Pomme– Consolation– 2022 (©Pomme)
26 août 2022, sortie du 3ème album 12 titres de Pomme
Consolation
Avec
Claire Pommet (textes et musique, chant, piano, guitare) Flavien Berger et Claire Pommet (arrangements, chœurs) Agathe Dupéré (basse) Laurie Torres (batterie, percussions)… liste non exhaustive
Avertissement : Ce texte ne saurait passer pour une chronique. C’est une pure fiction, un jeu d’écriture où se trouvent insérés en caractères gras les 12 titres de l’album et quelques mots, expressions, empruntés ici ou là aux chansons.
1.22 h 51 2. Jardin 3. Dans mes rêves 4. La rivière 5. Nelly 6. Septembre 7. Bleu 8. When ICU 9. Puppy 10. Tombeau 11 Allô 12. B.
Dans tous les cas tu es là…
Je referme le livre. Il me brûle les doigts, le corps et le cœur. Sur la couverture, les lettres du titre dansent sous mes yeux : Putain. Son auteure, Nelly Arcan se raconte… C’est cru, sans tabou. Sa vie d’escort-girl pendant ses études de Lettres. Du sexe tarifé qui la nie, l’ignore… Son corps de femme consommé, consumé… Vite, ne plus y penser… Enfin, essayer.
Heureusement le jardin est à deux pas. Suffit de franchir la porte vitrée. A portée de rêves d’enfance, de rires en farandole. C’est l’été. Je n’hésite pas une seconde, je me jette nue dans le bleu de la piscine comme dans mes rêves. Exactement où ça déborde de mots, d’images constellées d’étoiles, de murmures dans les branches, de ronds dans l’eau de la rivière et de chansons écoutées sous la lune : « When I CU… I love you /More than I can say… »
Je sors de la piscine. Je laisse l’eau ruisseler longuement sur ma peau qui frissonne. Me laver de cette peur immémoriale de femme : putain… Besoin irrépressible d’entendre la voix de B. Sa voix, c’est fou l’effet qu’elle me fait, le meilleur et le pire. J’aurais tant voulu lui dire « Merci pour ça. » J’écoute une fois encore l’album de 73, celui que je préfère, La Louve…
Et je reste là, absente, regardant de temps à autre le livre abandonné sur la table basse, son titre : putain… Même mon brave Puppy paraît s’inquiéter. Le mufle entre ses deux pattes avant, il lève sur moi ses yeux attendris. Je tends la main vers lui et m’entends lui dire : « Ne t’avise pas de me quitter, toi… ». Je ris.
Allez, faut s’arracher à cette torpeur, découdre l’inquiétude de voir arriver trop vite Septembre, l’automne et ses relents de tombeau et de fleurs séchées.
Soudain, la sonnerie du téléphone. Elle interrompt ma mélancolie. « Allô, c’est toi ? Dans tous les cas tu es là… comme un rempart, comme un abri… »
Je tends la main vers le livre, le retourne sur la table basse.
26 août 2022, 22h51. Comme une consolation.