Olivier Eyt + invités –Théâtre de l’Île St Louis – 2017 (© Claude Fèvre )
17 Décembre 2017 – Concert d’Olivier Eyt et de ses invités
Tout seul, Tout nu
Avec
Olivier Eyt (piano, voix), Lili Cros (voix), Bastien Lucas (guitare, voix) Maxime D’Artensac (guitare, voix)
Théâtre de l’Île St Louis (Paris 4ème)
Quand nous retrouvons Olivier Eyt, vingt-quatre heures avant son ultime rendez-vous au théâtre de l’île Saint-Louis, l’émotion se lit dans sa voix à l’évocation des cinq autres soirées qui l’ont précédé, et d’une autre, le 11 décembre, dans la salle de l’O Gib, à Montreuil, Champagne pour Higelin – le dernier FrancoFans nous parle justement de ce lieu. Une occasion exceptionnelle de se frotter au milieu du Rock, lui, avec son piano et son étiquetage Chanson… Quatre chansons dont une pour terminer qui rassemble tout le monde ! De quoi lui donner furieusement l’envie de recommencer ! Histoire de se donner l’envie… d’avoir envie de ce partage en scène ! Pour un autre J.H. qui lui tient particulièrement à cœur, comme lui tiennent à cœur ses petites mamies, ses papis qu’il retrouve en maisons de retraite.
Tout seul, tout nu affiche la communication de son concert et cette photographie d’un homme couché dans l’herbe verte ! De quoi sourire quand on sait qu’il vit et travaille de plus en plus dans sa ville, Bagnolet, dans son département de Seine St Denis, le fameux 9 – 3 ! Un vrai chanteur –citoyen, prêt à partager en toute occasion sa part d’humanité.
Il faut vous dire que, dans la vie, cet homme pétille de malice, d’un humour bon enfant, d’une joie à créer comme sans doute nous l’indiquent sa chemise improbable sur scène, où dansent des ronds, des bulles, du rouge, du rose, du blanc et la veste noire semée de paillettes qu’il arbore pour accueillir le public. Le côté pile du chanteur au piano qui distille ses mots tendres et mélancoliques, sombres parfois dans une forme éminemment poétique ?
Donc cette dernière soirée ne dérogera pas à la règle d’une première partie avec un(e) invité(e). Ce sera même plusieurs invités. Final oblige ! Sur cette petite scène, dans ce théâtre au décor de velours suranné sont venus, lors des concerts précédents, Missonne, Lili Cros & Thierry Chazelle, Marie Daguerre, Bastien Lucas, Marion Cousineau. Ce soir ils sont trois : Lili Cros, Bastien Lucas et Maxime d’Artensac à l’orée de sa vie d’artiste, après un Capes de musique et une formation de professeur de chant au Studio des Variétés. On a eu le privilège de les voir dans le salon de la maison de Bagnolet, assembler leurs chansons et préparer leur passage en trio. Une première partie toute en élégance, sensibilité, émotions…On comprend qu’ils ont tissé leurs liens autour d’ateliers d’écriture.
La soirée commence avec la voix de Lili Cros qu’elle accompagne seulement de petites percussions corporelles. Elle nous raconte le souvenir charmant d’un premier baiser Au fil de l’eau. Puis c’est Lampedusa qu’ils interprètent ensemble. Vient alors encore une chanson d’atelier, tellement touchante et surprenante, dans le contexte de la disparition de Johnny… Mais très au-delà, c’est une magnifique chanson sur le lien à la mère, sur la naissance d’une vocation. Elle est signée Bastien Lucas… « Quand je serai grand je serai Johnny Hallyday… Pour ma maman, je serai Johnny Hallyday…devenir son Johnny »… Puis ce sera Maxime d’Artensac, qui mettra une note un peu blues, sa diction légèrement « slamée », sa baby guitare, avant d’entraîner ses deux compagnons dans l’interprétation de Is this love de Bob Marley.
Vient alors Olivier Eyt en solo, au beau piano à queue Bluthner. Il commence avec un texte en avant scène, comme une invitation à nous laisser porter, emporter par les chansons tout comme ces « Planeurs dans le soleil, regarde les décoller, s’élever, regarde les voler »… Il faut vous dire qu’avec Olivier Eyt il est bon de se laisser faire, de remiser les pâles et obscures limites de la réalité… Que l’on suive sa grand-mère qui « dit qu’elle n’a pas eu d’enfant, qu’elle en aura jamais », ou cette déambulation dans l’imaginaire d’un décor où « l’air glisse dans le noir »… ou cet enfant, petit cosmonaute qui danse, danse… ou bien encore cette chanson, série de portraits de père, assez glaçants parfois… « Et toi, avec ton papa, c’était comment » ? Que l’on s’amuse de celui qui piste son profil sur son écran… Ou de sa curieuse façon de nous faire rire de la vieillesse, qu’il nous émeuve de ce qui s’en suivra inéluctablement « Quand on viendra te chercher pour te glisser dans la boîte… » On aimera beaucoup aussi ce temps qui obsède, son tic tac, dans cette chanson sur une musique de Jérôme Rousseaux /Ignatus, cette envie d’arrêter le temps, surtout s’il est un temps d’amoureux, pendant que « l’araignée a tissé sa toile ou que l’escargot tout excité a traversé le parc »… Enfin on accordera une mention spéciale à Des journées entières dans les arbres, un texte de Fabienne Bailly, où Lili Cros est venue s’assoir en bord de scène, comme l’enfant dans les branches, et escorter cette délicate évocation des volutes de sa voix.
Olivier aime les reprises, on vous l’a déjà laissé entendre. Alors, clin d’œil aux jeunes qui viennent squatter le banc devant sa porte, il entonne une chanson de PNL… Il invite Bastien Lucas à revenir en scène pour interpréter avec lui La grande ourse de J.P Nataf. Il s’offre à nouveau l’hommage à Jacques Higelin avec Le parc Montsouris et son refrain « Je ne vis pas ma vie, je la rêve… C’est comme une maladie que j’aurais chopé tout p’tit »… Et le concert s’achève sur un final joyeux avec ses trois bons copains, dans Hold Tight.
Cette soirée généreuse avec son solo, ses duos, ses trios, ses chœurs fera dire à Olivier Eyt : « De la dentelle pour moi, pour n’être ni tout seul ni tout nu… »