13 mai 2016 – Peau neuve
avec Lili Cros (basse, guitare, percussions, chant) et Thierry Chazelle (guitares, percussions, chant et… course à pied !)
Le Bijou (Toulouse)
« Sur la pochette leurs deux visages s’assemblent et se confondent avec ces lettres qui claquent comme un slogan, Peau neuve, et cet adjectif qui s’étale en lettres manuscrites avec des rayons tout autour. C’est un brin d’enfance qui s’affiche sur le décolleté de Lili, juste sous son sourire malicieux. Prenez- en de la graine, du semis de joie et d’optimisme car c’est vraiment eux ! Vous le savez bien, pour peu que vous ayez eu la chance de les croiser un jour. Ce n’est pas seulement une esthétique, un propos artistique. Le bonheur leur va si bien. On vient en concert s’abreuver à leur joie d’être en scène, de s’aimer et de le chanter. »
On a bien entendu quelques scrupules à citer pour commencer ce que l’on a déjà écrit pour saluer Peau neuve, l’album. Et pourtant on se retrouve de plain-pied avec ses sensations, à l’instant où il est question du concert. Ce moment attendu de retrouvailles avec des artistes qui vous font tant de bien. C’est de la chanson sucre d’orge, du bonbon de l’enfance par ces temps de gris. C’est chaud, c’est doux. C’est comme un verre de bon vin, « à l’amitié, l’amour, la joie ! ». Ça vous réchauffe le corps et le cœur.
Dans le spectacle qu’ils nous offrent, tout est en place avec sobriété et efficacité. Une mise en espace de leurs chansons, anciennes et nouvelles où leurs échanges de regards, leurs sourires sont un texte à déchiffrer de leur connivence, de leur partage et de leur amour.
Pour cette Peau neuve, ils ont quitté le rouge et noir de leur tenue de scène pour un ton chaud, orangé, toujours marié au noir. Lili porte une robe évasée, à la découpe vintage, qui lui arrive à mi-mollets. Elle est recouverte d’un tulle noir, un plumetis à pois. Elle lui dessine une de ces silhouettes du Petit écho de la mode, cher à ses deux grands-mères, Irène et Charlotte. Lui a‑t-elle donné le nom de son émouvante chanson Attends-moi mon amour ?
Elle a abandonné sa pédale de grosse caisse. Ce rythme si caractéristique de leurs chansons nous est maintenant donné quand ils montent sur deux petits tremplins sur la scène (sorte de « stompbox » ?) – chacun le sien. C’est amusant, ils montent de quelques centimètres et c’est propice à des tapements de pieds, des claquettes. Souvent, Lili ajoute alors des percussions corporelles, claquements de doigts, frappes sur son buste.
On devine que tous leurs déplacements sont prévus pour donner du sens, que ce soit pour souligner l’émotion quand un halo de lumière chaude enveloppe Lili, que Thierry est dans une semi-obscurité ou quand, au contraire, pour notre plus grande joie, il se met à courir traçant des cercles enjoués autour d’elle.
Thierry est celui par qui l’humour, la fantaisie arrivent y compris dans l’introduction des chansons. Lili et sa voix ample, qu’elle pousse dans des sphères vertigineuses parfois, apporte la touche sensible. On n’est aucunement surpris de découvrir grâce au livret de l’album comment se répartit l’écriture des chansons. Mais l’ensemble du répertoire s’assemble, s’emboîte pour offrir un vaste panel d’émotions. On rit franchement d’entendre Erotika – il serait vraiment dommage d’en priver le public ! – de découvrir Mon hit, mon hat ou Les petits attributs, cette chanson qui n’échappe pas à l’envie d’égratigner au passage quelques nantis ; on rit de leur endormissement cadencé dans Les Narcos ou de leur jalousie alternée dans Clint Eastwood. On se laisse tout aussi bien emporter par la tendresse en écoutant Le vieux chien, Les petits ça pousse, Le petit soldat, L’anneau. On aime Le Havre, le port quand « se lèvent les jolies brumes », et la voix de Lili pour accompagner cette poésie : « Y’a de l’ambre au fond de mes yeux ouverts /Et je bois du bout des cils /la fraîcheur tapie de mousse /Et le pourpre des ruisseaux (Toutes les réponses) ».
Quand le concert s’achève, c’est tout naturellement une ovation d‘un public sous le charme, qui les remercie ainsi de tant nous donner.