9 décembre 2014 – Entretien avec Philippe Couret
Co-directeur de Détours de Chant, aux côtés de Philippe Pagès
Le Bijou (Toulouse)
C’est un homme serein qui nous reçoit à l’heure de l’apéritif au Bijou, décidément QG de la Chanson toulousaine. C’est un homme satisfait de l’édition passée avec ses 80 % de remplissage, ce qui a permis de redresser la barre après le bilan négatif de 2013, suite à la défection du public pour Juliette Gréco.
C’est bien sûr l’occasion de rappeler l’histoire du festival, né de l’initiative et de la collaboration de Hervé Suhubiette et son association Voix Express, et de Philippe Couret lui-même, alors directeur de la Salle Nougaro. Aujourd’hui ce sont 19 lieux partenaires !
C’est l’occasion aussi de souligner l’art difficile de bâtir une programmation, en associant les lieux partenaires, en conservant son identité, en misant sur des valeurs sûres sans se défaire de l’objectif déclaré : faire leur place aux découvertes, à l’émergence. Cette édition confirmera donc cette vocation si l’on en juge par la programmation à la conquête d’un public diversifié.
Sans oublier les talents confirmés comme Richard Desjardins, Michèle Bernard ou Alain Sourigues, place à la confirmation de nouveaux talents, comme Barcella et Manu Galure ou Alima et Dimoné, que le festival soutient depuis de nombreuses années. Place à la créativité de Wab and the funky machine, ou Airnadette (une comédie musicale en play-back… Faut oser !!) aux recherches de KKC Orkestra et MP1 Point 2. Place à la diversité avec Charlélie Couture aux côtés du trio Ezza qui associe le blues et le rock aux chansons traditionnelles touareg, ou à l’éclectisme de Paris Combo, place aussi à la francophonie avec le belge Karim Gharbi, ou le réunionnais Julian Babou. Place enfin à l’émergence avec la journée des « coups de pousses ».
12 jours de festival, avec 42 artistes. Ce n’est pas une mince affaire ! Rappelons que c’est le seul festival Chanson de Toulouse et métropole, voire du département de Haute-Garonne. On pourrait penser que les collectivités territoriales sont mobilisées autour de cet évènement mais ce n’est pas vraiment le cas, les 3 000 € du département faisant presque figure d’aumône ! Avec les 10 000 € de l’ADAMI et moins de la moitié de la SACEM, c’est la billetterie qui assure à 70 % la survie du festival. Si l’association organisatrice, qui produit la plus grande part, offre aux deux Philippe, codirecteurs, quelques cachets, elle ne peut toujours pas bénéficier de l’emploi d’un permanent.
Et les soutiens privés ? Dur combat que celui-là ! Le Crédit Mutuel (vous connaissez ? la banque qui donne le « la » !) bien qu’hébergeant le compte de l’association « Détours de Chant » a généreusement octroyé 1 000 € de mécénat. C’est toujours mieux que le zéro de l’an passé !
En cas de difficultés, ce sont les artistes eux-mêmes qui viendront au secours du festival grâce à des négociations de cachet minimum.
L’affichage dans Toulouse a commencé. Bientôt la place du Capitole se parera des kakémonos à l’effigie du rébus bleu, image du festival.
Un festival en hiver, qui s’étale sur 12 jours, sans unité de lieu, ce n’est évidemment pas le plus facile. Mais ses valeurs d’ouverture, de découverte méritent qu’on l’accompagne de tous nos vœux ! Une bonne idée de cadeau pour vos parents et amis !