Manu Galure, Tour de France à pied et en chansons (©DDM – Emilie Lauraia)

Manu Galure, Tour de France à pied et en chan­sons (©DDM – Emi­lie Lauria)

22 sep­tembre 2017 – concert de Manu Galure

Grand départ de l’an 1 du Tour de France à pied d’équinoxe à sol­stice… Sor­tie du pre­mier album numé­rique du périple

Avec

Manu Galure (pia­no, voix)


Théâtre Sora­no (Tou­louse)

« J’ai quit­té mes tour­neurs et mon­té une asso­cia­tion sur mesure pour le pro­jet : Le Cacha­lot Méca­nique. Je me suis aus­si entou­ré d’une atta­chée de presse, Chris­telle Cana­by, et de Phi­lippe Pagès (ancien patron du Bijou, ndlr), pour la dif­fu­sion. Il me sou­tient depuis le début de ma car­rière : c’était déjà le tour­neur de mon pre­mier groupe, Les Ptits T’hommes. Je n’étais pas sûr qu’il accepte ma pro­po­si­tion, mais c’est le genre de per­sonne qui a le réseau et qui peut accep­ter ce genre de défi débrouillard : s’occuper de la tour­née d’un mec à pied sans gros objec­tifs de ren­ta­bi­li­té. Aujourd’hui, il passe un temps fou à bri­co­ler un bric-à-brac d’étapes. C’est l’homme par­fait. Côté tech­nique, il fal­lait aus­si trou­ver quelqu’un tout-ter­rain, un peu dingue. Une per­sonne qui connait la régie, fait des pho­tos et des films : Fabien Espi­nasse, pho­to­graphe de spec­tacles et régis­seur, me sui­vra. Il me rejoin­dra tous les dix jours envi­ron pour me ravi­tailler, mon­ter les images, chan­ger mes chaus­sures, s’occuper du son ou ame­ner un piano. »

Manu Galure en entre­tien avec Elo­die Pagès dans Intra­mu­ros n°425, sep­tembre 2017.

Une ran­do en chan­sons, com­ment ça marche ? 

Cette fois, il est par­ti Manu Galure ce 22 sep­tembre, soir d’équinoxe d’automne dans sa ville de Tou­louse. Par­ti pour son long voyage à pied, son tour de France de huit sai­sons. Il en pro­fite pour sor­tir le pre­mier album numé­rique à prix libre, Mon pia­no sur le dos. D’autres sui­vront, enre­gis­trés avec les moyens du bord, « à l’arrache » dit-il, au fil des équi­noxes et des sol­stices. Une façon d’ancrer son périple dans le rythme des sai­sons, et de finan­cer cette aven­ture tout en conti­nuant à créer. On ima­gine aisé­ment toutes ces sen­sa­tions, toutes ces pen­sées qui ne man­que­ront pas de se bous­cu­ler dans sa tête.

Manu Galure a lon­gue­ment expli­qué l’origine de ce pro­jet sur les radios, comme Cam­pus FM Tou­louse aujourd’hui même, ou R’d’autan de Lau­trec – Gaillac au micro de l’ami René Pagès ou pour la presse écrite.

Ce n’est pas un de ses nou­veaux numé­ros d’artiste pro­li­fique en idées folles, en pro­jets inso­lites qu’il nous invente là… ou pas seule­ment ! Manu Galure est un authen­tique ran­don­neur. Un mar­cheur expé­ri­men­té si l’on en juge par sa tra­ver­sée des Pyré­nées par le GR10, un bout du GR5 dans les Alpes, le sen­tier des doua­niers, les côtes de Bre­tagne, en hiver, les sen­tiers cathares… Le GR 367 avec sa variante sud, pour lui la plus belle, de Foix à Port-la-Nou­velle, sur près de 200 km.

En 2012 une tour­née de deux semaines autour de Caen est pro­gram­mée. Il décide alors de relier les villes à pied. L’idée com­mence à germer…

Bref, il connaît la chan­son ! L’art de mar­cher « léger », les bonnes chaus­sures, le sac sur le dos. Sur­tout il se connaît bien dans cet exer­cice phy­sique et men­tal. Il sait aus­si que la marche est un mer­veilleux sti­mu­lant pour la pen­sée. Dans le sillage des mar­cheurs « his­to­riques » et lit­té­raires – on pense à Jean-Jacques Rous­seau, au jeune Rim­baud, plus près de nous à Jacques Lanz­mann – il rejoint aus­si ce qu’il nomme en scène « la Ligue des Chan­teurs Voya­geurs » comme David Sire ou Elie Guillou ou la pia­niste-navi­ga­trice Marieke Huys­mans Ber­thou, à bord de son voilier.

