« Sous ce toit l’on chante ! Osez pousser la porte pour découvrir chez des gens que vous ne connaissez pas, des artistes que vous ne connaissez pas qui vous interpréteront des chansons que vous ne connaissez pas. Ici l’on cultive la curiosité. Bienvenue à la vôtre ! »
Chaque année l’association L’Oiseau-Lyre compagnie rassemble futurs « accueillants » (particuliers mais aussi associations) et chanteurs dans un seul lieu, la médiathèque d’Albi, en une seule après-midi. Nous sommes venus assister à cet instant qui décidera de la future saison tarnaise sans connaître la liste des 14 candidats sélectionnés.
Un vaste off
Ces rendez-vous intimes avec la chanson – précisons toutefois qu’il faut pouvoir accueillir entre 40 et 60 personnes ! – se déroulent en marge des festivals tarnais qui les soutiennent, Pause Guitare, Les petits bouchons… le principe s’affirme de plus en plus comme une précieuse et efficace alternative à la diffusion « peau de chagrin » des lieux culturels conventionnels. Le sujet est bien connu. C’est même devenu une rengaine.
Certes aujourd’hui, on peut légitimement se réjouir d’entendre Juliette sur les ondes de France Inter le samedi soir dans l’émission J’aime pas la chanson mais…, on sait que pour atteindre le public, le « grand public » il est préférable de compter sur l’imagination et le dévouement du secteur associatif. Un peu partout dans nos campagnes (oui, c’est du militantisme !) nos quartiers, la Chanson s’insinue quoi qu’on dise.
L’édition 2016, créative et éclectique
Si l’on voit revenir avec un vrai plaisir le sourire radieux, l’humour en scène et les textes ciselés de Pascal Mary, on se réjouit encore davantage des découvertes proposées aujourd’hui. Bien sûr, on a ses préférences, ses affections même. Il faut oser le dire tant ce goût de l’écriture journalistique ne saurait faire fi de la rencontre humaine. Certains voudraient nous faire croire à l’objectivité !
On citera d’abord notre trio gagnant : Flo Zink, si joyeuse, si vraie en scène — un peu de légèreté dans ce monde brutal – sans pour autant tomber dans la mièvrerie. Écoutez ses textes, ils pourraient bien vous étonner. Et puis, Louis-Noël Bobey, ce trublion de la poésie et de la chanson, cet infatigable voyageur qui garde à sa semelle un peu de son Jura natal. Il manie et marie les mots dans des slams époustouflants. Enfin on terminera avec François Puyalto. Son chant accompagné (ou pas d’ailleurs) à la basse électrique dont il tire de superbes effets continue de nous interpeller.
Vous aimez le blues ? Alors vous satisferez votre penchant, par deux fois, avec Cadijo, inspiré par le bayou de la Gironde, puis avec Nicolas Vitas qui continue d’occuper l’espace avec sa bonne humeur, son côté dionysiaque.
Vous êtes émus, amusés, par la chanson, celle qui obstinément dessine sa carte du tendre et ses méandres, celle qui peint aussi les aspérités de nos vies et du monde autour de nous ? Alors vous avez le choix. Galim et son infatigable engagement de femme debout. « Les mots tissant l’émotion » de Guilam, Nicolas Roger. Des duos comme celui de Rosie-Marie, voix fraîche et piano qui trouve un allié précieux dans l’excellent guitariste Martial Bort, d’Hélène Piris, fantaisiste autant que gracieuse et émouvante avec Oriol Martinez Codinachs à la guitare, ou Marin, dont l’exigence instrumentale en duo avec Aude Bouttard à la contrebasse hisse haut l’étendard de la poésie, la sienne et celle des autres.
Vous accueillerez un concert chez vous dans l’idée d’en faire une fête, peut-être même de danser ? Alors sans hésitation vous choisirez le duo occitan En Gaouach.
Au fond je me dis que je pourrais me laisser inviter dans toutes ces maisons, ces lieux qui vont faire vivre cette édition 2016. J’aime décidément la chanson !
Pour en découvrir davantage sur certains des artistes cités, j’ai écrit pour : Flo Zink, Marin, Louis-Noël Bobey, Hélène Piris, Guilam, François Puyalto… et bon nombre de ceux qui peuvent être encore choisis en 2016 : Camu, Gildas Thomas, Hervé Suhubiette, Jérémie Bossone, Karim Gharbi, La reine des aveugles, Lucien la Movaiz Graine, Olivier L’Hôte, Orlando, Victoria Lud.