Davy Kilembe tisse son flow dansant (Ⓒ droits réservés)

Davy Kilembe (© droits réservés)

19 février 2016 – Mellow

Davy Kilembe (gui­tare, chant), Éric Flan­drin (bat­te­rie), Guillaume Bou­thie (contre­basse), Ben­ja­min Facon­nier (trom­pette), Mat­thias Coste (trom­bone)

Sortie de l’album 6 titres à la salle Show Case de la Casa Musicale (Perpignan)

Davy Kilembe tisse son flow dansant (Ⓒ droits réservés)

Nous le disons tout net, cet album-là est un remède à la moro­si­té. Alors, c’est simple, on vous le pres­crit pour peu que vous res­sen­tiez un besoin de sou­rire à la vie mal­gré ses pièges ten­dus, ses chausse-trappes de mau­vais goût. On avoue­ra même un fris­son dans l’échine, des four­mis dans les pieds, une furieuse envie de dan­ser ! Oui, c’est bien ça l’effet Mel­low.

D’ailleurs, on conseille d’aller direc­te­ment à la chan­son titre, la der­nière, pour mieux s’en rendre compte. Elle com­mence sur une trom­pette lan­gou­reuse pour nous empor­ter dans un reg­gae. C’est une « ode à [ses] lettres », oui, un hom­mage à tous ceux qui lui ont don­né envie d’écrire et de chan­ter : « le petit tau­reau tou­lou­sain », « l’homme à la tête chou », celui « de la cor­niche de Sète » — rap­pe­lons que Davy Kilembe lui a consa­cré un album et défend sa re-créa­tion en scène, sa visite toute per­son­nelle. Mais cette liste n’a pas de fin, comme le dit la voix en fili­grane énu­mé­rant à la fin : Oxmo Puc­ci­no, Dick Anne­garn, Ata­hual­pa Yupan­qui, Jean Fer­rat, Fran­cis Cabrel… Bob Dylan… Louis Che­did, Alain Souchon…

Alors on chante avec lui et on danse sur sa musique ryth­mée et métissée.

Ces chan­sons nou­velles, Davy a choi­si de les accom­pa­gner de gui­tares et de cuivres, d’une contre­basse et d’une bat­te­rie, un ensemble acous­tique qui donne cette touche entraî­nante, joyeuse quel que soit le thème abordé.

Il nous a habi­tués en effet à son regard lucide sur notre socié­té, sur nous tous. Il ne nous fait pas vrai­ment de cadeau, même s’il garde le sourire.

On retrouve en lui cet enga­ge­ment-là de res­ter un « chan­teur – citoyen ». Dans Le royaume du roi, le pre­mier titre de l’album, les pre­miers mots, « Il y avait des mil­liers de mai­sons bien ali­gnées en rang d’oignons » tout est dit des dan­gers, des menaces avec cette répé­ti­tion, « T’as vu ». Appel à la vigi­lance pour que ne se perdent jamais des « errances de l’âme ». Au cime­tière du Père Lachaise, devant la tombe de Jim Mor­ri­son, une bande de jeunes et joyeux fêtards oublient la menace qui pèse sur leurs vies fra­giles : « C’est pas demain qu’on des­cend… dans le trou ». Voir ! Et Pagayer rap­pelle que pour cer­tains, les plus nom­breux, de « toutes les cou­leurs, de toutes les paroisses », ceux qui ne seront jamais du côté des nan­tis, il fau­dra tou­jours s’armer de cou­rage, « ramer encore davan­tage ». On ferait volon­tiers le pari que cette chan­son-là pût deve­nir un tube… si nous ne connais­sions les obs­tacles à vaincre pour qu’elle soit suf­fi­sam­ment diffusée.

On vous le répète, Davy Kilembe fait le pari de la chan­son diver­tis­se­ment. Il est capable de vous en faire une de 53 secondes (Sur le Caillou) pour vous dire qu’il n’a plus un poil sur le crâne et que ce sera donc com­pli­qué de lui cher­cher des poux ou de le cares­ser dans le sens du poil… C’est d’ailleurs aus­si avec cette façon de jouer des expres­sions et de leurs images qu’il chante Le cha­peau, trom­pette en contre­point de la voix et de la gui­tare. La chan­son s’achève sur l’envie d’un départ, ailleurs, quand il devient insup­por­table de le trop por­ter ce chapeau !

Pour finir de vous convaincre d’écouter Davy Kilembe, citons-le dans une récente inter­view : « Mon moteur, c’est la vie ! Et les amis qui vous lancent le défi de les occu­per sur leur long tra­jet en voi­ture. La créa­tion n’est pas une chose facile. Par­fois je me dis qu’une chan­son n’aura plus de sens dans un an ou deux puis, je me rends compte que les ques­tion­ne­ments sont cycliques. Mon but pre­mier est de diver­tir, mais si je peux éveiller les consciences, c’est encore mieux ».