Lili Cros et Thierry Chazelle, Chanteurs de charme (© Claude Fèvre)

Lili Cros & Thier­ry Cha­zelle (© Claude Fèvre)

13 mai 2016Peau neuve

avec Lili Cros (basse, gui­tare, per­cus­sions, chant) et Thier­ry Cha­zelle (gui­tares, per­cus­sions, chant et… course à pied !)

Le Bijou (Toulouse)

« Sur la pochette leurs deux visages s’assemblent et se confondent avec ces lettres qui claquent comme un slo­gan, Peau neuve, et cet adjec­tif qui s’étale en lettres manus­crites avec des rayons tout autour. C’est un brin d’enfance qui s’affiche sur le décol­le­té de Lili, juste sous son sou­rire mali­cieux. Pre­nez- en de la graine, du semis de joie et d’optimisme car c’est vrai­ment eux ! Vous le savez bien, pour peu que vous ayez eu la chance de les croi­ser un jour. Ce n’est pas seule­ment une esthé­tique, un pro­pos artis­tique. Le bon­heur leur va si bien. On vient en concert s’abreuver à leur joie d’être en scène, de s’aimer et de le chanter. »

Sor­tie de l’album Peau Neuve (CCLDB)

On a bien enten­du quelques scru­pules à citer pour com­men­cer ce que l’on a déjà écrit pour saluer Peau neuve, l’album. Et pour­tant on se retrouve de plain-pied avec ses sen­sa­tions, à l’instant où il est ques­tion du concert. Ce moment atten­du de retrou­vailles avec des artistes qui vous font tant de bien. C’est de la chan­son sucre d’orge, du bon­bon de l’enfance par ces temps de gris. C’est chaud, c’est doux. C’est comme un verre de bon vin, « à l’amitié, l’amour, la joie ! ». Ça vous réchauffe le corps et le cœur.

Dans le spec­tacle qu’ils nous offrent, tout est en place avec sobrié­té et effi­ca­ci­té. Une mise en espace de leurs chan­sons, anciennes et nou­velles où leurs échanges de regards, leurs sou­rires sont un texte à déchif­frer de leur conni­vence, de leur par­tage et de leur amour.

Lili Cros & Thierry Chazelle, Chanteurs de charme (Ⓒ Michel Gallas | Hexagone)

Pour cette Peau neuve, ils ont quit­té le rouge et noir de leur tenue de scène pour un ton chaud, oran­gé, tou­jours marié au noir. Lili porte une robe éva­sée, à la découpe vin­tage, qui lui arrive à mi-mol­lets. Elle est recou­verte d’un tulle noir, un plu­me­tis à pois. Elle lui des­sine une de ces sil­houettes du Petit écho de la mode, cher à ses deux grands-mères, Irène et Char­lotte. Lui a‑t-elle don­né le nom de son émou­vante chan­son Attends-moi mon amour ?

Elle a aban­don­né sa pédale de grosse caisse. Ce rythme si carac­té­ris­tique de leurs chan­sons nous est main­te­nant don­né quand ils montent sur deux petits trem­plins sur la scène (sorte de « stomp­box » ?) – cha­cun le sien. C’est amu­sant, ils montent de quelques cen­ti­mètres et c’est pro­pice à des tape­ments de pieds, des cla­quettes. Sou­vent, Lili ajoute alors des per­cus­sions cor­po­relles, cla­que­ments de doigts, frappes sur son buste.

On devine que tous leurs dépla­ce­ments sont pré­vus pour don­ner du sens, que ce soit pour sou­li­gner l’émotion quand un halo de lumière chaude enve­loppe Lili, que Thier­ry est dans une semi-obs­cu­ri­té ou quand, au contraire, pour notre plus grande joie, il se met à cou­rir tra­çant des cercles enjoués autour d’elle.

Thier­ry est celui par qui l’humour, la fan­tai­sie arrivent y com­pris dans l’introduction des chan­sons. Lili et sa voix ample, qu’elle pousse dans des sphères ver­ti­gi­neuses par­fois, apporte la touche sen­sible. On n’est aucu­ne­ment sur­pris de décou­vrir grâce au livret de l’album com­ment se répar­tit l’écriture des chan­sons. Mais l’ensemble du réper­toire s’assemble, s’emboîte pour offrir un vaste panel d’émotions. On rit fran­che­ment d’entendre Ero­ti­ka – il serait vrai­ment dom­mage d’en pri­ver le public ! – de décou­vrir Mon hit, mon hat ou Les petits attri­buts, cette chan­son qui n’échappe pas à l’envie d’égratigner au pas­sage quelques nan­tis ; on rit de leur endor­mis­se­ment caden­cé dans Les Nar­cos ou de leur jalou­sie alter­née dans Clint East­wood. On se laisse tout aus­si bien empor­ter par la ten­dresse en écou­tant Le vieux chien, Les petits ça pousse, Le petit sol­dat, L’anneau. On aime Le Havre, le port quand « se lèvent les jolies brumes », et la voix de Lili pour accom­pa­gner cette poé­sie : « Y’a de l’ambre au fond de mes yeux ouverts /​Et je bois du bout des cils /​la fraî­cheur tapie de mousse /​Et le pourpre des ruis­seaux (Toutes les réponses) ».

Quand le concert s’achève, c’est tout natu­rel­le­ment une ova­tion d‘un public sous le charme, qui les remer­cie ain­si de tant nous donner.