22 mai 2015 – 30e Pic d’Or
Audition des candidats
Théâtre Les Nouveautés – Tarbes (Hautes-Pyrénées)
Réveil très matinal puis 2h30 d’une route enviable : le vallonnement du piémont pyrénéen, le Couserans d’abord, puis la Bigorre, sous un doux soleil matinal, dans une verdure insolente. Aujourd’hui, être rédacteur pour NosEnchanteurs est une chance, insolente elle aussi ! Merci la Chanson !
Arrivée dans ce petit théâtre néo-renaissance que la ville de Tarbes a joliment restauré, avec sa scène de 16 m sur 10 capable d’accueillir un piano à queue qui trône à jardin, une batterie et quantité de branchements qui vont se succéder. Voilà un bel écrin ! L’accueil des bénévoles est au diapason : élégant et généreux.
Et pourtant on manque le démarrage des auditions à 9h40… deux candidats avec leur unique chanson (c’est l’exercice imposé !) nous échapperont. La faute au programme qui annonce 10 h et au petit café pris sur l’une des nombreuses terrasses qui nous tendent les bras dans le quartier ! Faisons vite un aveu, le « nous » n’est pas seulement une figure de style car deux magazines web se retrouvent ce matin : NosEnchanteurs et Hexagone, avec Mick, son correspondant toulousain.
Les candidats se succèdent à un rythme fou : une chanson, un petit tour et puis s’en vont ! C’est le moment de s’incliner devant l’exploit accompli par les techniciens… 2h le matin, 2h l’après-midi… même pas le temps d’aller s’en griller une ! Le bagne, quoi !
Alors, alors, comment ça s’est passé ?
Hé bien figurez-vous que ni Mick, ni moi n’avons regretté d’être là, loin s’en faut. Bien sûr, nous souffrons un peu pour les candidats, qui vivent là une épreuve… enfin sûrement. Pas le temps de s’installer, de dépasser les effets du trac. Mais nous voyons là défiler toutes les formes que peut prendre la Chanson. Et c’est franchement divertissant.
On ne manquera pas de s’agacer lorsque les textes manquent de sobriété, d’humilité ou lorsque la batterie couvre les paroles, comme on le craint à chaque fois qu’elle est en scène, c’est franchement pénible ! (Lutopia, Esteban Fernandez, La Bestiole). Mais on s’amuse devant quelques fantaisies, surtout féminines (Liz de Lux, Les Akouphènes, Jane for tea), on se laisse attendrir devant de belles découvertes (Charlie Tango et sa chanson d’amour déchiré, Baptiste Daleman qui marie le reggae à la chanson, Ti-Mano dans un texte percutant) on s’interroge sur l’avenir du traditionnel piano-voix quand il penche vers une chanson trop commerciale (Manon Raineri) ou (trop ?) classique (Angèle, Rosie Marie). À rebours on se laisse volontiers interpeller par les recherches inégales de l’électro en chanson (Ernest Barbery, Bastien Lucas, Ariel Kenig). On aime voir, revoir Émilie Marsh en trio avec batterie (délicate celle-ci !) et son remarquable pianiste : déjà primée sur ce Pic d’Or, elle n’a vraiment plus à démontrer qui elle est…
Osera-t-on dire pourtant, avant que soit révélée la quinzaine d’élus pour la demi-finale, que la sobriété, l’épure d’une guitare voix offre peut-être l’habillage le plus efficace dans de semblables circonstances ? C’était agréable décidément d’écouter la voix singulière de Cyprès au charisme certain, la douce Eskelina ou bien Marianne et sa délicate déclaration d’amour à une femme, sur une mélodie que l’on retient aussitôt.