Baisers du B’izou de Bruxelles

Au B’izou de Bruxelles (Ⓒ droits réservés)

Il en faut bien de l’énergie, bien du talent, bien de l’obstination pour que vive le son, ici, là-bas, tout le temps… Pour que vive et se pro­page le son des émo­tions, le son des voix et des musiques qu’elles véhi­culent avec ou sans ins­tru­ments, pour que l’écho nous habite encore long­temps, long­temps après. Sûr qu’à cette heure les murs du café théâtre « Au B’Izou », à Bruxelles se sou­viennent des moments vécus le week-end der­nier. J’y étais accueillie pour pro­lon­ger les liens entre notre asso­cia­tion Festiv’Art, son fes­ti­val arié­geois, mais aus­si ses ate­liers. Il va de soi que mon nom n’allait pas créer une émeute devant le 13 rue de la Pro­me­nade, à Ander­lecht où Isa­belle Poi­tre­naud et Jean Sae­re­mans ont posé leurs valises de rêves : rêves de ren­contres autour du texte et de la chanson.

Il leur en a fal­lu de l’audace à ces deux là pour s’installer dans un quar­tier au Sud-Ouest de Bruxelles, plu­tôt dédié aux indus­tries (Coca Cola… mais aus­si cho­co­lats Léo­ni­das) et au foot allié à la célèbre Gueuze !! Folie ? Sans doute, comme pour tous ceux qui pré­tendent jouer à Don Qui­chotte. Mais le résul­tat est là : une salle de 150 m2, une jauge de 80 spec­ta­teurs, une ins­tal­la­tion tech­nique opé­ra­tion­nelle et de qua­li­té (table 32 pistes) un pla­teau scé­nique de 24 m², et un espace bar à côté, le tout équi­pé pour accueillir dans les meilleures condi­tions qui soient spec­ta­teurs et artistes. Et cerise sur le gâteau : l’ensemble est beau !

Main­te­nir ce lieu en vie tient de l’exploit, alors Jean et Isa­belle (alias Iza Loris, auteur de chan­sons… tiens, quel hasard !) méritent bien qu’on parle d’eux.

Sûr donc que l’atelier d’écriture sur le thème « Enfances », en pro­lon­ge­ment de la der­nière édi­tion du Prin­temps des Poètes en France, n’allait pas faire foule et que cette fois-là, on ne refu­se­rait pas des ins­crip­tions comme pour ceux récents, de Claude Lemesle ou Rémo Gary. Mais je peux m’enorgueillir d’avoir par­ta­gé avec plu­sieurs auteurs com­po­si­teurs des moments excep­tion­nels où ils offrirent des textes amples, libé­rés de la contrainte for­melle de la chan­son, des textes qui cognaient, cares­saient, s’envolaient sur les ailes de leur ima­gi­na­tion. Sou­vent les textes « chan­taient » et je ne doute pas que cer­tains fini­ront par rejoindre les strophes et les refrains d’une ren­gaine, d’une romance, d’une com­plainte à moins qu’ils n’atterrissent plu­tôt dans le flow d’un slam.

Cet ate­lier fai­sait suite à une soi­rée poé­sie et chan­son. J’y avais convié Pré­vert et ensuite quatre amis s’étaient empa­ré de la petite scène pour nous faire par­ta­ger leurs com­po­si­tions. Ce concert s’est ache­vé sur un cadeau que m’offraient les voix alter­nées de deux amies, elles-mêmes auteurs de chan­sons. Il s’appelle « Nom de fée ». Je l’avais écrit (et oublié !) pour évo­quer un sujet tabou, plu­tôt rare en chan­son… L’émotion qu’il a sus­ci­tée me pousse à le par­ta­ger pour que vive le son…et les échanges qu’il offre, ici et ailleurs.