7 février 2016 – Toulouse Con Tour
Art Mengo, Magyd Cherfi, Yvan Cujious, Laurent Derache (accordéon), Franck Camerlynck (percussions) et quelques invités de marque…
La Halle aux Grains (Toulouse)
Détours de Chant 2016 s’achève « un dimanche, con ! » à 17 heures, et comme le chanterait Juliette, au Capitole, du côté de Jolimont, aux Trois-Cocus… « Ce n’est pas un gros mot /C’est un léger accroc /Point d’interrogation /Ou point de suspension /Deux consonnes une voyelle ».
Nous sommes à Toulouse, ville où continuent de germer de belles graines de mots et de musiques prêtes à venir nous enchanter… Certes la soirée d’hier baptisée « Coups de pousses » aurait pu nous en faire douter.
Mais au fait s’agit – il bien de mettre un coup de projecteur sur de jeunes talents ? Émergents ? Nous n’en sommes plus si sûrs et nous nous interrogeons sur l’intention. Avouons notre déception, notre envie de griffer et de mordre dont finalement nous avons choisi de nous abstenir pour ne pas gâcher la fête. On exclura de cette mauvaise humeur Louis-Noël Bobey qui, une fois encore, nous a offert sa poésie venue en ligne directe de Jacques Prévert. Dès qu’un mot passe à sa portée, une image, un son, il semble qu’aussitôt il ne puisse s’empêcher d’en faire des arabesques, des broderies, des danses… Écrire, chez ce jeune artiste, c’est une frénésie qu’il nourrit de ses voyages, de ses rencontres, de son regard tendre et amusé sur la vie, les gens. On n’entendra, ni ne verra jamais le même concert. Ce soir il offre un duo improvisé : il a simplement invité un ami, Guillaume Vialaet son xylophone. Hâtez-vous de le découvrir et de répandre la bonne nouvelle ! Pour les plus chanceux, ce sera possible au prochain festival Les Pt’its Bouchons, à Gaillac.
Nous avons tant aimé ce 15e Détours de Chant ! Certes sur les quarante concerts programmés nous n’avons pu écrire que sur douze d’entre eux… Mais c’est déjà ça !
Tout à l’heure les trois compères, Art Mengo, Magyd Cherfi et Yvan Cujious vont mettre un point d’orgue joyeux à ces détours et contours de cet hiver. Nous étions là, à Blagnac il y a deux ans le soir de la création, au 13e Détours de Chant, le 3 février. C’était alors Lionel Suarez qui les accompagnait à l’accordéon, celui qui nous a tant émus aux côtés de Jehan.
Simplement on vous donne à lire, à relire pour les plus ardents lecteurs ce que j’en écrivais alors sur le site de NosEnchanteurs…
Toulouse Con Tour, la belle chanson popu
« Jacques Audiberti, dites – moi que faire /Pour que le maçon chante ma chanson » aurait chanté Claude Nougaro, leur « boss à tous » oui, c’est bien là le vrai défi de la chanson ! Cette chanson qui court dans les rues et s’attache malgré nous à nos mémoires.
Le concert d’hier au soir qui réunissait Magyd Cherfi, Art Mengo et Yvan Cujious pour un joyeux mélange de leurs univers, a remporté la mise. Le public d’Odyssud, plein à craquer, leur a fait une ovation comme ce fut le cas lors leurs précédentes dates.
Si nous étions en droit d’attendre l’incontournable Ô Toulouse, seulement suggéré par Art Mengo à la fin de la Chanson pour le maçon, c’est un choix qui les honore tous les trois. Leur visuel où s’affichent leurs fous rires, la scénographie avec au-dessus d’eux les petites ampoules des bals populaires, l’accordéon de Lionel Suarez (brillant et sensible comme à l’ordinaire) font un délicieux clin d’œil à cette chanson-là, celle qui donne envie de reprendre à tue-tête les refrains, de taper dans les mains, de danser et souvent de s’émouvoir…
Chacun son tour offre seul quelques-unes de ses chansons, façon de marquer son territoire bien personnel : Yvan et sa bonhomie nous baladent dans l’enfance, inventent une histoire d’amour entre deux ponts de Toulouse, s’amusent de nos ruptures sentimentales, Magyd et sa générosité à laquelle on ne peut résister, mettent ses racines à nu où domine l’image de la mère, celle qui voulait à tout prix qu’il soit bon en français, enfin, la voix légèrement brisée d’Art Mengo, accompagnée au piano ou à la guitare, porte ses chansons d’amour à la « langueur monotone » et on s’y laisse embarquer.
Mais, les entendre tous les trois réunis entonner les chansons des autres chanteurs de ce coin de France, est un vrai régal ! De Carlos Gardel à Juliette – bien sûr, celle qui chante que « Con », le petit mot après « boudu », n’est pas une insulte, c’est un genre de mot doux – en passant par Castelsarrasin où Pierre Perret raconte l’histoire de « Mimi la douce », Astaffort où Cabrel des années 70 entonnerait les Murs de Poussière façon ragtime, pour finir sur les tubes des années 80… Ils relookent superbement Macumba, et emportent toute la salle dans le refrain.
C’est sur l’inoubliable succès de Nino Ferrer, Le Sud, qu’ils quittent la scène. Que c’est joli ! Et le public en réclame encore de cette chanson-là.