Eric Toulis à Layrac (© Claude Fèvre)

Eric Tou­lis à Lay­rac (© Claude Fèvre)

23 Juillet 2016 – Eric Toulis en solo

avec Eric Tou­lis dans Pas vu, pas pris (gui­tare, trom­pette, voix). Invi­té : Jean-Fran­çois Gra­bows­ki dit Nou­nours (gui­tare, voix)

Layrac (Lot & Garonne)

Cette soi­rée là est pla­cée sous de joyeux et tendres aus­pices, ceux de l’amitié dont on ne fait pas seule­ment des chan­sons. Un vil­lage du Lot & Garonne, la cour d’une piz­ze­ria où l’on dresse des tables, sur­mon­tées de leurs para­sols rouge et blanc. Une « tau­lière » au doux nom d’Isabelle et aux yeux de biche, une asso­ciée, les mains dans la farine et le cœur et la voix haut per­chés – pas ques­tion de se lais­ser abattre par les affres de l’intermittence quand on s’appelle Karine Mei­gnan, autre­ment dite La Rou­qui­nante ! C’est à elle bien enten­du que l’on doit l’idée de cette soi­rée. Voi­là pour le décor.

C’est une pre­mière dans ce lieu, dans ce vil­lage de Lay­rac, à une heure du fes­ti­val de Mont­cuq, vous savez, celui qui prône « la chan­son à texte »… On évi­te­ra de com­men­ter cette appel­la­tion pour n’en rete­nir que la qua­li­té. Par­mi les invi­tés de la 12ème édi­tion, un hur­lu­ber­lu, un gugusse prompt à la blague, au calem­bour, au jeu de mots, en veux-tu en voi­là, avant, pen­dant et après les chan­sons : Eric Tou­lis … Un ama­teur de bons mots et de bons vins, un joyeux drille, un bon­homme jovial, tout rond qui souffle volon­tiers dans sa « trom­pi­nette » quand il lâche sa gui­tare. Il se grime, en fait des tonnes pour nous faire rire. Et ça marche ! Tard dans la nuit on en rede­mande. Et comme l’artiste a le cœur gros comme ça – vous pou­vez écar­ter lar­ge­ment les bras pour y loger tous ceux qu’il aime – il a invi­té un ami, un frère que le « monde » de la chan­son, celui qui pro­gramme, peine à recon­naître : Jean-Fran­çois Gra­bows­ki, dit « nou­nours », figure tou­lou­saine. A eux deux, grands ama­teurs de jazz, ils offri­ront le meilleur de la soi­rée, avec leurs deux gui­tares dia­ble­ment effi­caces. Cerise sur le gâteau, La Rou­qui­qui­nante, fini­ra par quit­ter les four­neaux pour nous chan­ter sa ver­sion de Saturne de Bras­sens. Juste le temps de fris­son­ner dans le soir et de se rap­pe­ler qu’elle a un diable de talent pour s’approprier les chansons !

Le monde d’Eric Tou­lis, c’est un peu, beau­coup le nôtre dont il croque quelques savou­reux por­traits, avec une ten­dresse toute natu­relle et un savant agen­ce­ment des mots : La dame pipi est un mor­ceau d’anthologie, et l’évocation de son pépé, de sa pas­sion du bri­co­lage qu’il lui a léguée – lui bri­cole les notes et les mots – vous met­trait les larmes aux pau­pières, comme celle du vieux loup soli­taire, du céli­ba­taire en mal d’aimer, ou de celui qui se regarde dépé­rir dans son miroir… Certes, la satire est au bout du sty­lo quand il s’en prend aux têtes à claques, aux nan­tis bouf­fis d’orgueil et de stu­pi­di­té, à la « petite poule à bijoux » qui vous brise le cœur… Du Sem­pé, du Rei­ser nous dit-il lui – même … Mais il peut plai­san­ter de tout, d’un rien, de la mousse au cho­co­lat, de la pâte à piz­za ou d’« un vieux chro­mo­some bre­ton » avec effets spé­ciaux, mouettes, tempête…et dra­peau breton !

Cette chan­son fait un bien fou ; on y retrouve la source comique d’un Coluche, d’un Fer­nan­del ou d’un Bour­vil. Il fait bon s’y bai­gner pour se laver de la peur et de la haine qui dégou­linent sur nos écrans, pour nous aider à retrou­ver le goût de rire. Le goût de vivre.