L’Ariège reçoit la 12<sup>e</sup> édition de Région(s) en Scène : de la création avant toute chose (© droits réservés)

Région|s| en scène (© droits réservés)

du 6 au 8 janvier 2016 – 12e édition de Région|s| en scène

L’Estive à Foix – Salle de spectacles du Casino à Ax-les-Thermes – Salle Léo Ferré à Daumazan (Ariège)

Arlé­sie, Ax Ani­ma­tion et L’Estive, Scène Natio­nale de Foix et de l’Ariège, s’associent pour accueillir Région(s) en Scène – 12e édition

Une vitrine de la créa­tion en région
Pour sou­te­nir la créa­tion régio­nale, favo­ri­ser sa dif­fu­sion, les réseaux Pyra­mid & Mixage, fédé­ra­tions régio­nales de struc­tures du spec­tacle vivant, pré­sentent RÉGION (S) EN SCÈNE 2016, un évé­ne­ment annuel en alter­nance en Midi-Pyré­nées et en Aqui­taine. Plus d’une cen­taine de pro­gram­ma­teurs assistent chaque année à la décou­verte de créations.

Pyra­mid (Midi-Pyré­nées) et Mixage (Aqui­taine), deux réseaux régio­naux autour d’un même événement
Pyra­mid et Mixage fédèrent un nombre crois­sant de petites et moyennes struc­tures de spec­tacle vivant de leurs régions. Ils favo­risent le déve­lop­pe­ment de nou­velles struc­tures de spec­tacles et la créa­tion régio­nale. De nou­velles régions se des­sinent, de nou­veaux par­te­na­riats cultu­rels se construisent. Dans cette nou­velle dyna­mique de ter­ri­toires la pro­gram­ma­tion s’ouvre à une com­pa­gnie de Lan­gue­doc-Rous­sillon et une de Poi­tou-Cha­rentes. En savoir plus…

Entrée libre pour le public quand une cen­taine de pro­fes­sion­nels va vivre d’échanges, de réflexions et d’émotions – du moins on l’espère ! – autour de treize spec­tacles vivants. Pour ce qui nous concerne, on pri­vi­lé­gie­ra bien sûr la musique (cinq spec­tacles) même si le cœur reste encore accro­ché à cette tren­taine d’années consa­crées au théâtre. Mais c’est une autre histoire !

On trou­ve­ra de quoi satis­faire notre avi­di­té de sen­sa­tions. Que vou­lez-vous plus le monde s’agite autour de nous, plus sa fré­né­sie et ses vio­lences nous assaillent, plus nous avons besoin de créa­tions. Ques­tion de survie !

6 janvier 2016 – Concert de Guillaume Flamen

L’Estive, scène nationale de Foix (Ariège)

PianoPlatine, exercices de style d’un DJ pianiste

PianoPlatine, exercices de style d’un DJ pianiste (© Louise Rousseau)

C’est d’abord un grand gars, mince et d’une élé­gance stricte qui rejoint deux pla­tines vinyles et un pia­no pré­pa­ré. Il se plante entre ces deux espaces d’expression que tout pour­rait a prio­ri sépa­rer. Sérieux, presque empha­tique dans ses gestes, il s’empare des pre­miers 33 tours… ça gré­sille même un peu. Allez savoir pour­quoi je pense alors aux facé­ties d’un Mau­rice Baquet avec son vio­lon­celle. On entend des petits rires dans la salle. C’est une cho­ré­gra­phie dont on cherche le sens. Et l’on est sou­dai­ne­ment empor­té dans une ren­contre impro­bable de sons, dif­fi­cile à com­men­ter tant on en devine la part d’improvisation. Alors par­fois Guillaume Fla­men nous aide un peu, par exemple en bran­dis­sant osten­si­ble­ment une pochette d’album de John Cage ou de musique japo­naise ou bien encore des partitions.

C’est pour nous, spec­ta­teur peu pré­pa­ré à de tels assem­blages, d’abord une perte de repères, puis une invi­ta­tion au voyage, sonore et inso­lite, comme si l’interprète muet inven­tait là, sous nos yeux un nou­veau lan­gage. Son lan­gage intérieur ?

