Lily Luca (© Sylvie Ena)

Lily Luca (© Syl­vie Ena)

26 novembre 2014 – Concert de Lily Luca


Le Bijou (Tou­louse)

« Encore elle », direz-vous, fidèles lec­teurs. Hé bien, ce n’est sans doute encore pas assez, puisque ce soir au Bijou, le spec­ta­teur s’est fait rare, au point que l’arrivée timide, embar­ras­sée, les regards éga­rés à laquelle Lily Luca nous a habi­tué à son entrée, ne sont peut-être pas si feints qu’ils en ont l’air. Dur de se lan­cer face à un public si clairsemé !

C’est d’autant plus sur­pre­nant que la soi­rée offre deux spec­tacles pour le prix d’un seul ! C’est l’occasion de répé­ter une fois encore le cou­rage de ce petit lieu qui conti­nue de prendre des risques pour nous offrir de tels bijoux. Ben, oui, c’est le mot !

Alors la voi­ci notre Lily. Elle est plu­tôt jolie (si, si !) dans sa petite robe noire qui pour­rait faire un peu trop fille sage, si elle ne s’accompagnait de col­lants rouges. Avec son petit chi­gnon per­ché, ses yeux bruns canailles, sa bouche rieuse, elle campe son per­son­nage mutin. Allez voir un peu dans votre Petit Robert. Mutine Lily ? Oui, insou­mise, facé­tieuse, badine, gamine. Tout à la fois. Du moins, c’est ce que disent ses gestes, ses pos­tures, ses com­men­taires de chan­teuse qui vou­drait bien être une star, mais se contente pour l’instant d’être une « étoile mon­tante », son jeu de gui­tare si dis­cret qu’on l’oublie le plus sou­vent, mais sur­tout ses textes à la devan­ture légère, gour­mande, humo­ris­tique et tendre.

Appel à souscription de Lily Luca (© droits réservés)Mais ne vous arrê­tez pas là ! Entrez dans sa bou­tique, écou­tez ce qui se cache sous le trait fan­tai­siste de Lily la mutine ! Le réper­toire vaut le détour. Qu’elle fasse un grand ménage dans son chez elle et vous com­pre­nez vite que si elle des­cend les pou­belles, c’est avant tout celles qui traînent sous son crâne. Si elle vous chante Mar­got que lorgnent tous les « sali­gauds », c’est pour mieux décla­rer son amour pour elle, sa « cra­pule », sa « vir­gule ». Si elle nous envoie une carte pos­tale de sa ville de Lyon, c’est assez vite une bal­lade qui dérive vers les eaux nau­séa­bondes du Rhône. Quand elle chante l’an 2000, « où tout sera beau­coup plus simple et beau­coup plus beau », c’est en chan­teuse sans âme, robo­ti­sée. Vous l’aurez com­pris, la bande des­si­née de Lily c’est pour adultes et osons l’écrire, pour la par­tie d’entre eux qui n’auraient peut-être pas encore bien com­pris que la femme d’aujourd’hui s’est four­bie des armes ! Ah ! Cette bal­lade des mains bala­deuses où la main fémi­nine se venge en agrip­pant une par­tie de votre ana­to­mie, mes­sieurs, « que rigou­reu­se­ment ma mère m’a défen­du de nom­mer ici ». N’allez sur­tout pas croire que le concert vire au dis­cours fémi­niste ! Oh non, c’est sub­til, poé­tique, et volon­tiers tendre, comme la Plage en hiver ou l’évocation trou­blante de véri­té de « la belle bro­chette qui patauge dans l’âge bête » ou plus encore T’es où, défi lan­cé à la mort.

En un mot, à toi, Lily merci !

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
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