Alain Souchon et Laurent Voulzy (© Claude Fèvre)

Alain Sou­chon et Laurent Voul­zy (© Claude Fèvre)

11 juin 2015 – Concert d’A­lain Sou­chon et Laurent Voulzy


Zénith de Toulouse

« Ils étaient deux gar­çons /​Ils étaient deux gar­çons /​Leur chant, leur chant /​Emplit la maison. »

Bien sûr, on pour­rait com­men­cer ain­si, avec cette ritour­nelle enton­née a cap­pel­la par le célé­bris­sime duo, comme on l’entend dans leur album cosi­gné, élu album de l’année aux Vic­toires de la musique. Car qui peut contes­ter que ces deux-là ont empli nos mai­sons, nos auto­ra­dios, nos chaînes hi-fi ? Ils sont de notre his­toire per­son­nelle autant que collective.

Que l’on n’aille pas nous faire pro­cès d’être là, ce soir, dans ce haut lieu de la chan­son com­mer­ciale, avec des mil­liers d’autres spec­ta­teurs avec qui on ne se pri­ve­ra pas de chan­ter, dan­ser la biguine debout dans l’allée, de hur­ler sa joie, de fris­son­ner aus­si, du moins on le devine…

Alain Souchon et Laurent Voulzy (© Claude Fèvre)On sou­rit des robes Cour­règes et des queues-de-che­val des jeunes filles qui nous mènent à nos places, des casse-croûte que l’on sort du sac (20h c’est tôt pour un concert !) de l’atmosphère bon enfant. Même les agents de sécu­ri­té ont le sou­rire et n’ont rien de bar­bouzes ! On se délecte sans scru­pule de cette sen­sa­tion éphé­mère d’un ren­dez-vous où se gomment les dif­fé­rences. Les conflits sont en som­meil, et les cha­grins aus­si. Le gigan­tisme du lieu (deuxième zénith de France !) donne assez vite au ras­sem­ble­ment quelque chose d’une grand-messe où Sou­chon et Voul­zy, les deux amis, nous invitent à com­mu­nier à la joie de nos sou­ve­nirs : « Je chante la dou­leur exquise /​Du temps qui glisse… » (Souf­frir de se sou­ve­nir). Alors oui, c’est là un plai­sir béat, un temps sus­pen­du de joie et c’est tel­le­ment bon !

On aime, oui, la reprise de leurs grands clas­siques sur­tout lorsque les deux chan­teurs, éter­nels jeunes hommes, viennent nous ravir devant le rideau dia­phane, dans un halo blanc, en duo gui­tare voix.

On aime, oui, Alain qui par­sème le concert de ses sem­pi­ter­nelles facé­ties d’adolescent et ouvre cet ins­tant plus inti­miste avec ces mots-là : « Dans sa gui­tare, il y a un soleil. »

On aime, oui, l’écran géant et ce tableau d’Eugène Bou­din pour illus­trer La baie des four­mis, ou bien cette vidéo d’un petit matin au volant d’une voi­ture (Il roule /​Les fleurs du bal).

On aime, oui, les envo­lées de cet orchestre où la jeune sil­houette blonde d’Hélène L., cho­riste, mul­ti-ins­tru­men­tiste met sa touche de fémi­ni­té. On aime que les ins­tru­ments nous ramènent au temps béni de J’ai dix ans, Pou­laillers song, Le Bagad de Lann-Bihoué… et aus­si Le cœur gre­na­dine, La fille d’Avril, Le soleil donne. Et bien sûr Rock col­lec­tion… Fran­che­ment tout un zénith qui chante debout Glo­ria, c’est quelque chose !

Alain finit le concert, pan de la che­mise tom­bant négli­gem­ment sur le pan­ta­lon, cra­vate de tra­vers, et Laurent Voul­zy, petit gilet mauve impec­cable… Tous les deux bras levés, saluent inter­mi­na­ble­ment leur public qui en redemande.

On sait bien sûr que la salle va se vider, les lumières de la scène s’éteindre, on sait que cha­cun va ren­trer chez soi mais après tout, c’était si bon d’y croire encore une fois, pour deux heures, deux heures seule­ment : « Ce n’est que par­tie remise /​Chan­ger le vieux monde. Tu ver­ras le pou­voir des fleurs » Ah le charme exquis de la nostalgie !

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
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