20e Festival des Voix, Wanted Joe Dassin (© droits réservés)
17 juin 2016 – Wanted Joe Dassin
avec The Joe’s, Ben Ricour, Laurent Madiot (Fouteurs de joie) & Cheveu (Monsieur Lune), guitares, banjo, cajon, kazoo, thérémine, batterie, percussions.
Salle des fêtes de Boudou (Tarn & Garonne)
« Et puis il y a les Mondes… depuis plusieurs éditions, le Festival s’est choisi une identité, un visage celui des cultures du monde, le Festival des Voix se moque des frontières et des océans, il invite au voyage et à l’imagination. Japon, Mali, Canada, plus près de nous, l’Italie, puis il y a ceux qui ont fait le choix de l’identité régionale par la langue et la tradition et nous font partager la richesse des accents occitans ou encore les sonorités d’une Harpe distillées par un savant mélange de rock et de musique celte. Rien de plus fascinant que de réaliser que le monde est fait de différences, tel un peintre j’appose les artistes comme des touches de couleurs sur une toile jusqu’à ce que doucement se dessine le tableau. »
Juin s’obstine : le monde tourne bien trop mal. Il ne donnera pas de soleil, na !
Hé bien, qu’à cela ne tienne, nous disent l’équipe associative Moissac-Culture – Vibrations et le directeur du festival, Jean-Marc Fuentès, du soleil on va vous en offrir – le mot est approprié ce soir puisque le concert est gratuit !
Bien entendu on leur souhaite malgré tout que le beau temps s’en vienne vite mettre sa touche de chaleur et de beauté sur un festival qui « invite au voyage et à l’imagination ». Sur Moissac, cette ville d’art et d’histoire, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, sur ce territoire niché dans les plaines fertiles de la Gascogne, où Vignes, Vergers et Vallons donnent goût à la Vie.
Ce soir d’ouverture du festival, nous sommes rassemblés dans la salle des fêtes de Boudou – avouez que le nom même a quelque chose de l’enfance – en Terres de Confluences, à défaut de cour d’école de Durfort Lacapelette – l’enfance encore ! – pour cause de mauvais temps. On le regrette un peu, surtout quand le son met à mal les oreilles… Mais on l’oublie très vite car le trio a plus d’un tour dans son sac pour répandre la joie, celle de la fête populaire.
Il est vrai que le répertoire de Joe Dassin, celui des sixties, a tout pour rassembler les générations, pour donner envie de chanter en chœur, de frapper dans les mains, parfois complètement à contre temps – une spécialité bien française – ce qui nous vaut une leçon de rythmique ! Quelle idée aussi d’introduire un rythme 5 x 4 sur le refrain : « Ah qu’il est long, qu’il est loin ton chemin de papa ! » Ce détail vous en dit long sur la fantaisie affichée du trio qui mène son concert à un train d’enfer ! Ils enchaînent les titres – tous des tubes où Pierre Delanoë, Claude Lemesle ne sont pas bien loin ! – jamais le même au chant lead, parfois tous à la guitare, mais le plus souvent dans des arrangements où domine la batterie, ou bien le cajon que Ben Ricou frappe de son pied nu non sans avoir vidé au préalable sa chaussure d’une quantité de sable ! Dans la première partie du concert c’est le tuba de Laurent Madiot qui donne une couleur singulière à la scène comme au son et embarque les Joe’s dans une atmosphère de cirque. On imagine combien les enfants de l’école, qui ont eu droit à leur concert dans la journée, ont dû se régaler !
Banjo, kazoo, ukulélé, et même l’étonnant « thérémine » créent à l’envi l’ambiance des grands espaces d’un western de bande dessinée. L’effigie d’un Joe Dassin de carton en fond de scène, les chapeaux de cow-boy des musiciens, un étrange lampadaire, mi – manège, mi – cactus géant complètent le tableau. Tout ça n’est pas à prendre au sérieux certes : les filles sont belles, comme dans Le petit pain au chocolat, l’amour ne fait même pas mal ou pas bien longtemps – qui n’est pas allé siffler là-haut sur la colline ? – il fait rêver, surtout de l’Été indien, Paris, même en vélo c’est sympa, les bandits ne font plus peur du tout. On a le goût du voyage, de l’Amérique surtout, on chante l’amitié comme celle de L’équipe à Jojo, et l’on fait même une chanson latino de l’attaque obstinée d’un moustique, « No me moleste mosquito » ! On saluera pour l’occasion la remarquable prestation de Nicolas Pantalacci, alias Monsieur Lune ou Cheveu dans son rôle de moustique.
Mais on rendra grâce à ces trublions d’avoir fait le détour par quelques chansons nettement moins rieuses, Mon village du bout du monde, C’est la vie Lily, mais surtout cette étonnante chanson inspirée de celle de Bobby Gentry, cette incursion dans la vie paysanne, comparable à Ces gens-là de Jacques Brel où le personnage de Marie- Jeanne flotte comme un lys dans nos mémoires…
Ce trio réuni pour rendre hommage à Joe Dassin, peut s’enorgueillir d’avoir offert ce soir une ouverture en fanfare à ce festival qui fête vingt ans de bons et loyaux offices au service de la musique et de la voix.
Joyeux anniversaire !
Tout le programme, d’une exceptionnelle richesse, se trouve par ici :
http://www.moissac-culture.fr/festival-de-la-voix/le-programme