Concèze, Dani (© Claude Fèvre)

Concèze, Dani  (© Claude Fèvre)

15 août 2016 – Festival DécOUVRIR – Concèze, Dani

avec Dani (chant) accom­pa­gnée à la gui­tare élec­trique et au chant par Emi­lie Marsh.

Salle du Foyer rural – Concèze (Corrèze)

C’est l’image d’un duo fémi­nin et rock en diable qui s’offre à nous en cette fin de soi­rée. Une de ces soi­rées foi­son­nantes, éclec­tiques qui font le charme et l’identité de ce fes­ti­val DécOUVRIR. Aux pre­miers accents de la gui­tare élec­trique d’Emi­lie Marsh, en pleine lumière, le ton est don­né. Il est vrai que l’on ne se lasse pas de voir cette sil­houette de fille avec sa gui­tare posée sur les hanches se balan­cer aux accents élec­triques, suaves ou enra­gés. Cette pos­ture Rock and roll on devine que Dani ne s’en lasse pas davan­tage. D’ailleurs elle s’est lais­sé tout comme nous séduire. Elle raconte ce soir là où elle a ren­con­tré celle qui devait plus tard l’accompagner dans son nou­veau retour en scène. Sor­tie de concert, une jeune fille s’avance vers elle pour dire son admi­ra­tion et son goût pour l’une de ses chan­sons qu’elles vont nous offrir toutes les deux, là, main­te­nant. Et c’est ain­si que s’est opé­rée la ren­contre. Et l’effet pro­duit par Emi­lie sur Dani se lit encore dans ce regard qu’elle pose en per­ma­nence sur elle pen­dant qu’elle chante. On vous le dit sim­ple­ment : c’est très émou­vant et ce n’est pas pour rien dans le plai­sir véri­table que l’on à la redé­cou­vrir, à tour­ner les pages d’un album où figurent les noms de Serge Gains­bourg, Etienne Daho, Alain Chamfort. 

Ce qui nous touche à l’instant où Dani prend la parole, c’est sa sim­pli­ci­té, son authen­ti­ci­té et cette place qu’elle offre à sa jeune accom­pa­gna­trice. On s’incline devant ce que l’on peut consi­dé­rer légi­ti­me­ment comme un adou­be­ment. Élé­gance de l’aînée qui montre la voie… Elle lui offre d’ailleurs de chan­ter en duo à plu­sieurs reprises avec elle. La jeune voix claire d’Émilie vient en contre chant de la sienne plus grave. Elle accom­pagne, sou­ligne, sou­tient Dani qui ne s’éloigne guère par ailleurs de ce qu’elle a nom­mé, amu­sée, son « porte-paroles », à savoir son pupitre. C’est vrai que nous la sen­tons fra­gile par moments, hési­tante dans les enchaî­ne­ments… Émi­lie veille sur cette artiste dont l’Histoire de la chan­son et du ciné­ma a tra­cé la sil­houette d’une brune un peu gar­çonne. Elle a gar­dé cette allure que nous aimions, aujourd’hui sou­li­gnée par un élé­gant cos­tume pan­ta­lon veste noir. Bien enten­du on aime­ra entendre une nou­velle fois Comme un Boo­me­rang, on aura plus d’une fois l’envie de dan­ser – d’ailleurs plu­sieurs s’y lais­se­ront aller dans le fond de la salle – sur­tout quand il s‘agit de rap­pe­ler qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien. « On est sur la terre pour se lais­ser faire !! La, la, la ! »

Mais Dani sur­prend aus­si quand elle chante une chan­son cata­lane – hom­mage à ses ori­gines – quand elle chante la nos­tal­gie, le rêve qui dure, quand les mots des­sinent un couple d’amoureux cher à Dois­neau… Bou­le­vard du Mont­par­nasse… Puis, quand elle chante l’enfance, Émi­lie au pia­no. On pressent et par­tage l’émotion. A la fin de la chan­son il est ques­tion de vieux parents qu’il fau­drait aller visite. Trop tard peut-être ? Pro­jec­teurs éteints, elles s’étreignent. Ins­tant fugi­tif qui dit beau­coup. Mais Dani est déjà reve­nue dans la lumière. Déri­sion, humour. Un por­table sonne, on lui tend. On lui demande un ren­dez-vous amou­reux. Elle décline en chan­son : « Déso­lée, j’ai renon­cé »…

Une nou­velle fois, c’est avec l’ensemble DécOUVRIR que s’achève le concert pour une der­nière chan­son où souffle un vent du Sud qui empor­te­ra ces ins­tants éphé­mères de par­tage. Mer­cre­di ce sera le tour d’Émilie Marsh de chan­ter ses chan­sons, dans l’ombre tuté­laire de ses aînées qui l’ont construite : Vir­gi­nia Woolf, Pat­ti Smith…et Dani… bien sûr.