Frasiak au théâtre de Bar-le-Duc – double album 2017 (©Raphaël Schuler)
28 décembre 2017 – Double Album Public « FRASIAK au Théâtre de Bar le Duc
Concert enregistré le 03 octobre 2015 au théâtre de Bar-le-Duc lors de la tournée Sous mon chapeau.
Un tour d’horizon des chansons majeures des 4 derniers albums studio (dont 3 chansons de François BERANGER)
Avec
Eric Frasiak (chant, guitares) Benoît Dangien (claviers, mélodica, chœurs) Jean-Pierre Fara (guitares, chœurs) Philippe Gonnand (basse, contrebasse, sax, chœurs) Raphaël Schuler (Batterie, percussions, chœurs)
ACB Scène Nationale – Bar-le-Duc (Meuse)
C’est quoi ce boucan
Ce bruit qu’on entend
C’est la vie qui court
La nuit et le jour
Des applaudissements, quelques notes de piano qui s’envolent, rejointes par le frémissement d’une cymbale, puis des notes de guitare… Une valse lente où s’élève la voix du chanteur : Sous mon chapeau… C’est parti pour vingt et une chansons, deux albums d’un concert déjà paru en DVD.
On est bien près de fredonner avec Eric Frasiak. Ses chansons nous sont devenues familières. Dès le premier titre sa formation – un superbe quintet- donne avec ampleur, précision, harmonie, son délicat et sensible habillage musical. On imagine un instant les heures de répétition pour en arriver là.
On sait cet artiste, optimiste, libre et surtout travailleur obstiné. Un véritable homme de l’Est. Ces deux albums qu’il a produits, réalisés, mixés dans son studio de Bar-le-Duc, en est la preuve une fois encore.
Simple et fraternel, il prend la parole entre les chansons. On perçoit sa joie et sa fierté d’être là, sur cette scène de Bar-le-Duc, sa ville. Pas vraiment de ces villes qui font rêver mais qui gardent, quoi qu’on fasse de nos existences, ce bout de nous essentiel. D’ailleurs Frasiak ne manquera pas d’offrir en rappel son Bar le Duc City Blues, belle chanson hommage à sa ville ouvrière.
C’est à travers son attachement pour François Béranger que l’on comprend le mieux ce qui fait son succès populaire. Dans ce concert il reprend trois chansons de ce tendre libertaire, Tranche de vie, Tous ces mots terribles et surtout, moins connue, Le vieux rêve. Tant pis si les mots Liberté, Amour, Bonheur sonnent un peu faux, on veut y croire encore… Comme l’exprime à la fin le sax nostalgique.
Frasiak, comme son vieux frangin François, son maître es chansons, est avant tout homme de cœur, entêté quand il s’agit de défendre ses valeurs – quitte à passer pour un fichu caractère – vibrant et sensible au monde qui l’entoure. Aux temps anciens on aurait dit un « homme de bien », ou plus loin encore dans le temps un « honnête homme »… Il voit le monde qui l’entoure, il en souffre, comme nous. Alors non, il ne se taira pas. Il écrira des chansons pour exorciser sa révolte, sa peur, pour continuer à humer De l’amour dans l’air. D’ailleurs vous pouvez, pour vous en convaincre, aller directement écouter cette rumba, ce duo piano-guitare et poursuivre avec l’ambiance jazzy de Bebop on est où là ? Il endosse même les mots du prisonnier de la Russie de Poutine (Colonie 6) ou ceux du Migrant, loin de ses côtes de Libye qui « espère qu’un jour le monde retrouvera la raison ».
On comprend aisément que partout où il passe il puisse toucher le cœur des spectateurs. Récemment il a conquis de nombreuses dates auprès des accueillants du festival tarnais de Chantons sous les toits. Ce jour là, on n’en a pas douté une seconde.
Quand il parle de lui, c’est pour mieux évoquer ce qui nous bouleverse tous ou nous a bouleversés un jour comme l’invasion d’internet dans la vie de notre ado (T’étais pas né), la douleur de l’absence si pudiquement et joliment évoquée dans le Jardin de papa, une confidence accompagnée seulement par le piano. Ou pire encore, la douleur au lendemain d’un jour rouge sang à laquelle il répond par Je suis humain.
Pour finir on dira que ces deux albums recèlent ainsi un magnifique hommage à la Chanson, à l’écriture, aux mots et aux mélodies qui les portent, les transportent. Un hommage à la vie tout court : Sous mon chapeau, La vie qui court, J’traîne, et surtout La poésie à laquelle on décernera notre coup de cœur pour le solo final de guitare électrique de Jean-Pierre Fara.
C’est tout juste ce que chantait François Béranger :
Chanter, c’est pas vivre mais c’est l’espérer
Chanter, c’est survivre quand on est vidé
Vidé de ses illusions, tout nu et tout con
Essoré, déboussolé, cassé, piétiné