Matéo Langlois – EP Décoder  les cases (©G.A.B - Photographe)

Matéo Lan­glois – EP Déco­der les cases (© G.A.B – Photographe)

13 sep­tembre 2019 – Déco­der les cases

Sor­tie numé­rique et 4 octobre sor­tie phy­sique de l’album 5 titres 

Avec
Matéo Lan­glois, auteur, com­po­si­teur, inter­prète, chant, cla­vier, saxo­phone, beat-box et per­cus­sions
Serge Fau­bert, enre­gis­tre­ment
Alexis Bar­di­net, mas­te­ring


« La liste des gens à remer­cier est bien trop longue alors j’ai mélan­gé tous vos noms dans une machine et ça a don­né : « Glaxbougar ».

Alors voi­là, du fond du cœur, mer­ci, Glaxbougar. 

Plus sérieu­se­ment : Je crois que les gens qui nous entourent sont les gar­diens de nos émo­tions. C’est dans ce sens que j’aimerais vous dire mer­ci : d’être là à veiller sur moi. Je suis si ras­su­ré d’exister en vous, si plein de gra­ti­tude quand après vos conseils je retourne à la musique. Mer­ci d’accueillir ma musique en vous, je me sens pro­té­gé et sou­te­nu, et bien au-delà de mes résul­tats, en vous, je m’aime. Même pas peur. Mer­ci depuis peu, depuis long­temps, depuis le début. Je suis si heu­reux de cette année d’envol. Et même si par­fois, dans la nuit, j’ai l’impression d’être à la mer­ci du monde, quand je pense à ce que vous me don­nez, pro­fon­dé­ment, je veux lui dire mer­ci. » Matéo Langlois 

Même pas peur ! 

Cinq titres, c’est la moi­tié d’un album, mais dans le cas de Matéo Lan­glois c’est une visite de sa pla­nète musi­cale et poé­tique… C’est un vol inter­stel­laire où l’on s’aventure, por­té par les sons et les mots sans véri­ta­ble­ment savoir les­quels l’emportent. Bien enten­du, il serait mal­hon­nête de pré­tendre que notre écoute a fait fi de ce que nous connais­sons déjà de ce jeune artiste, de sa pré­sence scé­nique inouïe, de ses dons d’improvisateur, de ses mots à la por­tée uni­ver­selle, de sa voix unique. Avouons même que nous étions en proie au doute devant cet album… Allait-il sau­ve­gar­der l’émotion ? Allait-il suf­fire à nous trans­por­ter, sans cette inter­pré­ta­tion qui nous plaît tant ?

Allons, regar­dons d’abord la pochette, le livret dans un dégra­dé de bruns, très chic​.La pho­to­gra­phie de cou­ver­ture illustre le titre Déco­der les cases. Matéo y appa­raît en gros plan, por­tant un cadre décou­pant son visage, yeux fer­més. A l’intérieur, l’un de ses sauts éblouis­sants en scène et en vis-à-vis sa sil­houette de dos, accrou­pie, déli­ca­te­ment our­lée de lumière. Au dos de la pochette, il est assis en tailleur, sa main droite levée, la posi­tion évo­quant net­te­ment celle du médi­tant. Tout en haut à droite le cadre semble s’envoler, quit­ter la page… Voi­là… A nous de lire cette suc­ces­sion d’images… Il se pour­rait bien que ce soit une élé­gante, poé­tique invi­ta­tion à rece­voir ses chan­sons comme autant de textes à faire siens.

Tou­te­fois, ne nous mépre­nons pas. Dans cette créa­tion, il n’y a pas d’emphase, pas d’affectation ni de solen­ni­té. L’auteur est humble, il livre élé­gam­ment sa pen­sée d’homme en marche, « Et le che­min s’étend /​Là juste devant mes pieds /​Il semble crier une véri­té que je ne per­çois pas »…Une cer­ti­tude, il ne résiste pas à l’envie de cou­rir « Par­don, pous­sez-vous ! Excu­sez-moi je cours… » Il dit « Yes » à la vie, au « ren­dez-vous avec l’allégresse » Ce n’est pas rien ce mot et ses deux L/​ailes ! La musique s’élève alors et s‘achève dans un vrai tin­ta­marre qui néces­site de dire « Chut » pour enta­mer la chan­son sui­vante, titre épo­nyme, adres­sé à cha­cun de nous dans ce monde où tout est cen­sé entrer dans des cases, même « le hasard, l’amour, les rêves et les émo­tions. »

A moins que ces chan­sons ne soient plu­tôt l’écho de la pen­sée d’un homme en vol, « per­du dans l’infini », tom­bé par acci­dent sur cette pla­nète qui est la nôtre. Un être dou­lou­reux enfer­mé dans sa peau, dans ses pen­sées ce « Je » qui demande du répit… La voix du chan­teur, beat-boxer, se démul­ti­plie alors en quan­ti­té de ponc­tua­tions, souffles… « Peau-être » écri­rait Claude Nou­ga­ro… Un être « qu’on regarde bizarre, qu’on montre du doigt » dans la ville où « le gou­dron va finir par salir [sa] poé­sie »… On ne résiste pas à la com­pa­rai­son avec Le Petit Prince de Saint-Exu­pé­ry… Sa blon­deur, sa sil­houette mince, son éton­ne­ment et ses ques­tions devant le monde. Et l’on se demande quand il repren­dra son vol sur le tapis volant de sa musique bien sûr …

Car on se sau­rait par­ler de cet album sans par­ler sons, musiques comme un cœur qui lutte et se bat. Pul­sions vitales qui donnent une furieuse envie de bou­ger, de dan­ser. Sans par­ler de ce saxo­phone avec lequel on le sait en totale osmose, l’instrument pro­lon­geant le fil de ses sen­sa­tions, ses émo­tions. Dans les chan­sons de l’album il s’immisce pour aller plus haut, plus loin, plus libre­ment dès le pre­mier titre « A chaque oiseau sa plume, à chaque auteur sa patte /​à cha­cun son bou­quin » puisque « Vivre, si c’était comme un livre » avec ce long, vibrant lamen­to du saxo­phone qui s’achève accom­pa­gné par les notes du cla­vier… Il peut aus­si se faire cri comme dans « La ville », un cri sem­blable à celui du tableau de Munch.

On referme cet album avec la ferme inten­tion d’aller très vite revoir Matéo Lan­glois en concert, sur la scène où s’épanouissent ses talents mul­tiples et où ses chan­sons parlent au cœur et au corps.

Ce sera chose faite, les 12 et 13 sep­tembre au Bijou.