Bernard Joyet & Nathalie Miravette (© Claude Fèvre)
12 décembre 2015 – Bernard Joyet & Nathalie Miravette
Festival Comme ça nous chante
Café Plum, Lautrec (Tarn)
La mise en bouche de Corentin Grellier
Quel cadeau pour nous tous, pour le café Plum qui sut accueillir particulièrement les débuts de ce jeune auteur, chanteur du groupe CAMU. Merci à Bernard Joyet d’avoir lancé cette généreuse invitation. Comme un parrainage en somme.
Trois petites chansons accompagnées à la guitare et nous sommes sous le charme de cette écriture sensible. C’est un cœur qui bat, le sien, le nôtre. C’est du bel ouvrage d’artisan, celui qui a ciselé, poli amoureusement les mots de sa langue, matière vivante.
Venons-nous d’assister à l’émergence d’un nouveau projet ? Corentin Grellier en solo ?
« Amélie met l’eau à la bouche », lui aussi…
Corentin Grellier, ô le bel ouvrage !
« Du futile au copieux, du distrayant au plus impliqué, derrière le mot Chanson se cachent bien des réalités. Aucun art, que je sache, n’échappe à ces grands écarts. Si on peut chipoter, railler même, le terme de « chanson à texte », force est d’en faire usage quant à celles de Bernard Joyet, qui regorgent de mots comme une panse bien pleine qui vient de faire bombance. »
Bernard Joyet et Nathalie Miravette sont arrivés joyeux en plein midi. Le partage du repas est entrecoupé de quelques essais au piano, au micro… Histoire de s’assurer que tout ira bien, avec l’aide de Stephan, sonorisateur de l’Espace Croix Baragnon à Toulouse, venu à la rescousse… et en voisin.
Car ce soir le concert a lieu dans la salle du café-librairie. La faute au piano qui ne peut pas descendre à la cave.
Disons-le avant tout autre commentaire : c’est une bien belle aubaine. Magie du lieu ? De ces murs tapissés de livres ? Le concert de Joyet-Miravette bénéficie là d’une indéniable chaleur, d’une douceur. On se sent protégés des rumeurs de la vie.
Bernard Joyet occupe avec gentillesse, bonhomie – osera-t-on dire rondeur ? – ce petit espace à portée de main du piano où Nathalie ne le quitte guère des yeux. Ces deux-là s’aiment, s’admirent et nous partageons l’énergie bienfaisante de leur créativité complice. Qu’ils soient remerciés aussi de ce cadeau, au-delà de leur « duo de la note et du mot ».
Bernard Joyet a les yeux pétillants de tendresse, les boucles de ses cheveux blancs semblent le protéger de la rudesse des temps. Il sourit beaucoup, fait bien quelques facéties, mais sans cabotinage. Avec lui, ce soir, nous sommes heureux d’être vivants.
Les chansons choisies, si elles ne manquent pas de nous rappeler la bêtise et la laideur des hommes, leur comédie sociale – avec juste ce qu’il faut d’humour pour ne pas en désespérer – tendent des miroirs à chacun de nous, et nous appellent à l’amour de la vie.
C’est un morceau du voyage d’un homme dans son histoire et chacun de nous peut s’y reconnaître peu ou prou et s’y arrêter le temps d’une chanson. Ce temps peut sembler parfois un peu long, c’est vrai. « Y a trop de mots », Bernard, et tu en ris ! Nous avouerons avoir pris la tangente quelquefois et oublié la guirlande des mots rimés pour écouter Nathalie au piano. Elle a de si puissants arguments pour capter notre attention ! Ô grand Dieu – pardon, Bernard, pour cette exclamation ! – quelle pianiste !
Certes, on aimera se souvenir des chansons satiriques de Bernard Joyet ce soir, – on ne boude sûrement pas le plaisir de rire de cette intelligence-là — mais c’est avec sa tendresse que nous nous sentirons le plus d’affinités. S’il fallait choisir, ce serait certainement les chansons qui touchent à l’enfance, avec ce petit quelque chose qui le rapproche d’un autre Bernard, nommé Dimey. On gardera bien au chaud de son livre d’images jaunies par le temps le récit de Maria avant que « sur la pointe du cœur elle n’ait passé le gué »
Les dernières chansons, celles qui mettent fin au voyage, puisqu’il faut que tout s’achève, font résonner cet appel, comme une prière de mécréant : « La vie commence ce matin ».
Bernard Joyet s’en est allé discrètement, pour laisser place au silence : « C’est l’ivresse de ma patience, ton silence ».
Certes le piano de Nathalie Miravette s’est tu mais « avec le temps on aime encore ».
- Quelques liens -
Le site de Bernard Joyet, c’est ici, la page Facebook de Nathalie Miravette, c’est là et celui de Corentin Grellier (Camu), c’est là.
Mes autres articles sur Camu sont là, ainsi que ceux sur Nathalie Miravette et Bernard Joyet !