Tom Ship – Domaine Articole - Livre disque 2019 (©Ledomainearticole)

Tom Ship – Domaine Arti­cole – Livre disque 2019 (©Ledo­mai­near­ti­cole)

23 juin 2019, A l‘occasion de la sor­tie du 1er livre disque publié par le Domaine Arti­cole de Cada­len (81), repré­sen­ta­tion de la comé­die musi­cale des ate­liers Musicomédanse

Tom Ship, le marin qui décou­vrit l’horizon

Un conte mari­time et musical

Avec

Fré­dé­ric Blan­chard (Musiques & textes, pia­no, gui­tare, chant) Vir­gi­nie Mou­chel (illus­tra­tions, nar­ra­tion), Fleur Blan­chard (alto, voix), Polo­nie Blan­chard (vio­lon­celle, voix) Léo­paul Bla­chard (trom­bone) et le choeur d’enfants des ate­liers Musicomédanse : 

Eléa Cruz, Jeanne Gen­dron, Marius Gen­dron, Ema Gou­bault, Louise Ins­kip, Sarah Lefèbvre, César Sor­roche, Léa Thomas. 


Domaine Arti­cole – Cada­len (Tarn)

Un soir sans lune, un “vieux loup de mer” sans famille, Pablo Sal­va­dor, découvre devant sa mai­son­nette sur le port un bébé endor­mi au creux d’un panier d’osier. Il le recueille, veillant sur lui toute son enfance. Et ce “grand-père de for­tune” conte sans répit au petit Tom des récits mari­times. Par­mi toutes ces his­toires, la quête de Chris­tophe Colomb fas­cine l’enfant. Un jour, les yeux posés sur l’ho­ri­zon, il se met à rêver de décou­vrir lui aus­si un « Nou­veau Monde »… 

Fré­dé­ric Blanchard 

Tout se passe dans un lieu pro­té­gé des rumeurs de la ville, sans en être bien loin pour­tant, une qua­ran­taine de kilo­mètres de Tou­louse et une ving­taine d’Albi. Tout se passe dans un domaine joli­ment bap­ti­sé « arti­cole »… « La grange et l’é­table qui abri­taient naguère bottes de foin et pai­sibles rumi­nantes, accueillent aujourd’­hui de grandes et de petites per­sonnes, qui viennent décou­vrir ou pra­ti­quer près de l’ha­bi­tat qu’elles se sont choi­si, ou lors de vacances artis­tiques, la musique, le chant, la danse, la comé­die musi­cale… Au gré des ren­contres, d’autres artistes pas­seurs nous font l’hon­neur d’en­ri­chir de leur talent, l’é­ven­tail des pro­po­si­tions. » Avouons, il y a de quoi rêver…

Ici, depuis 2012, on crée sans comp­ter et sur­tout pas ses efforts. On accueille des artistes, musi­ciens, dan­seurs, chan­teurs, à com­men­cer par « Chan­tons sous les Toits » … Ici on croit dur comme fer aux valeurs du par­tage. Et croyez-moi, on y met bien du talent et du cœur – enten­dez par là qu’il en faut du cou­rage ! Le lec­teur atten­tif aura vite com­pris que c’est toute une famille qui fait battre le cœur des vieux murs. La relève est assu­rée car la trans­mis­sion y est le maître mot. Pas­ser le témoin pour que ne se tarisse jamais cette joie de jouer d’un ins­tru­ment, de dan­ser, de chan­ter… Et quoi de mieux qu’une comé­die musi­cale pour en rendre compte.

Assis­ter à cette créa­tion de deux adultes, Fré­dé­ric Blan­chard et Vir­gi­nie Mou­chel, de huit jeunes, entre 8 et 16 ans, est de l’ordre du pri­vi­lège. Tout semble avoir été si simple, tant le spec­tacle se déroule sans le moindre accroc, sans la moindre seconde d’hésitation, que l’on par­don­ne­rait pour­tant aus­si­tôt, vu la jeu­nesse des acteurs. Sur la scène – le beau plan­cher dans la grange – pas ques­tion de se lais­ser ten­ter par quelque décor réa­liste. Huit chaises, de vieilles chaises de classe mise au rebut dans les écoles, suf­fi­ront… Car la dra­ma­tur­gie repose uni­que­ment sur le corps et la voix des jeunes acteurs-chan­teurs. Vêtus d’un jean et d’un tee-shirt rayé bleu et blanc cher au monde mari­time, ils com­mencent par se mou­voir dans une cho­ré­gra­phie légère et ample sur les notes du pia­no. Ils répètent ce geste sym­bo­lique de celui qui pointe le doigt vers le loin­tain et met la main au-des­sus de ses yeux pour voir l’horizon. Le fil conduc­teur de ce spec­tacle, c’est pré­ci­sé­ment cet espace dont il n’est jamais pos­sible de s’approcher et qu’un petit gar­çon rêve­ra pour­tant d’atteindre. Cha­cun, c’est évident, pour­ra don­ner un sens à cette quête d’un impos­sible rêve… Au cours du récit, les chaises seront les acces­soires mobiles des évo­ca­tions, por­tées, balan­cées en cadence, ali­gnées ou pla­cées en cercle… C’est ingé­nieux et sur­tout effec­tué avec grâce et effi­ca­ci­té par les inter­prètes. On pense alors aux chaises en cercle de la cho­ré­gra­phie du Bolé­ro de Ravel par Mau­rice Béjart, à la puis­sance hyp­no­tique de son cercle de danseurs…