7 janvier 2016 – Concert de Michel Macias « En attendant »

Salle de spectacles du Casino d’Ax-les-Thermes (Ariège)

Michel Macias en solo, l’accordéon à la place du cœur

Assis dans un rond de lumière, devant le rideau rouge, l’accordéoniste est ce soir en majes­té. Aux pre­mières mesures on est lit­té­ra­le­ment hap­pé par la géné­ro­si­té de l’interprète, par son sou­rire bien­veillant et les notes qui s’élèvent, aériennes, de son ins­tru­ment. Très éloi­gné de l’interprétation des accor­déo­nistes des bals musette de notre enfance, il semble cares­ser, effleu­rer les touches de son « Bel­tu­na ». Elles n’ont aucun mal à venir faire leur nid douillet dans nos mémoires car elles égrènent par ins­tants des mor­ceaux fami­liers (du musette jus­te­ment, sur lequel on a dan­sé, il y a si long­temps déjà, du jazz, on recon­naît avec bon­heur Take Five, de la chan­son, Cécile…) pour ensuite nous empor­ter vers des terres inconnues.

Il faut avoir vu Michel Macias fer­mer les yeux, bas­cu­ler son visage en arrière, se lais­ser aller à fre­don­ner comme le fait Keith Jar­ret au pia­no. Le rap­pro­che­ment nous a sem­blé une évi­dence. L’homme ne fait qu’un avec son ins­tru­ment et c’est dans la bouche d’un spec­ta­teur (lui-même musi­cien aver­ti) que nous avons enten­du les mots justes : « Sa pre­mière langue, c’est l’accordéon ». On s’arrêtera un ins­tant sur l’interprétation déli­cate de la Sara­bande de Jean-Sébas­tien Bach qui nous a fait fer­mer les yeux de jouissance…

7 janvier 2016 – Concert de Camu « Ça ira »

Salle de spectacles du Casino d’Ax-les-Thermes (Ariège)

Le trio Camu : toujours du beau !

Le trio Camu : toujours du beau ! (Ⓒ Claude Fèvre)

On vous a déjà par­lé du très jeune Coren­tin Grel­lier, de ses ins­tru­men­tistes, Fabien Valle à l‘accordéon et Yous­sef Ghaz­zal à la contre­basse. De son appa­ri­tion dans le pay­sage de la chan­son tou­lou­saine et de la tra­jec­toire qui l’a mis si rapi­de­ment en lumière. Le Bijou vient de lui accor­der un temps de tra­vail en scène et l’on en mesure les effets dans les arran­ge­ments, dans l’occupation de l’espace. Certes on admet­tra qu’il a encore du che­min à faire, notam­ment pour pla­cer sa voix quand elle gagne en inten­si­té. Reste que ce qui nous touche, nous bou­le­verse même, ce sont ses textes. C’est une plume déli­cate et sen­sible, sur­tout dans la pein­ture de l’amour, quelque chose de l’âme de Ver­laine l’habite – Coren­tin avoue ne pas le connaître — quelque chose d’une aqua­relle de Marie Lau­ren­cin ou du Clair de Lune de Debusssy.

Si l’on devait choi­sir une seule de ses chan­sons, on opte­rait pour les Goé­lands fous. Cette poé­sie cise­lée, poi­gnante, nous arra­che­rait des larmes à l’évocation de cette embar­ca­tion qui s’éloigne du quai où la mère reste « droite comme un I sans son point ». Aux pre­miers mots du concert — sim­ple­ment dits et c’est si bien ! – on se laisse empor­ter, on ouvre avec lui son livre d’images et l’on pour­suit le voyage, en barque sur ses mots ailés, « encore, encore, le bleu du ciel ».

Quelques liens -

Le site de Région|s| en scène, c’est ici ; ain­si que ceux de Guillaume Fla­men, Michel Macias et Camu.
Mes autres articles Camu sont ici, et ceux Région|s| en scène sont là !