Expo Les poto’graphes– Albi, 2020 (©Christophe Ramond – twiter.com)
Du 7 au 12 juillet 2020, en attendant la « gigantesque dinguerie » de l’an prochain, du 6 au 11 juillet 2021
« Festival Pause Guitare Sud de France s’invite chez vous »
Avec
Expo photo à l’hôtel Reynes (Albi) Les poto’graphes du 17 juin au 15 juillet
Présentation de la Sélection du Prix Magyd Cherfi 2021 par Dominique Janin et Alain Navarro : Acte 1 – Orly Music, Clay and Friends, Tiou, Abel Chéret – Acte 2 : Marion Roch, Hector ou Rien, Tom Bird, Billet d’humeur.
Concerts au café Plùm (Lautrec) David Lafore, M.E.S.S.
Matéo Langlois au cloître Saint-Salvi (Albi)- Corentin Grellier en gabarre sur les eaux du Tarn – Réalisation H2G
Albi, Lautrec (Tarn)
Vivre, survivre… Mais comment faire quand les décrets sanitaires vous contraignent à renoncer aux rendez-vous avec le public ? Quand le spectacle vivant est renvoyé aux calendes grecques ? Difficile décidément de se résoudre à disparaître totalement… On invente alors, coûte que coûte, des rendez-vous qui, bien entendu, finiront par atterrir sur les réseaux sociaux, faute de mieux… C’est ainsi que le festival Pause Guitare Sud de France a mobilisé ses troupes pour envoyer le signal d’un désir profond de partages, d’une espérance dans sa survie, tout en préparant déjà activement la programmation 2021.
« On ne lâche rien » sont plus que jamais des mots de résistance.
Nous relayons sans exhaustivité – que l’on veuille bien nous en excuser – un bout de ce programme où se mêlaient exposition, interviews, archives, jeux-concours et surtout, surtout, concerts « pour de vrai » !!
Tout d’abord, arrêtons-nous à l’hôtel Reynès dans le vieil Albi Renaissance ‑rappel de la richesse née de la culture du pastel – pour déguster le travail des six photographes officiels du festival : Lilian Ginet, Jean-Luc Clercq-Roques, Richard Storchi, Fabien Espinasse, Maryline Louis / Mrs Custom’s Pics, Jean Reynès réunis pour témoigner à la fois de la ferveur du public et de l’étonnante générosité en scène des plus célèbres stars internationales. La scène, c’est un espace d’engagements corporels inouïs. La photographie sauve ainsi les fulgurances des corps qui s’offrent sans concession, mais aussi les effets lumineux, la dramaturgie que constitue un groupe de musiciens…
Le festival Pause Guitare d’Albi, c’est une histoire très singulière… Pourquoi ne pas profiter de ce temps d’interdits pour fouiller dans la malle aux souvenirs ? Pourquoi ne pas revenir au livre écrit par Annie Soum/Navarro, publié aux Editions Privat en 2016, pour les 20 ans du festival, avec ce sous-titre éloquent : Un air de famille. Une famille, oui, cette équipe menée tambour battant par Annie et Alain, son mari, avec, aujourd’hui des centaines de bénévoles, la fidélité des spectateurs et bien sûr celle des artistes, dont Cali, l’un des plus chers au festival et à son directeur, peut dire : « Un bol d’air frais vital et foudroyant » ! … De Monestiès, au site de Pratgraussals en passant par le parvis de Sainte-Cécile, c’est effectivement un parcours associatif à vous foudroyer tant on y reçoit d’humanité !
En prolongement de cette lecture ou relecture, on peut revoir le film de 2016… « Y a du vintage » nous prévient-on, et c’est fou ce que cette succession d’images d’archives fait du bien !
Regarder d’où l’on vient pour assurer son pas vers demain et surtout conserver toutes ses valeurs…
Et aujourd’hui, qu’en est-il de cette éthique qui guide, depuis l’origine, les organisateurs ? Sans doute pour répondre peut-on regarder du côté d’un partenaire comme le café Plùm de Lautrec… Regardons la petite cour et son public réuni sous le vénérable tilleul pour écouter David Lafore… Une sorte de Mister Bean chanteur, ce soir du 9 juillet, vêtu d’un bermuda avec des chaussettes vertes du plus bel effet et des chaussures de toile improbables… Un drôle de phénomène qui ose tout ou presque… Le concert ne s’achève-t-il pas avec le public frappant dans ses mains et scandant le mot « assassinat » ? Le lendemain c’est le duo M.E.S.S (entendez « Mélodie en Sous-sol »… sans rapport avec le film d’Henri Verneuil, mais soulignant l’immersion dans l’intime…) La tenue est soignée, du blanc pour lui, du rouge pour elle… Des chansons arrangées façon pop-rock, « nu-jazz, trip –hop », dit-on aussi … En tout cas, les voix sont belles, c’est enlevé, dynamique…
Le 11 juillet, le concert offert par le festival a lieu sur une gabarre, pour un petit public d’invités, et retransmis bien sûr… Un concert-navigation de Corentin Grellier, ses mots aériens, ses images insolites pour dire le mal d’aimer, la quête de je ne sais quelle impossible étoile, l’espoir têtu du Beau, du tendre malgré la mort qui rôde et vous prend sans crier gare ce que vous avez de plus cher, l’amour pour sa mère… Les rives sont riantes, les vieilles pierres roses se mirent dans l’eau… Le temps est à l’espérance. Le lendemain, 12 juillet, les caméras de H2G se posent au cloître Saint- Salvi… Pierres vénérables, vert des arbustes et bleu d’un ciel sans nuage… L’atmosphère est à la contemplation, au recueillement quand Matéo Langlois ouvre son concert avec son saxophone. Les notes volent haut dès l’ouverture, nous agrippent et disons-le, ne nous lâchent plus malgré le filtre de l’écran. Nous les suivons de l’image des « flamants roses » et de leur « envolée sensuelle » à la marche lente du chameau, en tête d’une caravane, de la pulsion rythmique du synthétiseur à la voix qui improvise une bonne dizaine de minutes un chant d’une liturgie à lui seul familière… On comprend alors le mot de Magyd Cherfi qualifiant de « pépite » Matéo Langlois, lauréat du prix qui porte son nom, lors de l’interview au micro de Thierry Cadet en 2019.
C’est en regardant les deux chapitres offerts par Dominique Janin et Alain Navarro que l’on peut refermer cette fenêtre ouverte sur ce festival. Depuis toujours, il se donne pour mission de témoigner de la vitalité de la Chanson. Les deux amis et complices du Prix Magyd Cherfi dialoguent dans la simplicité que leur confère leur amitié, présentant les huit candidats qui se produiront à l’Athanor en 2021. C’est l’occasion de pénétrer dans les coulisses d’une sélection faisant la part belle aux lieux qui, partout dans la francophonie, s’efforcent de révéler de nouveaux artistes : Le Printival de Pézenas, Sémaphore en Chanson de Cébazat, le Pic d’Or de Tarbes… Mais plusieurs fois par an Alain Navarro se rend aussi au Québec, reste attentif à tous ceux qui chantent dans notre langue dans toute la francophonie. C’est ainsi que l’on découvre qu’il connaît souvent les artistes depuis leurs débuts, plusieurs années avant de les inviter sur son festival. On remarquera la diversité des styles et la qualité des propositions. Ce qui est sûr, c’est que le jury aura fort à faire l’an prochain !