Mon côté Punk– Picaflor – DDC 2018 (© Droits Réservés)

Mon côté Punk– Pica­flor – DDC 2018 (© Droits Réservés)

3 février 2018 – Détours de Chant 2018 – Mon côté Punk

Tour­née du nou­vel album Pica­flor

Avec

Mou­rad Mus­set (chant et gui­tare) Mad­jid Ziouane (chant) Loraine Rit­ma­nic (chant et flute) Karim Arab (Gui­tare) Jes­sie Adjaoud (bat­te­rie) Damien Guis­set (basse) Louis Tho­mas (trom­pette)

Invi­tés : Aldo (flûte tra­ver­sière) Thier­ry Roques (accor­déon) René Lacaille (accor­déon, guitare…)


Théâtre des Mazades (Tou­louse)

Sur la scène du théâtre des Mazades, qui vibra l’an pas­sé d’un concert épique avec Loïc Lan­toine & The Very Big Expe­ri­men­tal Tou­bi­fri Orches­tra, déferlent cette année les rythmes lati­no- rock d’un ensemble tout aus­si fou­traque, « un gros bazar » disaient en 2003 les ini­tia­teurs de Mon côté Punk où Loïc Lan­toine lui-même laisse son empreinte.

Les pro­gram­ma­teurs de Détours de Chant semblent vou­loir ter­mi­ner leur fes­ti­val sur cette note fes­tive, libé­ra­trice, qui vient mettre des cou­leurs écla­tantes sur le gris des jours d’hiver… Comme le font les jour­nées de Car­na­val un peu par­tout dans le monde. Comme le fait le troi­sième mon­dial après Rio de Janei­ro et Venise, celui de Bar­ran­quilla en Colom­bie où le groupe a séjour­né en 2016, en tour­née pour les Alliances fran­çaises. Les chan­sons du nou­vel album sont nées de ce voyage, de cette immer­sion dans des sons qui sont un peu depuis tou­jours pour eux leur image de marque : la diver­si­té, le mélange, la fusion qui appar­tient à la com­po­si­tion même d’un groupe aux influences multiples.

Il semble que, quel que soit le voyage, ce soit un peu tou­jours la même atmo­sphère métis­sée qui se dégage des chan­sons… « Mélo­dies orien­tales, fla­men­co, tan­go déglin­gué, ryth­miques afri­caines, échap­pées tzi­ganes » On y ajou­te­ra cette fois les sono­ri­tés latines, rum­ba, sal­sa, tcha-tcha-tcha, valse aus­si, même « teck­to­nic ». A l’image de cette fille qui « dans un bou­can de tous les diables, lève ses jupes et grimpe sur les tables… fait taire tous les sar­casmes » la musique a tous les droits, d’où qu’elle vienne. Elle met tout le monde d’accord et n’a que faire des styles et des fron­tières. Quand l’un vient à man­quer – en 2015 le groupe perd l’un des siens Fathi Oul­ha­ci -, c’est encore elle qui ramène à l’essentiel même si c’est dur, très dur. Et c’est Karim Arab, sa gui­tare fla­men­ca cette fois, la voix de Loraine Rit­ma­nic qui nous disent, dans la chan­son titre de l’album Pica­flor /​Coli­bri , qu’il n’y a rien d’autre à faire que de conti­nuer sa route. « Finir les refrains et la bière », même si « c’est tout ce que l’on a su faire »… « Le prin­temps suc­cède à l’hiver et l’été fera son che­min, y a plus qu’à se laisse faire »…

Car, si l’on danse et si l’on chante empor­tés par leurs refrains – tout comme le Car­na­val qui ne fait pas dis­pa­raître la misère et les souf­frances – les chan­sons de Mon côté Punk n’occultent pas les réa­li­tés de ce monde. Qu’ils empruntent à Ber­nard Dimey ou à Allain Leprest, ou inter­prètent leurs créa­tions : Les der­niers hommes, Les sirènes, Tom –Tom, Le long des che­mins, ou bien une petite his­toire que l’on ne nous a pas racon­tée dans l’Histoire de France… Dou­leur, humi­lia­tion de l’Algérie en 1945.

Bien enten­du, il ne s’agit pas d’en res­ter là. L’essentiel est dans cette éner­gie qui se dégage de ce concert mené tam­bour bat­tant par Mou­rad Mus­set, tou­jours facé­tieux et géné­reux. La fête atteint son apo­gée quand il en appelle aux invi­tés, Aldo à la flûte tra­ver­sière, Thier­ry Roques à l’accordéon et enfin l’inénarrable René Lacaille, figure emblé­ma­tique de la musique créole de La Réunion. Le public ne lui résis­te­ra pas… Qu’il joue de l’accordéon, de la gui­tare élec­trique, qu’il mette sa pin­cée de sel côté bat­te­rie, per­cus­sions, secouant le Kayamb, qu’il danse, il appelle à la joie d’être là, d’être vivant.

Écou­tons une der­nière fois pour nous en convaincre la flûte tra­ver­sière, la trom­pette qui nous a offert de si vibrants solo… Chan­tons en chœur, au soir de cette der­nière du fes­ti­val 2018 , cette invi­ta­tion à vivre l’instant que l’on ne rever­ra plus :

« On vou­lait pas être les meilleurs, mais juste être ailleurs, sor­tir de nous-mêmes pour rejoindre les autres