FredObert,  Histoire de faussaire(s) 2022  (©Christian "Charz" Guillot)

Fre­dO­bert,  His­toire de faussaire(s) 2022 (©Chris­tian « Charz » Guillot)

21 décembre 2021, nou­vel album de Fre­dO­bert, consa­cré à 12 chan­sons de Georges Bras­sens

His­toire de faussaire(s)

Avec

Fred Dau­bert (chant, gui­tares) Benoit Caillault (basse, gui­tares, contre­basse, saxo­phone, cla­ri­nette, trom­bone) Yan­nick Clu­seau (bat­te­rie, per­cus­sions), Cédric Piro­lal­li (pia­no) Méli­sande Caillault (trom­bone) Jus­tin Caillault (cla­ri­nette) Gael Riteau (trom­pette) Ronan Mazé (saxo­phone) Fan­fare Dix de Der, avec la par­ti­ci­pa­tion d’Eric Tou­lis, Elo­ra Anto­lin (chant)


« Osez Brassens !

Ne vous en tenez pas à des inter­pré­ta­tions plates et confor­mistes. Ne vous conten­tez pas d’astiquer son monu­ment. Faites la fête à ses mots et à ses mélo­dies. Soyez libres et inven­tifs. »

Mes­sage d’Initiatives- Chan­sons aux can­di­dats de la 4ème édi­tion du Trem­plin A nos Chanson.

Le hasard a vou­lu que le nou­vel album de Fre­dO­bert vienne rejoindre le même jour dans notre cour­rier l’album des sept reprises des fina­listes du trem­plin A nos chan­sons. L’association Ini­tia­tives Chan­sons offre en effet – grâce à l’enregistrement de David Des­reu­maux le jour de la finale en public – des reprises libres et auda­cieuses : celles de  Mel­vin dans les nuages, Rat’Shak (Prix de la Créa­tion, coup de cœur des pro­gram­ma­teurs), Oli­vier Ter­wagne, Claire-Marie Bronx, Gui­lam (Prix d’interprétation), Cel­lo Woman (Grand Prix et Coup de cœur du public) et Marie Cheyenne. 

Encore, direz-vous, encore des reprises de Georges Bras­sens dont on a fêté – ad nau­seam ?- le cen­te­naire de la naissance !

De son côté, le trio Fre­dO­bert, pri­vé de la tour­née espé­rée après la sor­tie de son pré­cé­dent album en mai 2020, n’a pas résis­té à l’envie de mettre son grain de sel dans ce qui allait être un anni­ver­saire gran­diose du maître incontesté.

Mais com­ment donc se distinguer ?

Peut-être, com­men­ce­rez-vous par le pre­mier titre mis en ligne, La prin­cesse et le croque-note ? Sûr, c’est une excel­lente entrée en matière. Vous vous lais­se­rez séduire par cette ver­sion chant et fan­fare. On ima­gine même la petite troupe de musi­ciens s’égayer dans la cam­pagne ber­ri­chonne… Car on sait l’attachement de Fre­dO­bert à sa terre et à ce monde mena­cé d’extinction. Georges Bras­sens est, sans aucun doute, un artiste res­té fidèle à cette authen­ti­ci­té là… La voix de Fred Dau­bert est clai­re­ment en tête, on ne manque aucun mot de cette petite mer­veille tex­tuelle, comme tant d’autres du bon maître.

Regar­dons ensuite leur visuel.

Recon­nais­sez qu’il ne sau­rait pas­ser inaper­çu. Quelle pochette, vous en convien­drez sûre­ment avec nous, ce trio équi­pé pour le bar­bouillage, seau de pein­ture, pin­ceau, s’attaquant sans com­plexe à Mona Lisa qui a pris les traits de ton­ton Georges ! Hom­mage à un monu­ment de l’art pic­tu­ral tant de fois tour­né en déri­sion, hom­mage au monu­ment de la chan­son. Voi­ci nos musi­ciens prêts pour l’embellissement – mais oui, pour­quoi pas ? – le camou­flage, le détour­ne­ment, le rapt, la fri­pon­ne­rie… Alors, ils l’annoncent, le pro­clament, ils vont « arran­ger » les chan­sons, les dé-ran­ger… Que le bon maître leur pardonne !

Allons donc écou­ter d’abord His­toire de faus­saire le pre­mier titre, his­toire de « Fausse vierge, fausse pudeur, fausse fièvre, simu­la­teurs » si judi­cieu­se­ment choi­sie pour illus­trer l’art de Bras­sens, tout en y glis­sant trom­bone et cla­ri­nette, mutine jusqu’à la der­nière note… Du vrai bon­heur, ain­si que les trois chan­sons qui suivent. Ce pre­mier quart de l’album se révèle un bel hom­mage à la femme : Dans l’eau de la claire fon­taine, les gui­tares y ponc­tuent déli­ca­te­ment l’amoureuse confi­dence, La prin­cesse et le croque-notes et sa fan­fare qui se joue de la décla­ra­tion de la « petite fée », Quatre-vingt-quinze pour cent enfin, titre judi­cieu­se­ment accé­lé­ré et joyeu­se­ment accom­pa­gné d’une caisse claire… On peut y ajou­ter Saturne, tel­le­ment émou­vante avec sa gui­tare clas­sique, rejointe par la cla­ri­nette et le saxo­phone pour cet aveu « Je sais par cœur toutes tes grâces »…

Avec Auprès de mon arbre on se sent sou­dai­ne­ment l’envie de dan­ser – une chan­son qui plai­rait aux enfants, ain­si orches­trée – avant de flir­ter car­ré­ment avec un joyeux reg­gae dans Le temps ne fait rien à l’affaire où se glisse le com­plice Eric Tou­lis ou de tendre fran­che­ment vers le rock dans l’inénarrable Héca­tombe, cette épo­pée « Au mar­ché de Briv”-la-Gaillarde ». On se laisse cueillir par le pia­no jazz dans le tendre tableau des amou­reux des bancs publics, par une déli­cate gui­tare dans les Stances à un cam­brio­leur, avant que la bat­te­rie ne sou­ligne une cer­taine inten­si­té dra­ma­tique. Pour conclure, la contre­basse en majes­té accom­pagne « La non-demande en mariage ». La voix d’Elo­ra Anto­lin vient élar­gir à pro­pos le mes­sage et faire de cette chan­son, deve­nue duo, notre coup de cœur. Une totale réus­site pour clore un album qui ne sau­rait lais­ser indif­fé­rents les amou­reux de Georges Bras­sens tant les arran­ge­ments, judi­cieu­se­ment choi­sis, offrent des lec­tures ori­gi­nales sans jamais sacri­fier le texte, tou­jours au pre­mier plan.

Le trio Fre­dO­bert a bien eu rai­son d’oser Brassens !