Mais le pro­jet le relie aus­si à une tra­di­tion occi­tane qui lui est chère, à celle des trou­ba­dours. Il ne se contente pas d’un rap­pro­che­ment qui lui vaut une belle image, une méta­phore élé­gante. Il les lit, les scrute, leur emprunte même des idées, des thèmes, par­fois des textes qu’il adapte, comme cette chan­son ins­pi­rée de Guillaume d’Aquitaine, « cour­tois, allègre, qui cou­rait après les filles ». Ce qui vaut au public un clin d’œil comme il les aime : « ça me parle »… Une chan­son assez baroque – du vrai Galure ! – « sor­dide » pré­vient-il, mais qui trace le por­trait du trou­ba­dour « celui qui gêne les folies humaines…Celui qui marche trop légè­re­ment quand le monde court en boi­tant. »

Au théâtre Sora­no, une salle de quatre cents places où se sont mas­sés les parents, les copains, les dif­fu­seurs, la presse, il offre ce soir l’un de ses plus beaux concerts seul au pia­no. Plu­tôt élé­gant, petites lunettes sur le nez, che­veux courts, che­mise blanche… La tenue des grands soirs ! Il offre au public ravi, un maillage de ses chan­sons que l’on aime tant – Maman, Les  Trois petits cochons, un monde un peu fou où se côtoient l’horrible et le tendre, le beau et le laid, celle du der­nier album Que de la pluie – et des chan­sons nou­velles que l’on avait enten­dues le soir de l’inauguration de la sai­son du Bijou. On note tou­jours cette écri­ture qui s’écarte réso­lu­ment du réa­lisme, qui bous­cule les repères, entre comé­die et tra­gé­die, entre rêve et réa­li­té. Entre nuit et jour, entre nature et huma­ni­té. On retient la toute der­nière écrite, cette chan­son où parle la der­nière feuille d’automne qui résiste sur sa branche : « Je vais res­ter encore un peu…et peut-être si je tiens bon, je rever­rai les jours heu­reux. » Ou bien encore la chan­son du vent mau­vais : « Je sais que la Terre est un très vieux pays, le bout du monde est à deux pas d’ici »… Manu Galure reprend aus­si les chan­sons des autres, Ber­nard DimeyJehan Cay­re­cas­tel, Sar­clo, même Dario Fo qu’il tra­duit. Bien sûr le fameux Boum de Charles Tre­net avec qui, de toute évi­dence, il a tant d’affinités. Le bon roi Dago­bert – on aime et rit de la façon dont il s’en empare ! Une ver­sion com­plè­te­ment revue et cor­ri­gée ! C’est sur cette chan­son que le rideau de fond de scène se lève pour décou­vrir ‑ô sur­prise- les deux musi­ciens de ses concerts de 2015, Hugo à la bat­te­rie, Guillaume à la basse. D’autres copains vien­dront du fond de la salle, à grands coups de cuivres, une vraie fan­fare qui va l’escorter avec le public sur les allées devant le théâtre Sora­no. C’est le grand départ dans une ambiance de fête où on le ver­ra même s’adonner à sa pas­sion du moment, la danse, le swing ! Mais on vivra un moment d’émotion quand il chan­te­ra Ramène –moi à la mai­son : « Je veux pas res­ter tout seul /​si tu veux /​on prend le che­min le plus long /​ramène moi à la maison…

Pour l’heure il n’est pas ques­tion du retour à la mai­son mais d’un départ… N’hésitez pas à aller sur son site, à l’aider à com­plé­ter les lieux de concert, là où s’affiche une pas­tille noire sur la carte.

C’est avec Ber­nard Dimey, avec un extrait de cette chan­son qu’il a reprise, que l’on choi­sit de sou­hai­ter « bon vent » à Manu Galure, chan­teur – mar­cheur sur les routes de France.

Il suf­fit de par­tir sur des sou­liers trop grands
De mar­cher sur les eaux, des ailes autour des tempes
De boire des images et de mordre les vents
De cher­cher dans le noir des gueules de sa trempe
Il suf­fit d’être seul et de tenir debout
Au milieu de tous ceux qui gueulent et qui vacillent
Va ton che­min tout droit, l’a­ven­ture est au bout
Et tu ver­ras que l’or n’est jamais ce qui brille 

Ber­nard Dimey (l’aventure la voilà)