5 et 6 avril 2016 – Qui êtes-vous ?
Sandrine Cabadi (paroles, musique, piano, chant), Julien Vonarb (arrangements, réalisation, guitare), Aurore Pingard (contrebasse), Charles Dubrez (violon, bouzouki irlandais), Hakim Hamadouche (mandoluth), Christophe Barenne (accordéon), Antoine Rognon (basse) Aurélien Ouzoulias et Olivier Portail (batterie), Nicolas Derolin (percussions) et Anthony Arconte (Mixage et mastering)
Sortie de l’album
10 mars 2016 – Concert
pour la sortie de l’album, avec tous les musiciens
Zèbre de Belleville (Paris, 11e)
13 mars 2016 – Invitée d’Hélène Hazera dans Chanson Boum
à minuit sur France Inter
« Novembre 2009, Sandrine Cabadi reçoit le prix du jury d’À Thou bout d’chant, salle incontournable de découverte de la chanson à Lyon.
Mars 2011, elle remporte un franc succès auprès du public lors d’une scène ouverte organisée au Bijou, à Toulouse.
Novembre 2011, elle reçoit le prix de l’UNAC à la 4e édition de La ruée vers l’Aure à Bayeux.
Mars 2012, elle reçoit le prix des cafetiers au Festival de la chanson de café de Pornic.
Auteur et compositrice de son répertoire, elle se réapproprie aussi quelques perles issues du patrimoine de la chanson. Elle est la lauréate 2011 du concours interprètes du Mans cité chanson, avec une version bossa de « Vesoul » de Jacques Brel. »
Avec Sandrine Cabadi, on a bien l’impression qu’il se passe quelque chose dans le monde du disque depuis qu’elle l’a fait entendre. On lit ici et là des chroniques enthousiastes et voilà qu’Hélène Hazera l’invite sur France Culture. C’est dire !
C’est en scène que depuis des années elle s’accroche coûte que coûte à son rêve. De petite scène en petite scène, elle y va de sa goualante derrière son clavier, jamais sans sa casquette, version p’tit gars à qui on ne l’a fait pas, avec sa voix de chanteuse des années 30, des « R » qui roulent jusqu’à vos pieds et leur donnent envie de danser la java !
On l’a connue d’assez près dans cette version-là de fille d’aujourd’hui, descendante directe de Fréhel et Piaf, celles que Barbara aimait tant. On la retrouve ici dans une magnifique interprétation de la chanson d’Aristide Bruant, Saint-Lazare, où le mandoluth apporte une couleur si singulière à cette lettre au pauv’Polyte, celui qui n’est pas bien « caressant ». Elle sait aussi les écrire ces chansons d’un autre temps. Elle nous ramène aux images noir et blanc de Casque d’Or avec cette java Sur le boulevard de Ménilmontant, « Ménilmuch, avec ses agités de la carafe, p’tites pépées, rois de la soif »…
Aujourd’hui donc elle sort un album rouge à pois blancs pour rester dans la note fantaisiste à laquelle elle nous a habitués en scène. Mais du rouge tout de même ! Et ce titre Qui êtes-vous ?, ce tête à tête – presque affrontement — qu’elle propose en image, histoire de bien nous regarder en face, nous « pauvres terriens » et « bons apôtres ». Musicalement c’est une carmagnole d’aujourd’hui qui invite à faire la farandole en chantant « La, la, laï », nous tous qui « [finirons] dans le même tombeau ». C’est musicalement dans ce registre que l’on trouve pour cible « toutes les méthodes exutoires » des marchands d’espoir. Quand rien ne va plus, que la baraka s’est fait la malle (Y’a quelque chose qui n’va pas), quand on fait « des tours et des contours », de marabouts en curés et que l’on atterrit au bistrot du coin. On s’en va chantant « le seul remède c’est de l’amour », et l’on danse au son d’un violon tzigane. C’est à tous aussi, profiteurs, intolérants, méprisants et suffisants de tous poils que s’adresse une autre chanson, Les braves gens en écho à ceux de Brassens.
Mais pourtant on ne saurait réduire l’univers des chansons de Sandrine Cabadi à ces dimensions-là. Elle sait aussi écrire en fille d’aujourd’hui qui ne manque pas de sourire d’elle-même. Elle dit sa « rage passagère » contre ce rêve stupide de petite fille, ce prince charmant mais qui souvent prend la fuite, « mon bocal est vide /Mon poisson a pris la mer » joliment illustré par un solo de violon (Jalouse). C’est aussi le violon qui s’invite sur Le complexe de la trentaine quand « la petite ride se prélasse » ou que « les hormones se rebellent » !
Mais on aime singulièrement un tout autre registre, plus doux, plus évanescent, où domine le piano escorté de la contrebasse à l’archet, où le texte, hermétique parfois, se fait impressionniste, offre des images caressantes (Mon karma, Cœur de bois, Mon ange).
En écoutant Sandrine Cabadi, on est pris de l’envie de chanter avec elle, de danser la carmagnole pour se moquer aussi de nos puissants qui servent toujours les mêmes boniments (Que du vent). Mais on s’émeut aussi Quand la nuit descend et qu’ « un éclat de lune suffit à ressusciter l’âme de ceux qui n’ont plus l’énergie de lutter » et c’est sans doute cette chanteuse-là qui nous attache le plus sûrement.