20 avril 2016 – Création de Cucul mais pas que… 2
Nathalie Miravette (piano, accordéon diatonique) et Didier Bégon (guitare, basse et autres effets). Mise en scène de Juliette
Le Bijou (Toulouse)
« Que Nathalie Miravette soit un miracle à mirer et à admirer sur toutes ses facettes, dès qu’elle monte sur scène… nul n’en disconviendra (sauf les mirauds du haut des miradors !) Une belle Mira-belle à consommer, juteuse et croquante, sucrée mais avec ce rien d’acidité qui en relève le goût et donne envie de replonger la main dans la coupe de fruits. »
Les commentateurs rivalisent d’images pour parler de Nathalie Miravette depuis qu’elle s’est affranchie de son rôle d’accompagnatrice, compositrice – auprès des plus prestigieux de la Chanson, tout de même ! — pour occuper à son tour le devant de la scène. Comme une enfant espiègle qui aurait échappé à la surveillance de ses parents !
Ses premiers pas dans son propre spectacle datent de cinq ans déjà. Rodé au festival off d’Avignon en 2011, dans le délicieux petit Théâtre des Vents, son Cucul mais pas que… première version, avec sa tout aussi explosive accompagnatrice Jennifer Quillet, n’a pas cessé de lui valoir des éloges. On souligne à l’envi ses talents de pianiste, de comédienne, d’interprète tendre et délurée. On l’aime, un point c’est tout !
Alors quand s’annonce un nouvel épisode avec un autre accompagnateur pour lui donner la réplique, on se précipite. On est prêt, on l’avoue, à se laisser prendre au jeu quand on regarde le parcours de Didier Bégon nouvellement arrivé à ses côtés. Les trouvailles de la voix et de l’instrument, ça le connaît. Quand il n’est pas dans la formation de Juliette – ce qui en soi est déjà une aventure de taille ! — il s’en va enseigner, écrire, arranger. Aucun style de musique ne lui échappe, et surtout pas les possibles vertigineux du champ de l’informatique.
Escorté donc par ce musicien-là, ce Cucul mais pas que, deuxième version, est plein de promesses. Le duo se met en place, pour devenir au fil des chansons un échange fantaisiste efficace dans le chant, comme dans l’accompagnement musical. Un vrai duo en somme.
Nathalie Miravette, avec sa coiffure sage, sa tunique noire à peine piquetée de quelques brillants, campe son personnage de femme sans âge, attardée dans l’enfance, « championne du monde d’humilité ». Et l’on rit avec elle d’abord de cette chanson — portrait du parfait imbécile doublé d’un goujat, en réponse à « Cucul mais pas que » qui dézinguait les comportements féminins. Match nul ! Puis s’accompagnant de castagnettes, elle enchaîne avec « Y a ceux qui font la chose… » pour rester dans le sillage de ces chanteuses du siècle passé qui, avant elle, avant nous, en avaient eu bien des audaces ! Rejoignant son piano sur lequel elle voudrait nous faire croire qu’elle débute, elle entonne l’inénarrable chanson de Wally, lettre de rupture de la cliente d’Yves Rocher pendant que son accompagnateur mime les mouvements du batteur.
C’est ainsi que s’installe un va-et-vient constant entre les chansons de notre patrimoine, leurs thèmes indémodables, et les créations d’aujourd’hui sur nos réalités très contemporaines comme cette mode du « coaching », ou cette grand-mère d’un tout nouveau style, plutôt hip-hop, fraîchement libérée de prison. On rit franchement comme on rit aussi de Six Roses, de Docteur Miracle où l’on croit réentendre la gouaille d’Annie Cordy. Bien entendu, ce répertoire puise dans les chansons qui se rient des échecs, des malentendus amoureux, des solitudes surtout : Avec moi ça ne dure jamais (Bernard Joyet), Achète un chien (Les Joyeux Urbains), Je hais les gosses (Allain Leprest) La dame pipi (Eric Toulis)…
Au piano, à l’accordéon diatonique, avec seulement l’accompagnement de la basse, de java en chant corse ou slave, ou même en chant lyrique avec ce prétendu manuscrit de Madame Butterfly, les reprises offrent au talent de Nathalie Miravette un immense champ d’exploration.
Et même si la fantaisiste nous enchante littéralement parce qu’elle nous fait tellement de bien, on reste profondément attaché à ces quelques moments de tendresse où sa voix se fait douce et câline : « J’aimerais partager avec toi un frémissement de nos secrets… une chanson qui nous ressemblerait ».
À voir les sourires affichés sur les visages en quittant la salle, à sentir cette joie intérieure qui nous habite, on sait que le nouveau duo a gagné son pari. On se promet même d’y revenir dans quelque temps pour voir comment ces deux-là vont pouvoir grandir ensemble.
Voici la liste des chansons interprétées par Nathalie Miravette ce soir :
La plus modeste (D.Bégon) – Cucul/Concon (M.Lods/Ph.Biais) – La chose (M.Carré/M.Berthomieu) – La rupture (Chraz/Lilian Derruau) – Docteur Miracle (R.Bagdasarian) – Dépressive (D.Bégon) – Dame pipi (E.Toulis) – Tout et rien (M.Carré/N.Miravette) – Une chanson qui nous ressemblerait (R.Lemire/N.Miravette) – Avec moi ça ne dure jamais (B.Joyet) – Mon meilleur amant (F.Morel/N.Miravette) – Grand-mère (D.Bégon) – Je hais les gosses (A.Leprest) – Le miroir du salon (Sim/G.Chatry) – Cucul/Elle est bien brave (B.Joyet/N.Miravette) – Chopin/Achète un chien (M.Urbanet/A.Joyet) – Six roses (G.Coulonges/M.Auzepy)