Festival Festi’Scrib, printemps 2017 (© François Alquier)

Fes­ti­val Festi’Scrib, prin­temps 2017 (© Fran­çois Alquier)

3 juin 2017 – Festi’Scrib 2017

Ani­ma­tions & concerts orga­ni­sés par l’association La voix du Scribe
Apé­ro-concert du groupe local Comme à la mai­son – Concerts de Strange Enquête et d’Anamibafa

Avec Comme à la maison
Strange Enquête : Jérôme Pinel & Manu Mouret
Ana­mi­ba­fa : Ana­tole Schoef­fer, Sami Bera­mi, Bap­tiste Dale­man, Raphaëlle Toulemonde


Salle poly­va­lente – Banat (Ariège)

Les mots dansent, se balancent au Festi’Scrib qui se donne pour mis­sion de « faire que l’écriture sous toutes ses formes soit au cœur de ren­contres cha­leu­reuses et convi­viales ». C’est un pro­gramme ambi­tieux qui encou­rage toute forme d’expression autour des édi­tions de Vox Scri­ba, des auteurs qui font confiance à Flo­rence Cor­tès, écri­vaine publique. Elle hisse haut son amour des mots, Flo­rence, elle les porte en ban­dou­lière – à moins que ce ne soit dans son sac à malices – et croit fer­me­ment à leur capa­ci­té à ras­sem­bler, réunir. Pen­dant deux jours, par deux fois dans l’année, elle invite ain­si au par­tage avec l’appui de l’association La Voix du Scribe. 

Nous y voi­ci donc, invi­tée à notre tour, à par­ti­ci­per à l’atelier d’écriture ani­mée par Lola Lau­pe­nie. On ne dira jamais assez le plai­sir de jouer avec les mots, de les assem­bler pour en faire des his­toires ou bien de se mettre à ima­gi­ner la défi­ni­tion de mots tom­bés en désué­tude. Connais­sez-vous par exemple les verbes « Acca­gner, déba­gou­ler, jobar­der » ? Ou bien les noms « pétase, pousse-cul, tur­lu­taine » ? « Raque­de­nase » ? Un adjec­tif ? Ah bon !

Allez, on vous livre deux défi­ni­tions nées de notre cer­velle en ébul­li­tion ! Déba­gou­ler = des­cendre la mon­tagne à che­val. Raque­de­nase = sorte de filets à mailles ser­rées pour attra­per les idiots de tout poil. N’est plus en usage depuis le Siècle des Lumières… Ce qui a don­né – à notre seul usage, enten­dons-nous bien ! – la phrase sui­vante : « Ils ont depuis belle lurette renon­cé à l’usage des raque­de­nases… Hélas ! Les idiots – de tout poil donc – conti­nuent à déba­gou­ler dans nos plaines. Main­te­nant il y a en des mille et des cents ! »

Vous aurez com­pris que nous n’avons pas bou­dé notre plai­sir d’autant plus que l’on nous pro­po­sait aus­si de cal­li­gra­phier à la plume, de colo­rier des mandalas…

Le soir venu, l’apéro-concert – cinq musi­ciens, deux cho­ristes de la val­lée, réunis sous le nom de « Comme à la mai­son », gui­tares, basse, djem­bés, per­cus­sions – met en joie, amis, familles. Les enfants se mettent à dan­ser fré­né­ti­que­ment devant la scène. Un air de fête autour de mots et de musiques tein­tés d’Afrique.

Vient ensuite le duo Strange Enquête que la grande majo­ri­té découvre et va rapi­de­ment ova­tion­ner. Déci­dé­ment ce diseur d’histoires qu’est Jérôme Pinel fait mouche à chaque fois, capable de tou­cher tous les publics qui se laissent empor­ter dans le flot de ses mots.

Le quar­tet Ana­mi­ba­fa s’installe ensuite et les spec­ta­teurs entrent immé­dia­te­ment dans sa danse.

« It’s au reg­gae night ! »…

L’auteur-compositeur – et globe-trot­ter infa­ti­gable ! – Bap­tiste Dale­man arrive cette fois sur cet évé­ne­ment qu’il connaît bien, avec la volon­té affi­chée de faire par­ta­ger sa nou­velle « famille », celle avec laquelle il a accom­pli son der­nier voyage. Il y a son vieux pote, Ana­tole, sa voix de tête, sa pré­sence géné­reuse. Il y a Sami, le son lan­gou­reux de sa gui­tare élec­trique, ses « boucles », son beat box. Il y a la voix de Raphaëlle, si jeune et si jolie, à laquelle ces trois gar­çons devront faire une vraie place. C’est un groupe qui naît de leurs qua­li­tés de musi­ciens, dans la cha­leur de leur ami­tié. On apprend que c’est au Viet­nam qu’ils ont com­po­sé ces chan­sons qui nous font dan­ser. Alors on com­prend mieux que l’anglais se soit sou­vent sub­sti­tué au fran­çais, que l’espagnol se soit immis­cé aus­si… Le voyage, l’ailleurs… Loin d’ici… La plage d’An Bang à Hôi An, au centre de la côte Vietnamienne.

Les textes paraissent assez simples, faits pour être repris en chœur… Des textes qui disent l’amitié, l’amour, la joie… comme le chan­tait Graeme All­wright peut-être plus som­mai­re­ment encore ! – mais aus­si une forme de sagesse, la recherche d’un calme inté­rieur. Le groupe, tout fraî­che­ment né, dis­tille une joie assez irré­sis­tible qui émane de sa conni­vence en scène, des sou­rires, des regards échan­gés. On avoue s’être lais­sé por­ter par cette éner­gie com­mu­ni­ca­tive, par cette fraîcheur.

Dans une expres­sion musi­cale qui, le plus sou­vent, nous ramène à nos angoisses, nos peurs, à nos échecs et nos doutes, à ce monde par bien des côtés ter­ri­fiants, quelle aubaine de prendre le temps d’espérer en l’homme ! On y songe for­te­ment ce soir en mon­tant dans sa voi­ture, en se lais­sant sou­dai­ne­ment rat­tra­per par une actua­li­té qui nous arrache bru­ta­le­ment à ce voyage dans la cara­vane des mots.