Govrache, un gamin d’Paris au festival Dimey (© Christian Valmory)

Govrache (© Chris­tian Valmory)

Au deuxième soir du fes­ti­val de Nogent, le ven­dre­di 11 Mai, Govrache est entré avec sa gui­tare manouche en ban­dou­lière, sa cas­quette (de Gavroche évi­dem­ment !) vis­sée sur la tête. La tenue ves­ti­men­taire n’est pas vrai­ment soi­gnée, pas plus que la barbe naissante…Le chic de ses deux accom­pa­gna­teurs, Antoine Del­prat au vio­lon et Adrien Daout à la contre­basse, sou­ligne d’ailleurs par contraste l’image recher­chée du chan­teur. Le voi­là qui sou­rit et c’est gagné… Enfin, c’est sûr, on a déjà envie de l’écouter ! C’est là la magie du spec­tacle vivant : ça passe ou ça casse ! Avec David Hebert, ça passe et la pre­mière chan­son sur le trac de l’artiste finit de convaincre de se lais­ser prendre. Des applau­dis­se­ments pour remède à son mal, il en aura !

Au cours de ce concert va défi­ler une gale­rie de per­son­nages que l’auteur des­sine avec un réel talent de cari­ca­tu­riste, comme ce comp­table vêtu d’un camaïeu de gris « comme un lun­di », ce vigile « Ter­mi­na­tor de l’escalator », cette Élise à l’église, « pul­peuse bigote », ce vété­ri­naire, bon bour­geois qui laisse sa mère à l’hospice…

Bien évi­dem­ment un gamin d’Paris ne sau­rait man­quer de se faire tendre et David manie tout aus­si habi­le­ment ce registre, comme lorsqu’il évoque ce che­mi­not en retraite qui porte tou­jours son bleu de tra­vail « pour se prou­ver que le réveil ne sonne pas pour rien » et retrouve un brin de vie avec la nais­sance d’un petit-fils, ou ce bar de la marine à Per­ros-Gui­rec évo­qué avec le seul accom­pa­gne­ment de la contre­basse scan­dant que « le pré­sent est le seul temps qui compte quand on est vieux ». Sans doute l’émotion est-elle tout par­ti­cu­liè­re­ment par­ta­gée dans un slam qu’il dédie à son amou­reuse ou dans cette chan­son écrite pour son grand-père hon­grois dont le « rire son­nait comme un voyage ». En milieu de concert, Govrache est seul en scène avec sa gui­tare et c’est à ce moment là qu’il s’attaque à La Mémoire et la Mer de Fer­ré. Il faut oser ! Hé bien, il n’a pas froid aux yeux non plus lorsqu’il retrouve son humour, sa gouaille, pour dénon­cer la petite bour­geoi­sie de France, ou ceux qui pour­raient dire « je perds ma vie à la gagner, je suis tom­bée en panne d’essentiel…je tra­verse la vie sans regar­der le ciel. » Au fond on pour­rait juste rete­nir de ce concert de Govrache ces mots : « Réveille toi, la vie t’attend ! »

Recon­nais­sons que s’il est un artiste qui méri­tait sa place dans ce fes­ti­val, c’est bien Govrache dont la jeu­nesse imper­ti­nente, la géné­ro­si­té en scène, l’humour assurent une des­cen­dance à Ber­nard Dimey.

Article initialement publié sur le site Nos Enchanteurs :
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