Lucas Lemauff et Hervé Suhubiette (© Claude Fèvre)
16 octobre 2015 – Piano-voix, Hervé Suhubiette
Avec la participation de Lucas Lemauff
Café associatif Chez ta Mère (Toulouse)
En mars dernier dans ce même lieu, Hervé Suhubiette, avec quelques invités, s’était déjà prêté à la joie du partage, au jeu de la reprise. Sans aucune prétention à la pérennité du spectacle, soulignons-le. Nous étions donc quelques privilégiés à avoir feuilleté avec lui cet album, presque de famille, la sienne, la nôtre : Leprest, Sylvestre, Brassens, Souchon, Higelin et bien d’autres encore.
Cet automne, il y revient. Goulûment !
Quand on sait qu’Hervé ne se prête jamais au copié-collé, on devine que c’est deux bonheurs pour le prix d’un. Il s’empare d’un titre et le cuisine tant et si bien, qu’il vous semble goûter un nouveau plat. Cet artiste a décidément le goût des autres ! Dans toute la dimension de l’expression. Et ses plats il les mijote longtemps à l’avance, cherchant comment satisfaire le palais de ses invités.
Cette fois-ci il a décidé d’aller chercher dans le répertoire d’« à côté », celui que l’on a oublié ou que l’on n’a même jamais entendu pour beaucoup d’entre nous. C’est parti pour vingt chansons exhumées de l’oubli. Juste un coup d’œil dans le rétroviseur pour rappeler une fois encore l’immensité du patrimoine qui nous a été confié. Alors, comme Hervé le fait lui-même en citant le « cimetière des livres oubliés » dans l’Ombre du vent (Carlos Ruiz Zafon), souvenons-nous : une chanson que l’on ne chante plus, est une chanson morte.
Difficile de vous dire ces menus plaisirs offerts par Hervé et son complice, Lucas Lemauff. Le charme indicible de chansons sans queue ni tête, les oniriques, les surréalistes de Prévert et Kosma, Boris Vian ou Lhasa, Brigitte Fontaine, Éric Lareine. Les légères, les coquines d’Yvette Guilbert, Élise Caron et, ô surprise, France Gall ! Les tendrement lyriques, nostalgiques aussi, celles qui nous dessinent des aquarelles, nous font frissonner, pleurer parfois : Ferré, Nougaro, Jonasz, Les Elles, Michel Rivard, François Morel, Albin de la Simone. Celles qui mettent à l’épreuve l’interprète (Pas l’temps de m’ballader d’André Minvielle) ou le pianiste (c’est Lucas Lemauff qui s’y colle !) avec la musique de Jean-Claude Vannier sur l’Aspirateur de Nougaro.
Et c’est avec une grande chanson pas même française que l’on aurait envie de conclure : Gracias a la vida.
Hervé Suhubiette et Lucas Lemauff nous préparent avec deux autres complices musiciens chanteurs, Ferdinand Doumerc et Eugénie Ursch, un rendez-vous avec les chansons d’une autre, et quelle autre ! Ce rendez-vous-là, on ne saurait le manquer : B. comme Fontaine, le 26 novembre à l’Espace Croix-Baragnon, à Toulouse.
À PLUS D’UN TITRE
Le goût des autres, Saison 2
Éric Lareine, Le chialeur – Prévert et Kosma, En sortant de l’école – Boris Vian, La rue Traversière, La rue Watt – Les Elles, Quand je serai vieille – Yvette Guilbert, Partie carrée, Le trou – Michel Jonasz, Les Fourmis rouges – Brigitte Fontaine, Personne – Lhasa, La marée haute – Michel Rivard, L’oubli – François Morel, Hôtel Beaurivage – Claude Nougaro, Berceuse à pépé, L’aspirateur – Violetta Parra, Gracias a la vida – Léo Ferré, La lune – Albin de la Simone, La femme de ma vie – France Gall, Les gens bien élevés – André Minvielle, Pas l’temps de m’ballader – Elise Caron, Je veux m’amuser – Daniel Lavoie, Boule qui roule