Dans cette petite troupe la parole du nar­ra­teur, celle des per­son­nages, cir­cule sans que jamais l’un des acteurs ne prenne l’ascendant sur les autres. Aucun risque de culti­ver un quel­conque vedet­ta­riat. Le pia­niste –chan­teur- gui­ta­riste (et auteur !), Fré­dé­ric Blan­chard, devient à de rares ins­tants ce vieux loup de mer, ce Pablo Sal­va­dor par qui tout arrive… Il a suf­fi qu’un enfant lui tombe du ciel au creux d’un panier d’osier pour que s’ouvre la voie du conte où plus rien n’est impossible.

Nous sommes embar­qués dans cette his­toire qui nous mène de Palos, petite ville d’Andalousie tour­née vers la mer jusqu’au « Grand Large » où s’accomplit l’impossible, le grand bal des étoiles en habit de lumière, pen­dant la nuit la plus longue de l’année, un ven­dre­di 21 décembre… La leçon de cette his­toire appar­tien­dra à cha­cun, tant il est vrai que nous pou­vons à loi­sir inter­pré­ter cette tra­ver­sée… Mais il reste une parole essen­tielle : « Pour atteindre l’horizon, il faut avoir gar­dé ses yeux d’enfants. » A cha­cun de choi­sir le but ultime de sa tra­ver­sée. Elle n’épargne ni la patience – il en faut du temps pour que renaisse « la vieille cara­velle dont plus per­sonne ne vou­lait » – ni les dou­leurs – celle de voir par­tir un petit Tom, deve­nu grand – ni le cha­grin de perdre ceux qui nous ont trans­mis la force de rêver…

Ce conte a cette force d’évocation que l’on accorde à d’autres dans notre sou­ve­nir, à com­men­cer par le si célèbre Petit Prince de St Exu­pé­ry… Tom Ship, le jeune héros, a pris au gré du spec­tacle les traits de César, de Marius (non, non, ce ne sont pas des noms de scène !) de Louise, Sarah et les autres… Ces jeunes comé­diens – chan­teurs lui ont don­né cet accent de véri­té, acquis par leurs heures de répé­ti­tions, par la rigueur de la mise en espace et en voix, par la pas­sion de jouer qui leur est insuf­flée. Ils sont cho­ristes accom­plis, par­fois même solistes, tou­jours avec une jus­tesse qui peut sur­prendre. Pré­ci­sons que la plu­part d’entre eux sont aus­si ins­tru­men­tistes, ce qui peut lar­ge­ment jus­ti­fier la qua­li­té de leur chant.

Alors on com­pren­dra aisé­ment que Fré­dé­ric Blan­chard, « fac­teur » émé­rite de chan­sons et Vir­gi­nie Mou­chel, dan­seuse, met­teuse en scène, aient vou­lu fixé cette aven­ture sur un livre disque. Et c’est un autre bon­heur que de feuille­ter, pour la beau­té des illus­tra­tions aux cou­leurs de l’enfance, de lire et d’écouter… Pour que voyage ce conte ailleurs, plus loin… On sou­haite ain­si une belle et longue tra­ver­sée à Tom Ship, à son his­toire exem­plaire, à ce conte mari­time et musi­cal qui rend hom­mage au goût de l’exploration, à la force des rêves, à la mer, espace infi­ni, aux his­toires, aux musiques, aux chansons…

Pour par­ta­ger le rêve de tous les acteurs de ce pro­jet, pour acqué­rir ce livre –disque, voir quelques images, écou­ter quelques petits bouts de chan­sons, c’est par ici : https://​ledo​mai​near​ti​cole​.wix​site​.com/​l​e​d​o​m​a​i​n​e​a​r​t​i​c​o​l​e​/​e​d​i​t​i​o​n​-​j​e​u​n​e​sse

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