Pierrick Vivarès, retour en altitude (Ⓒ droits réservés)

Pier­rick Viva­rès, retour en alti­tude (Ⓒ droits réservés)

5 avril 2016 – Ph[o]enix

édi­tions de l’Hacienda & Hé Bon­homme Prod.

Sortie de l’EP 5 titres au Club Radiant à Caluire (69)

« […] Faut-il encore rap­pe­ler l’exactitude et la dic­tion de Pier­rick, ses mots habi­le­ment tis­sés pour abor­der les thèmes qui sont ceux de nos vies d’aujourd’hui, que l’on soit seul à médi­ter ou mêlé, confron­té même, à nos sem­blables ? Arrê­tons-nous, pour le plai­sir de l’évocation, une fois encore, à ce détour­ne­ment de Au Sui­vant du grand Jacques, que Pier­rick achève avec du chant « dipho­nique », moment d’émotion intense. »

Claude Fèvre pour NosEnchanteurs

En 2013, Pier­rick Viva­rès nous avait déjà conquis et nous n’étions pas les seuls puisque le Centre de la chan­son avait récom­pen­sé son pre­mier album, Trans­ports en com­mun. Depuis, nous avons eu l’occasion de reve­nir à plu­sieurs reprises à notre enthou­siasme pre­mier, à cette évi­dence que ce jeune artiste, issu ce que nous nom­me­rons volon­tiers « l’école lyon­naise », en a sous la semelle. Il fait par­tie de ceux dont on guette les nou­velles chan­sons. En voi­ci cinq qui nous ont été confiées en avant-pre­mière, avant même que ne soit lan­cée l’opération séduc­tion /​finan­ce­ment par­ti­ci­pa­tif. Un franc suc­cès d’ailleurs !

Pierrick Vivarès, retour en altitude (Ⓒ droits réservés)

Nous n’avons guère tar­dé à écrire le bon­heur sin­gu­lier de la décou­verte… Décou­verte ? Pas tant que ça, en ce qui nous concerne, au moins pour deux de ces chan­sons neuves. Il y a des jours et Pas si purs ont accom­pa­gné en effet un spec­tacle éphé­mère, une Insur­rec­tion poé­tique du Prin­temps des Poètes 2015 que nous avons par­ta­gée ensemble avec Fré­dé­rique Bobin.

Que nous vaut ce Ph[o]enix ? De quel feu s’est-il consu­mé l’oiseau fabu­leux ? De quelles cendres renaît-il ?

L’artiste est si jeune encore. Se peut-il qu’il ait déjà brû­lé ses ailes à quelques feux inté­rieurs ? La fré­quen­ta­tion de ses pré­cé­dentes chan­sons nous a lais­sé entre­voir qu’il exprime des réflexions, des ques­tions, « au cœur de son cœur », loin d’être ano­dines même si la musique, elle, se veut dyna­mique, entraî­nante, joyeuse. Les arran­ge­ments de cet EP, assez loin de la gui­tare manouche qu’il a beau­coup fré­quen­tée, où cha­cun apporte sa touche (Pier­rick est accom­pa­gné des fidèles Clé­ment Faure et David Mar­duel) confirment ce choix esthétique.

Il y a des jours, c’est vrai qui « com­mencent à l’envers », où l’on se sent la « gueule de tra­vers » et où l’on perd sa conju­gai­son… De même qu’il y a des jours où le simple « sou­rire d’un enfant » suf­fit à nous remettre à l’endroit. Le texte parle à cha­cun de nous et la musique est de celle que l’on fre­donne. Alors cette chan­son en ouver­ture donne le ton… On peut aisé­ment navi­guer dans des sen­sa­tions, émo­tions fami­lières, sou­vent des luttes inté­rieures, et se mettre à chan­ter, accom­pa­gné par des gui­tares élec­triques et une bat­te­rie très « seven­ties ». C’est aus­si l’inspiration de Pas si purs, cette déam­bu­la­tion dans nos vies écar­te­lées, à la recherche du bon che­min : « Ça part dans tous les sens /​Avec un peu de chance /​On trou­ve­ra le bon ». Par­fois on croit que la solu­tion, c’est le départ, faire ses bagages (T’es par­ti) pour « décro­cher la lune », mais ce ne pour­rait bien n’être qu’illusion… Et que dire de celui que l’on inter­pelle Toi l’ami et qui n’est que cet autre soi-même, celui que l’on a dans la tête, que l’on veut défi­ni­ti­ve­ment voir quit­ter les lieux : « Il est grand temps que ça s’arrête /​J’ai besoin d’être seul chez moi ». Cette chan­son et cet EP s’achèvent sur ce cri qui se perd dans les tré­mo­los des gui­tares, et l’entêtement de la batterie.

Si l’on pou­vait encore ima­gi­ner des radios en quête de la chan­son tube de l’année – chan­son d’amour s’entend – on pour­rait d’emblée leur pro­po­ser Aphone et son refrain : « Où étais-tu pas­sée, toi /​Où étais-tu cachée, toi /​Je n’ai su te rete­nir /​Étais-tu fâchée, toi /​Étais-tu pres­sée, toi /​Moi qui ai cru t’appartenir », décla­ra­tion d’amour à l’élue, ten­dre­ment nom­mée « ma vita­mine ».

En somme ces chan­sons-là, on pour­rait dire que la légè­re­té musi­cale y fait contre­point à la force des textes qu’elle emporte loin… Qu’il sera bon d’aller les écou­ter en scène ! On s’en réjouit d’avance.