses col­la­bo­ra­teurs. Allez, osons des noms… Comme on aurait aimé par­ta­ger ce moment avec nos amis Yan­nick Del­neste et Albert Weber, avec Ber­trand Dicale, Jacques Vas­sal, Michel Tri­ho­reau, Marc Legras… avec Michel Kem­per qui ne cesse depuis la dis­pa­ri­tion de Cho­rus, de croire à un quo­ti­dien de la Chan­son… Oui, Fred et Mau­ri­cette, vous nous avez man­qué ce soir !

C’était la fête à Ivry. Le « Festi’mook »… ! Un mot que nous créons pour l’occasion. Il écor­che­ra peut-être un peu les oreilles de quelques puristes dont nous avons recon­nu les visages dans la salle. Tou­jours prêts à dégai­ner pour pour­fendre l’ennemi, ceux que Ber­trand Dicale nomme avec déri­sion dans son Dic­tion­naire amou­reux « Amis­de­la­chan­son­fran­çai­se­de­qua­li­té » ! Sou­hai­tons que tous les spec­ta­teurs pré­sents aient sou­te­nu par leur abon­ne­ment cette nais­sance du « mook ». Mot-valise entre maga­zine et book comme Hexa­gone les aime et les crée à l’envi. Voir le lexique où « Bana­li­verne » côtoie sans ver­gogne « Cra­che­to­ner », « Néo­foi­rer » ou « Pis­ser la voyelle » ! Sou­hai­tons donc que tous lisent avec atten­tion les pages 12 et 13 de ce pre­mier numé­ro où Claude Lemesle – peut-on rêver meilleur argu­ment d’autorité ?- sou­te­nu par le des­sin de l’illustrateur-auteur-compositeur-interprète, Pié­rick, conclut « Halte aux cha­pelles. Écou­tons sim­ple­ment la vie chan­ter sur tous les tons son kaléi­do­scope infini. »

Ils ont chan­té aujourd’hui, sur tous les tons, ce 18 sep­tembre à Ivry et jamais leur propre chan­son à une excep­tion dont nous nous sommes réjouis. Celle d’Anne Syl­vestre jus­te­ment qui, en fin de spec­tacle nous a offert l’une de ses plus bou­le­ver­santes, Car­casse… et ces mots essen­tiels s’a­dres­sant à son corps : « Ton arme à toi c’est l’es­pé­rance /​À chaque jour qui recom­mence /​On recom­mence notre vie ».

Il faut vous dire que tout était remar­qua­ble­ment orches­tré, à com­men­cer par la pré­sence d’un offi­ciant sin­gu­liè­re­ment facé­tieux : Xavier plus Lagau­driole que Lacou­ture qui a com­men­cé par nous gra­ti­fier d’un prêche recueilli dans cette cha­pelle qu’est le Forum Léo Fér­ré ! Moment d’anthologie !

C’est donc lui qui s’est vu confier la mis­sion de pré­sen­ter un à un les par­ti­ci­pants tout en énon­çant les rubriques de la revue, une façon de nous convaincre de la richesse du conte­nu …et de la tâche immense ! Inter­views (exer­cice déli­cat nous semble-t-il… com­ment poser les ques­tions per­ti­nentes, rendre compte d’une conver­sa­tion au dérou­le­ment impro­bable, sans vou­loir res­pec­ter scru­pu­leu­se­ment les redites, hési­ta­tions, inter­jec­tions qui ponc­tuent le lan­gage oral ?), por­traits, dos­siers, chro­niques de concerts, de disques, pré­sen­ta­tions de lieux, de mili­tants … Nous insis­te­rons enfin sur le « Port­fo­lio », en milieu de revue, superbes pages qui rendent hom­mage aux artistes en scène, par la pho­to­gra­phie. On vous conseille la double page 100 consa­crée à Mell… De l’art ! Tout comme la cou­ver­ture avec Anne Syl­vestre et Garance posant son regard atten­dri sur son aînée. Elle res­te­ra sûre­ment dans les mémoires.

Le lan­gage de l’image… Tout est là, dans cette proxi­mi­té de deux figures de la Chan­son, pour dire la ligne édi­to­riale de David et Flavie.

David Des­reu­maux ne tar­de­ra sûre­ment pas à par­ta­ger l’enregistrement vidéo de cette soi­rée où les artistes pré­sents ont offert leur créa­ti­vi­té (quelques goguettes joli­ment trous­sées, notam­ment La Tris­ti­tude appli­quée à l’évènement par Gau­vain Sers, et un Delerm /​Valen­tin Van­der !!) leur sen­si­bi­li­té, leur re-créa­tion. On salue­ra par­ti­cu­liè­re­ment la géné­ro­si­té et l’efficacité de Thi­baut Defe­ver (Presque oui) tou­jours dis­po­nible pour accom­pa­gner les autres. Nous avons enten­du Il est libre Max (Her­vé Cris­tia­ni) par Zo, J’ai ren­dez-vous avec vous (Bras­sens) par Jéré­mie Bos­sone, Ecrire pour ne pas mou­rir (Anne Syl­vestre) par GarancePlein les doigts (Clio) par Liz Van Deuq, La p’tite Bill elle est malade (Alain Sou­chon) par Clio, Je vous appelle (Michèle Ber­nard) par Her­vé Suhu­biette, Je ne suis qu’une chan­son (Kent) par Thi­baut Defe­ver.

Tous réunis en scène enton­ne­ront pour finir une goguette … sur l’air d’Hexa­gone (évi­dem­ment !) avec ce refrain à reprendre en chœur : « Heu­reu­se­ment y a Hexa­gone » ! Nous fini­rons, pour ce qui nous concerne par des vœux de longue et belle vie à cette revue qui, déjà, nous est chère. Sur ces vers de Michèle Ber­nard :« Et si on n” chan­tait plus sur la Terre, /​Vu que c’est un job inutile ? /​Imaginez des pou­mons sans air, /​Une mer sans eau, un toit sans tuiles « (Je vous appelle)… en atten­dant la sor­tie, grâce au finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif, du pro­chain livre de Fred Hidal­go : La mémoire qui chante… une somme de 650 pages !