Céline Ollivier, Grands Espaces (©Dominique Richon)

Céline Olli­vier, Grands Espaces (© Domi­nique Richon)

13 janvier 2017 – Sortie de l’album de Céline Ollivier, Grands Espaces

avec Céline Olli­vier (Paroles et musiques), en duo avec Alex Beau­pain sur le titre Pour la peine et la par­ti­ci­pa­tion de Mar­tin Gamet, Mathieu Cou­pat, Katel, Mell & Ambroise Boret

« Quand les silences réveillent ce que j’ai de plus pré­cieux, ton rire de dentelle

Je vois plon­ger les goé­lands »

Céline Olli­vier a deux L /​ailes à son nom… Pas de hasard, non … Ce deuxième album, ces chan­sons exigent de lar­guer les amarres, de regar­der vers le large, de suivre le vol des goé­lands… Comme un loin­tain sou­ve­nir du vol de Jona­than Living­ston le goé­land de nos années 70…Peut-être… Pour­quoi pas ? Tant il est vrai que cha­cun de nous écoute un album avec son histoire.

Ici l’amour, ses méandres, ses flots amers, la ren­contre de l’Autre comme essen­tiel défi de nos vies. Comme une terre d’asile, « loin des pluies cita­dines ». Un cadeau : « Les dou­ceurs de ta voix, les nuances de bleu en coton… /​Tu es là.. » Tes lèvres sur mon front :  Superbe hymne à l’amour, ce titre.

« Quelle chance d’être debout ! »

Car on ne sau­rait oublier que cet album contient aus­si le titre tout en déli­ca­tesse, si sub­til dans le flot des mots et des images des vio­lences de novembre 2015. Pour la peine, un duo avec Alex Beau­pain. Un appel à la vie : « Bien sûr que ça vaut la peine qu’on y revienne, toi et moi, nous deux et puis tous ceux qui veillent… Tu ver­ras comme c’est beau… ! Poi­gnant et magnifique.

Mais sans nul doute, c’est avant tout un disque de l’intime, presque du secret. A écou­ter, au creux de la chambre. Au creux de soi. Une voix de femme, jeune, une voix claire, lim­pide, sans osten­ta­tion, qu’accompagnent des sons élec­tro – pop, des gui­tares, ou sim­ple­ment les noires et les blanches d’un pia­no comme dans Tes lèvre sur mon front,  ou Le Rou­leau : « Sors moi du rou­leau /​Aide –moi à quit­ter le large… » 

On ima­gine chez Céline Olli­vier une enfance face à la mer à laquelle elle vien­drait pui­ser à l’envi ses images d’auteur, « Une enfant qui se pose sur les ailes d’un oiseau géant, qui gonfle sa voile … » (Tes ver­tiges) qui lance sans fin son appel au secours, « Hé, ho, toi là … Sors moi du rou­leau /​Aide-moi à quit­ter le large ». Appel à celui, à celle qui tient « la barre haut, le gou­ver­nail » … Enfin, du moins, le croit-on alors. On aime­rait que nos êtres amou­reux puissent être vus, per­çus, lim­pides et nus comme En miroir. Comme dans ce geste, ce trois fois rien, cette main sur l’épaule : « Pas facile de voir comme tu l’auras vou­lu »…(En miroir).

Céline Olli­vier creuse ces inter­ro­ga­tions que crée le besoin de l’autre, cette peur de l’abandon, de la tra­hi­son : Ne t’arrête pas…Ne me laisse pas, qu’est-ce qui m’arrivera … ? (Où je reprends mon souffle). Et ces quan­ti­tés de déchi­rures, de bles­sures, sur l’échiquier du temps et des ren­contres (Le 8 Rouge). Ces ren­dez-vous man­qués dans l’émergence des sou­ve­nirs, « Moi si je t’avais vu pleu­rer /​Comme je t’aurais ser­ré, ras­su­ré… (Rue des Pyré­nées). Comme dans un long pano­ra­mique. La musique se fait légère, dan­sante dans Der­nière bobine : « T’avais pas vu que je dan­sais… » Ou bien encore c’est la gui­tare seule qui escorte Une sai­son, un été « Sous une cha­leur de plomb…C’est long…Sans te don­ner de nom …une semaine à m’étouffer… A prier que tu reviennes… J’ai reçu des mes­sages, des mes­sages, de filles qui n’aiment plus, cher­chant une res­pi­ra­tion… » Der­nier titre de l’album comme un appel lan­cé à l’horizon… La voix fre­donne long­temps, por­tée par la gui­tare élec­trique, la bat­te­rie… Elle s’éteint. Enfin…

Mes mains qui tremblent je les mets sur ma poi­trine /​Et si mon cœur sor­tait de ma poitrine ?… 

Je veux recommencer/​je veux recom­men­cer /​je veux recom­men­cer… (En Miroir)