Mèche 2021 (© Droits Réservés)
22 décembre 2021, 42ème émission On allume les étoiles sur Troyes Aube Radio, en préparation du concert du 30 janvier organisé par Troyes Chante, au théâtre Le Quai, dans un co-plateau parrainé par Gauvain Sers en compagnie de Frédéric Bobin et de Kent.
On allume les étoiles, avec Mèche
Avec
Camille Dalongeville à la préparation, Fred Castel au micro, Mèche /Clémence Chevreau au téléphone dans le rôle de l’invitée, Alexandre de Michèle à la réalisation, Leonor Bolcatto au générique et indicatifs.
On allume les étoiles, jamais cette émission n’aura porté aussi bien son nom et c’est l’occasion de remercier Leonor Bolcatto pour le générique et l’indicatif empruntés à sa chanson, Les allumeuses d’étoiles… Ce soir, sur l’antenne de Troyes Aube Radio, l’invitée est, sans contestation possible, une allumeuse d’étoiles à quelques heures maintenant de Noël. Cette émission, 42ème du nom, diffusée le mercredi et le samedi à 19 h, le jeudi et le dimanche à 10h, puis disponible en différé, est un cadeau avant l’heure.
Clémence Chevreau, alias Mèche, a répondu à l’invitation de Fred Castel les bras chargés de cadeaux, avec d’abord deux nouvelles chansons, fraîchement sorties du studio et de son ordinateur … Pour le nouveau disque – sans nom pour l’instant – il faudra attendre ! Mèche espère lui trouver un distributeur, souhaite être accompagnée…
Or, ces deux chansons sont des pépites, n’ayons pas peur des hyperboles. La première, diffusée en ouverture de l’émission, est d’une force rare. Elle se nomme La gâchette… A l’écoute de cette voix claire, énergique, de cette guitare électrique et du texte énoncé à la première personne « J’étais figée de sang froid / immobile et le regard droit, rien ne m’aurait arrêtée… », nous n’avons pu nous empêcher de voir surgir et s’entremêler le souvenir de l’interview de Madeleine Riffaut, alias Rainer, de son nom de résistante. Poétesse, ami d’Eluard et de Picasso, le 23 juillet 1944, âgée de 19 ans, elle abattait d’une balle de 7.65 mm, un officier allemand sur un pont de Paris, attendant qu’il se retourne et la regarde pour tirer… On ne saurait trop inviter à écouter cette femme de 97 ans faire le récit de cet épisode et de ce qui s’en suivit.
Nous ne saurons pas au cours de l’émission ce qui inspira cette chanson, mais c’est une nouvelle fois la preuve que, dès qu’elle est diffusée, une chanson échappe à son auteur.e et vit sa vie… Le deuxième titre, dans un tout autre registre, est une invitation à l’écoute, au silence, où la voix s’habille de nuances, délicatesse et mélancolie « Tais-toi si t’es un homme /Ecoute comme tu as tellement à offrir »… Elle s’intitule Un ange passe…
Au micro de Fred Castel, Mèche déroule son histoire, ses premiers pas sur scène dans un conte musical aux côtés d’Anne Sylvestre - son illustre grand-mère, rappelons-le – ses apprentissages avec la Manufacture Chanson il y a dix ans, le choix de la guitare électrique, ses débuts en groupe sous le même nom, ses doutes à peine effleurés sur la place de la scène dans son parcours quand surgissent des chagrins immenses… le rôle de Nathalie Fortin en sa qualité de pianiste et d’arrangeuse. On ne saurait trop souligner en effet combien la Chanson est une grande famille quand prévalent la solidarité et le partage. Ce sera le cas avec la venue de Kent et le parrainage de Gauvains Sers, échappé de sa tournée des zéniths, le 30 janvier à Troyes où elle se produira. Comme ce sera le cas aussi bien sûr ce soir là si elle parvient à réaliser le rêve qu’elle confie : un duo partagé avec Frédéric Bobin.
Fred Castel lui demande ensuite quelle chanson elle a pour habitude de choisir en ouverture de concert, ce qui nous donne à entendre Léopoldine, l’histoire d’une attente vaine… « Il y a mille matins où j’en ai rêvé au milieu du jardin /Il y a mille matins où tu partais la chercher /Mon amour j’ai bien peur qu’il soit trop tard … » et que vous pouvez voir sur la chaîne YouTube enregistrée au Festival Aubercail par Eric Nadot, autre grand acteur et défenseur de la Chanson.
L’émission s’achève sur l’action de Mèche pour la sauvegarde du patrimoine que représentent aujourd’hui les quelque 600 chansons d’Anne Sylvestre. En responsabilité de la direction artistique de l’association, aux côtés de ses deux filles, sa mère et sa tante, elle a à cœur de partager le « trésor qu’elle nous a laissé ». On entend alors sa reprise de Pleure ma terre avec Sébastien Kunz et Nathalie Fortin avant de conclure avec le titre qu’elle a choisi – comme chaque invité.e de cette émission – l’un des derniers enregistrements de sa grand-mère. Avec toi le déluge, accompagnée par Nathalie Miravette au piano, Isabelle Vuarnesson au violoncelle et Chloé Hammond à la clarinette est une immense chanson, un appel à la solidarité qui offre une dimension rare et opportune à une série d’émissions en pleine épidémie :
« On s’accommodera d’avoir besoin des autres / La survie du voisin sera aussi la nôtre /…. On ne se battra plus, Y aura plus de grabuge /Avec toi le déluge / On ne se battra plus, Y aura plus de grabuge /Avec vous le déluge »
Ne manquez pas de regarder l’enregistrement vidéo en studio jusqu’au bout, de l’écouter prononcer « ç’a pas l’air mal. On va écouter alors… » avant de pousser un long soupir, comme après un grand effort.
Peut-être l’occasion aussi d’écouter, comme en écho, un hymne à l’amour cette fois, Le jour où ça craquera, chanson de 1965… « Le jour où ça craquera /Je veux être dans tes bras… Quand, à force de n’y pas croire /Notre monde explosera /Quand se fera la nuit noire /Je veux être dans tes bras… » Tant est cohérent dans son évolution, embrassant toutes les grandes questions humaines, le message laissé par Anne Sylvestre à laquelle la revue Hexagone consacre, fort à propos, son dossier trimestriel de plus de cinquante pages et sa couverture.